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« la visite ad limina »
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Ayant eu l’aval de mes médecins, je pars le jeudi 22 novembre pour Rome avec 35 de mes confrères évêques de la grande région Sud-Est et Centre-Est. Je reviendrai le dimanche 2 décembre.
Nous allons à Rome pour ce qu’on appelle « la visite ad limina », tradition vénérable qui remonte formellement au XIVème siècle. C’est un événement ecclésial important, qui a lieu tous les cinq ans.
Visite « ad limina » veut dire : pèlerinage « aux seuils » des tombes de St Pierre et de St-Paul, les « colonnes de l’Eglise ». La première démarche que nous ferons sera d’aller concélébrer près de la tombe de St Pierre. Puis, les jours suivants, nous irons célébrer dans les trois Basiliques majeures, qui sont St-Paul-hors-les-murs, St-Jean-de-Latran et Ste-Marie-Majeure. Nous célébrerons aussi à St-Louis-des-Français. |
Seconde raison de cette visite ad limina, c’est de rencontrer le successeur de St-Pierre aujourd’hui, porteur de l’unité de notre Eglise, le Saint-Père Benoît XVI. Nous aurons deux rencontres avec lui. L’une le jeudi 29, avec l’ensemble des 35 évêques, qui comportera échanges de discours et un dialogue avec le Pape. L’autre le samedi 1er décembre, avec les évêques de la Province (8 plus l’archevêque de Monaco) ; pendant laquelle chaque évêque exprimera brièvement la situation de son diocèse et ensuite de quoi l’audience se prolongera par un échange libre avec le Pape, d’environ une demi-heure sur les questions soulevées les plus importantes.
Pendant ces onze jours, auront lieu aussi des audiences avec chacun des grands services de l’Eglise universelle (les « dicastères » de la « Curie »). Moi-même, avec certains de mes confrères, je dois rencontrer la « Doctrine de la foi », le « Culte divin », l’ « Evangélisation des peuples », le « Clergé », la « Vie consacrée », les « Evêques », les « Laïcs », « Justice et Paix », la « Santé », la « Nouvelle évangélisation », le « Patrimoine culturel »… Un programme bien chargé ! Etant donné mon état de santé, je ferai ce que je pourrai.
Au retour, je vous rendrai compte.
Troisième dimension de cette visite ad limina : l’expression de la collégialité et de la fraternité épiscopale, dans les rencontres multiples que nous aurons, dans la vie ensemble que nous partagerons au Séminaire Français de Rome et surtout chaque jour par la prière des Heures et la célébration eucharistique.
Voyez l’importance ecclésiale d’un tel acte (qui a lieu normalement tous les cinq ans ; mais qui, cette fois-ci a été retardé par la mort de Jean-Paul II (la dernière visite remonte à décembre 2003) et le rythme de Benoît XVI qui doit recevoir ainsi tous les évêques du monde, dont le nombre a augmenté).
C’est l’expression la plus haute qui soit de notre unité d’Eglise.
Je compte sur votre prière, personnelle et communautaire (je souhaite que vous puissiez donner cette intention au cours de la prière universelle du dimanche 25 novembre, fête du Christ-Roi de l’univers !). Vous vous associerez ainsi à cette démarche d’Eglise que je ferai en votre nom.
De mon côté, je vous prends dans ma prière d’évêque, soucieux de l’unité de son peuple et du lien avec l’Eglise universelle. Vous serez mon intention de prière, spécialement au cours des célébrations à St Pierre, à St Paul, à St Jean et à Ste Marie ! A chacune de ces célébrations, nous chanterons le « Credo » qui nous définit comme disciples du Christ en son Eglise. Ne sommes-nous tous entrés par la « Porte de la foi » !
Veuillez croire, chers amis, à toute mon affection et à ma communion dans l’Esprit du Christ qui rassemble l’Eglise et l’envoie dans le monde pour lui annoncer l’Evangile, pour « évangéliser dans l’Amour » !
+ François-Xavier LOIZEAU,
Evêque de Digne, Riez et Sisteron
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Hier, (2 décembre), j’arrivais de Rome. Les « ailes » de l’enthousiasme m’ont porté jusqu’à vous !
J’appréhendais pourtant ce séjour d’une dizaine de jours, qui comportait un calendrier
chargé de célébrations et de rencontres en déplacements dans la ville. Grâce à la
compassion de mes confrères évêques et à une organisation de navettes de transport, non
seulement j’ai pu accomplir mon programme mais je l’ai amplifié au fur et à mesure du
séjour. Dieu soit béni !
Des quatre grandes célébrations majeures de notre pèlerinage épiscopal « au seuil
des Apôtres », je garde le souvenir le plus profond, celui qui rejoint la racine de notre foi
ecclésiale. Dans les Basiliques St-Pierre, St-Paul, St-Jean et celle de Ste Marie Majeure,
nous avons chanté notre profession de foi, unis à la vôtre, et prié aux intentions de nos
Eglises, de notre société et de notre monde. L’émotion spirituelle exprimait notre
engagement épiscopal comme successeurs des Apôtres et notre communion entre pasteurs
de l’Eglise ; |
Les deux rencontres avec le Pape Benoît XVI, successeur de l’Apôtre Pierre, sont
venues ensuite comme la conclusion de notre « visite apostolique ».
Une première rencontre (de 45 minutes) où chacun est venu le saluer et pendant
laquelle il y a eu échange de discours : l’adresse de présentation par le Cardinal Barbarin
et l’exhortation du Saint-Père venant conclure les trois rencontres des évêques de France.
Je vous invite instamment à lire ce discours du Pape, très riche de doctrine et très stimulant
pour l’annonce de l’Evangile en notre société. Notre bulletin « Eglise de Digne » de
janvier publiera ce texte (également mis en ligne ici).

La seconde rencontre (de 45 minutes également) le dernier jour de notre présence à
Rome, où les huit évêques de notre Province de Marseille se sont retrouvés seuls avec le
Saint-Père dans un colloque très fraternel malgré le décor impressionnant d’une salle
somptueuse des appartements du Pape et devant un tableau du XVIIIème siècle
représentant la Résurrection du Seigneur. Chacun de nous s’est présenté puis chacun a
posé une question. Le Pape répondait sans apprêt, d’une voix suave mais faible (que je
n’ai pas totalement perçue…), ponctuant son propos souvent théologique de ses mains
fermes. Il y a eu surtout des questions sur des sujets pastoraux qui nous préoccupent.
Quand est venu mon tour de parole, j’ai donné un témoignage sur mon hospitalisation et la
détresse de ne pouvoir exercer correctement mon ministère épiscopal sinon en
surchargeant mes collaborateurs et j’ai cité la phrase de St Jean Chysostome en exil que je
vous avais livrée début octobre. Le Saint Père m’a remercié chaleureusement de mon
témoignage. Il m’a dit qu’il y avait différentes façons d’exercer le ministère épiscopal et il
me donna l’exemple du Pape Jean-Paul II pendant ses séjours à l’hôpital. En quittant la
salle d’audience, Benoît XVI m’a fait un geste d’encouragement que je garde
précieusement dans ma mémoire.
Au programme des journées, nous avions de multiples rencontres possibles. Les
unes plus « protocolaires » : repas à l’Ambassade de France, messe et conférence à St-
Louis des Français, au Séminaire Français, les autres « amicales », par exemple un repas
avec Mgr Michel Berger (originaire de Manosque, depuis 48 ans à Rome comme
spécialiste des Eglises orientales et de l’art byzantin) ou un repas entre évêques de la
Province à « L’eau vive » et un autre avec les séminaristes du Séminaire Français après
une messe avec eux…
Les rencontres avec les « Dicastères » de la « Curie », les grands services
pontificaux de l’Eglise universelle étaient d’une autre importance. Sur 23 rendez-vous
avec les responsables de ces services, il était impossible de tout faire. J’avais choisi d’allerà 8 d’entre eux, j’ai pu en faire 13. Devant chaque service, l’un de nous exposait la
situation de nos Eglises et les défis de l’évangélisation. A partir de là s’établissait un
dialogue franc et cordial. Comme j’avais eu le privilège de vivre déjà 4 visites ad limina
(dont 3 comme secrétaire de la Province de l’Ouest), j’ai vu la différence de ton et de
répliques. Autrefois, les évêques français étaient souvent traités d’incapables devant la
chute des vocations, la sécularisation grandissante… Aujourd’hui, nous étions plutôt
accueillis respectueusement avec nos questions et surtout encouragés dans nos initiatives
d’évangélisation. Par exemple, au Conseil de la Famille, on a félicité la position « la plus
efficace et la plus ecclésiale » de l’Eglise de France devant les questions actuelles ; à la
Congrégation du culte divin : « Nous aimons la France » ; au Conseil pour la Culture :« Les groupes français sont les plus intéressants pour nous » ; à la Congrégation pour les
évêques, « Nous vous sommes reconnaissants pour votre engagement intelligent et
vigoureux ainsi que pour notre réactivité spirituelle dans un contexte difficile »…
Comme mes confrères évêques français, je reviens de cette « visite ad limina »
fortement réconforté dans mon ministère épiscopal vécu pourtant dans un contexte
difficile et éprouvant, mais « nourri d’une Grande Espérance, à la fois solide et hardie »
fondée sur la foi au Christ. En même temps, nous sommes stimulés dans l’engagement de « la nouvelle évangélisation », « qui engage en profondeur les communautés et les
paroisses » et qui est comme un grand courant de fond qui se manifeste dans le monde
entier, « dans une époque où l’un des problèmes les plus graves est celui de l’ignorance de
la pratique religieuse dans laquelle vivent beaucoup d’hommes et de femmes, y compris
des fidèles catholiques… L’Année de la foi veut favoriser la redécouverte joyeuse et le
renouvellement du témoignage de la foi, occasion privilégiée de partager ce que nous
avons de plus cher : le Christ Jésus, Rédempteur de l’homme, Roi de l’univers, principe et
terme de la foi » (cf. discours de Benoît XVI).
Voilà ce que je voulais partager avec vous, mes diocésains, au retour de ces
rencontres fondées sur le témoignage de l’Apôtre Pierre et de son successeur, répondant à
la Parole de Jésus : « Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Luc 22, 32).
Qu’au cours de notre Avent et des années à venir, « la Vierge Marie nous
accompagne dans notre mission » Et «que Dieu vous bénisse ! » , a conclu Benoît XVI !
+ François-Xavier Loizeau, évêque de Digne, Riez et Sisteron
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