Chemin d'Espoir a fêté ses 20 ans mot d'accueil de Mgr Loizeau et l'homélie de Mgr Pontier
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Quelle joie de nous retrouver nombreux pour fêter les 20 années de « Chemin d’espoir » ! Vingt ans : c’est l’âge idéal, dit-on ! Cet anniversaire symbolique reprend les années de jeunesse depuis les origines et ouvre sur les années de maturité ! Les origines sont inscrites dans la dynamique du diocèse de Digne au cours des années 90, une dynamique d’attention particulière envers les personnes blessées par la vie. En 1987, ce sera d’abord l’ouverture du Foyer St-Benoît-Labre, Maison d’accueil pour les personnes sans abri passant à Digne ; un second Foyer sera ouvert en 1995 pour l’accueil des femmes en détresse à la Meyronnette. En 1991, ce sera la fondation de « Lourdes-Cancer-Espérance » avec Marie-Annick Poupart. Et c’est en 1990 que sera créée l’association « Chemin d’espoir » pour l’accueil temporaire, à Digne et à Manosque, de personnes handicapées vivant dans leurs familles, puis en 1995 que sera ouvert le Foyer de l’Ermitage, à Mane, pour l’accueil permanent de jeunes adultes handicapés. A l’origine de « Chemin d’espoir », il y a la volonté commune d’une maîtresse dame au grand cœur, Chantal Grangier, d’un service diocésain de la pastorale de la santé et d’un évêque très sensible aux solitudes des personnes handicapées, Mgr Georges Pontier, évêque de Digne et maintenant archevêque de Marseille, que nous avons grande joie à retrouver aujourd’hui parmi nous. Le synode diocésain, qui eut lieu, sous son impulsion, en 1993-1994, donna son plein soutien à ces œuvres de solidarité chrétienne, qui sont d’origine ecclésiale tout en gardant chacune leur autonomie associative Chantal Grangier sut susciter et entraîner des vocations au bénévolat pour accompagner l’œuvre de « Chemin d’espoir ». Et cela dure depuis vingt années sans discontinuer ! Et cela s’amplifie par la création, en 2009, de l’accueil de jour « Chantal Grangier » dans les locaux de l’association St-Martin ( voir 1er anniversaire ). Et cela durera tant que des bénévoles, anciens et nouveaux, feront un partenariat avec ceux et celles qui, avec leur handicap particulier, sont les premiers acteurs de « Chemin d’espoir ». Nous pouvons les applaudir tous et toutes et partager leurs espoirs et leur espérance même par-delà la mort de Chantal et d’autres encore. Bravo à la présidente et à tous les membres du bureau de l’Association ! Cet anniversaire commence par une messe, au cours de laquelle nous allons porter ensemble, avec le Christ Jésus, « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, qui sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, car il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho en leur cœur » (Vatican II. GS 1). Recevons le message du salut apporté par Jésus, qui sait multiplier les pains pour ceux qui en ont besoin, qui sait guérir les blessures du cœur et pardonner les offenses. Et soyons solidaires, par tous nos gestes et paroles d’amour, envers plus pauvres que nous ! + FX Loizeau, évêque de Digne
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Chemin d’espoir : 20 ans – 6 Juin 2010 Le Brusquet 04 Homélie de Mgr Georges PONTIER A partir de Luc 9, 11-17
L’anniversaire des 20 ans de l’association « Chemin d’espoir » se déroule en ce jour où l’Eglise fête le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur Jésus, l’eucharistie, le corps livré, le sang versé comme nourriture de la foi, comme sacrement de la présence du Seigneur jusqu’à la fin des temps, comme invitation à faire de nos vies des dons. J’ai prié ces jours-ci les lectures de la Parole de Dieu en pensant à notre anniversaire. Je vous partage quelques réflexions.
Voici les disciples avec une foule à nourrir alors que la nuit vient. Leur demande à Jésus est qu’Il les renvoie et que chacun se débrouille pour trouver à manger. « Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. » Et Jésus de leur dire : « Donnez leur vous-mêmes à manger. » Que chacun se débrouille ! Que chacun se débrouille ! …Donnez leur vous-mêmes à manger ! A la naissance de Chemin d’espoir, il y a cette rencontre entre quelques familles ayant de jeunes adultes ou enfants handicapés, soucieux de leur avenir et quelques amis habités par le désir de se soutenir. Il me semble que nous avons vécu quelque chose comme cela : impossible de laisser chacun se débrouiller seul ! Il faut se soutenir, il faut se donner à manger. Et je me souviens de ces nombreuses rencontres chez Chantal et Gérard Grangier, dans la salle de séjour peu à peu trop petite, à partager les besoins, les idées, les projets. Et cet appel intérieur du Seigneur : « Donnez leur vous-même à manger ! » Et de là sont nés les mardis de Manosque et les jeudis de Digne !
Et encore autre chose : « Mais Seigneur nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons et les besoins sont énormes. » Et nous touchions du doigt nos pauvretés ! Comment trouver suffisamment de bénévoles, et de locaux et de soutiens. Alors on élargissait le cercle ! On pourrait en parler à celui-ci, inviter celle-là. Et voilà que des week-ends puis des camps de plusieurs jours ont pu être organisés : Selonnet et ailleurs : que de moments de joie, que de dévouement, de générosité, d’improvisation et de grande joie. Et un groupe de grands jeunes est venu nous aider. Peu à peu déjà le Seigneur accroissait nos cinq pains et nos deux poissons !
Et puis le foyer de vie : jamais nous n’y arriverons ! Contacts avec les foyers de l’Arche, puis le montage administratif, les accords du conseil général, le financement, l’équipe d’encadrement, la disponibilité du couple Michel, de Claude et d’autres, le travail avec les sœurs franciscaines de Mane, et toujours cet appel du Seigneur qui nous relançait:. . « Donnez leur vous-mêmes à manger » On ne peut plus dire : Renvoie les, qu’ils se débrouillent ! Et le foyer fut inauguré !
Et chaque fois ou souvent, dans nos week-ends, nos camps, la place faite au Seigneur, la célébration de l’eucharistie, la prière, le souvenir du Seigneur qui a fait de sa vie un don, qui nous entraîne à sa suite, qui prenait l’offrande de notre disponibilité, de nos engagements et les unissait au sien pour nourrir notre espérance, notre confiance, notre marche en avant ! Après tout lui aussi n’avait eu qu’un corps humain mortel, une trentaine d’années à vivre, des amis fragiles pour inscrire en notre humanité le salut, c'est-à-dire la victoire de l’amour sur l’égoïsme, la bonne nouvelle de la fidélité de l’amour du Père, le désir de Dieu de guérir chacun, le témoignage qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! Et le Père l’a ressuscité et lui a donné de réconforter ceux qui croyaient que la mort et le découragement avaient toujours le dernier mot ! Après la multiplication des pains, les paniers reviennent pleins. Il n’y avait au début que cinq pains et deux poissons. A la fin il y a douze paniers pleins ! Quand on donne on reçoit, quand on se donne, le Seigneur recharge les batteries, il remplit ce qui était vide ! C’est notre expérience : la présence du Seigneur nous réconforte, nous relance, nous redonne le courage de poursuivre !
Oui, mes amis, en ce jour du Saint Sacrement nous commémorons le sacrement de la présence du Seigneur. Il nous redit : prends et mange, bois, ceci est mon corps, mon sang, versé pour vous et pour la multitude ! Vous n’êtes pas seul ! Vous n’êtes jamais seul ! La fécondité de la vie est le fruit de l’amour. L’arbre de vie produit son fruit d’amour ! La croix n’a pas le dernier mot. Dieu y a été greffé en Jésus Christ ! Et désormais il n’y a rien qui ait l’allure de la mort qui ne puisse porter des fruits d’espérance si on se laisse nourrir par l’invitation à aimer, à soutenir, à se faire confiance, à s’abandonner à Dieu.
Alors il n’est pas étonnant que le Seigneur nous ait suggéré ce nom de « chemin d’espoir ». Le chemin de nos vies est imprévisible ! Il est fait de lumière et d’obscurité, de réussites et d’échecs, d’ententes et de réconciliations, de générosité et de disponibilité, de découragement et de persévérance. Mais il était clair pour nous que ce que nous voulions, ce qui nous guidait, c’était qu’il fallait ouvrir un chemin d’espoir, faire briller la lumière qui vient de la fraternité vécue. Et que nous pouvions en avoir l’audace parce que quelqu’un déjà avait eu confiance en l’homme en disant à ses amis : « Donnez leur vous-mêmes à manger. » Et au lieu de se dérober ses disciples avaient porté au Seigneur leurs cinq pains et leurs deux poissons bien insuffisants avec lesquels il avait bien voulu nourrir la foule !
Aujourd’hui nous apportons les 20 ans de l’association mais surtout notre fragile et pauvre générosité. Laissés à nous-mêmes cela est si peu devant tant de besoins. Remis entre les mains du Seigneur il saura faire porter à nos vies des fruits insoupçonnés qui ne feront qu’annoncer la table qu’il nous prépare là où le pain ne manquera plus car il sera tout en tous, lui le Pain de vie, lui le Fils bien aimé, Lui le frère universel, l’ami des petits, des malades et des pauvres. Puissions nous nous nourrir régulièrement de ce pain de vie, pain de sa parole, pain de son corps livré, pain d’une communauté qui vit le partage et la fraternité. Il remplira les paniers de nos vies et nous redira toujours : « Donnez leur vous-mêmes à manger. » Et nous autres, nous le savons, nous remettrons entre ses mains nos désirs d’aimer et de partager. Il saura les faire fructifier ! Qu’Il soit béni. Amen Monseigneur Georges PONTIER
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