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C'est vraisemblablement au cinquième siècle que la
première église de Manosque a été construite
et dédiée à Notre-Dame.
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« Tout porte à croire que la statue actuelle de Notre-Dame
de Romigier commença à être honorée dans
cette église dès l'époque de sa construction,
vers le cinquième siècle et au plus tard, au sixième.
On la dut, sans doute, aux moines de Saint-Victor de Marseille,
ainsi que le sarcophage dans lequel elle fit enfermée lors
de l'invasion des Sarrasins et qui, d'abord, servit d'autel. Ces
religieux, non seulement, paraissent avoir enrichi Manosque de ce
double trésor, mais, de plus, ils paraissent encore l'avoir
dotée de l'édifice lui-même qui les renfermait,
ou du moins avoir concouru à la construction de l'église
qui fit détruite par les sectateurs de Mahomet. »
(Notre-Dame de Romigier, par l'abbé Bousquet, fin
XIXe siècle, p. 6)
Avant la destruction de la ville par les Sarrasins, la vierge
de Manosque était en grande vénération et on
venait en pèlerinage invoquer sa protection. Pour la soustraire
à la profanation des pillards, une âme pieuse enterra
la statue dans un sarcophage en marbre blanc. Revenant dans le bourg
bien des années plus tard, les Manosquins avaient perdu le
souvenir de la statue. La personne qui l'avait ensevelie était
morte et nul ne savait où était cette statue. C'est
un laboureur qui travaillait un champ dans l'enceinte de la ville,
qui vit un jour ses boeufs tomber à genoux et refuser d'avancer.
Alerté par ce fait étrange, on creusa la terre et
l'on découvrit la statue sous un buisson de ronces. Ce sont
ces ronces (les roumi en provençal) qui ont donné
son nom de Romigier à la statue et ensuite à l'église
qui l'abrite.
On ne connaît pas la date exacte de la reconstruction de
l'église de Notre-Dame, mais un texte d'une charte de l'abbaye
de Saint-Victor, dont dépendait cette église, nous
apprend que « le mercredi, 4 des nones de janvier, la 44e
année du règne de Conrad, roi des Allemands ou de
Provence (984) Guillaume, comte de Provence tint ses plaids généraux
devant l'église Notre-Dame de Manosque. »
L'église de Notre-Dame de Romigier
Cet édifice qui a été remanié plusieurs
fois, a été construit à la fin du dixième
siècle sur les ruines de l'église primitive détruite
par les Sarrasins aux environs de l'an 900.
La position géographique de ce sanctuaire au centre de la
vieille ville tend à nous laisser croire que ce lieu a toujours
été le cœur de la ville. Il est probable qu'avant
l'église chrétienne il y avait là le temple
romain et avant lui le temple celtique autour duquel la première
agglomération s'est formée.Plus qu'une église,
cet édifice est considéré comme l'âme
de la ville, le lieu sacré des Manosquins quelle que soit
leur croyance. C'est là qu'est la statue miraculeuse de la
Vierge à l'Enfant Jésus, la Vierge dite « noire
» qui, après restauration, a retrouvé sa polychromie
originelle. C'est vers elle que se tournaient les habitants pour
demander un secours à la Mère de Dieu. C'est aux pieds
de Marie, de la Vierge vénérable, que les consuls
de la ville se prosternaient au nom de tous les Manosquins pour
obtenir la fin d'une guerre, d'une épidémie ou lors
des catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre,
les inondations ou les sécheresses. C'est elle que l'on portait
dans les rues de la ville lors des principales fêtes religieuses.
C'est à elle que s'adressaient les prières, les remerciements
de toute la population manosquine. On lui offrait des bijoux, des
ex-voto, des messes, des cantiques. Elle était, et est toujours,
la patronne des Manosquins. C'est dans cette église que les
événements importants de la vie de la ville se passaient
et pas seulement les événements religieux.
En 984, c'est devant l'église de Notre-Dame que le premier
comte de Provence, Guillaume « le libérateur »
a tenu ses plaids généraux, ses cours de justice.
C'est là aussi qu'en 1211, l'évêque de Gênes,
Maître Thédise, légat du pape, a rendu sa sentence
contre l'établissement de l'organisation communale de Guillaume
IV de Forcalquier.
Cette église a été la « maison de ville
» avant qu'un édifice particulier soit acheté
par les consuls pour cet usage en 1360. Et même après
cette acquisition, c'est dans Notre-Dame que l'on conservait le
coffre contenant les finances de la ville. Lors des événements
révolutionnaires, il est révélateur de cet
état d'esprit qu'en 1794 les femmes de la ville aient interdit
l'entrée de cette église au député anticlérical
Dherbez-Latour, et n'aient pas occupé l'église Saint-Sauveur
pourtant beaucoup plus importante et tout aussi sacrée qu'elle.
Défendre Notre-Dame était défendre la ville
et témoignait d'un sentiment qui dépassait la croyance
religieuse.
Il est normal que cette vénération, cette dévotion
qu'avaient les Manosquins pour l'église de Notre-Dame ait
suscité la jalousie des desservants de l'église Saint-Sauveur.
Plusieurs rencontres entre le chapitre de Forcalquier possédant
Saint-Sauveur et l'abbaye de Saint-Victor de Marseille possédant
Notre-Dame, ont tenté de régler ces rivalités
pour permettre un juste équilibre entre les deux paroisses.
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