
Une charmante petite histoire
des curés de Sigonce
En 1883 le curé de Sigonce s’appelle
Augustin Coullet, et en 1889 Paul Anxionnaz qui laissera son empreinte
dans la paroisse grâce à sa grande culture et sa maîtrise
de la langue provençale dans laquelle il prononçait
ses sermons. Pendant les dix-sept ans de son ministère Sigonce
fut marqué par l’organisation de grandes fêtes
religieuses.
En 1911 l’abbé Ruppert
Mayoly prend dignement la suite et laissera aussi à la paroisse
le souvenir d’une grande érudition. Lui aussi ne prêcha
jamais qu’en lengo nostro et composa de nombreux cantiques
en langue provençale ; il traduira les épîtres
dominicales et fut même co-auteur avec Dom Savié de
Fourvières du fameux dictionnaire Pichot Tresor. Il mourra
avant d’avoir pu achever une œuvre d’histoire locale.
En 1919 arrive le curé Rabon Joseph Vital qui restera jusqu’en
1937 et qui sera le dernier curé en résidence. Le
dernier presbytère se trouvait alors à l’actuelle
maison Dalle. À une époque où les transfusions
sanguines n’étaient pas fréquentes le sergent
Vital, alors à l’armée, reçut en 1918
la médaille d’argent du dévouement. Motif :
S’est prêté volontairement à la transfusion
du sang pour sauver un de ses camarades !
C’est le curé de Fontienne,
Urbain Vidal, qui prendra ensuite Sigonce sous sa coupe. Il venait
en moto dire la messe tous les dimanches à 11 h. De 10 h
30 à 11 h il faisait un peu de catéchisme aux enfants
sur la place de l’église, et à 11 h sonnantes
la « troupe » rentrait en rang par deux aux accents
d’un cantique ! Le curé Vidal était avant tout
un artiste, sculpteur et tourneur sur bois, il avait aussi des connaissances
en mécanique. Au cours de son prêche il parlait un
peu de religion, mais ne pouvait pas s’empêcher de parler
de sa vie de tous les jours, de ses abeilles, de son verger qui
n’avait guère donné cette année…C’était
le bon curé de campagne, très aimé malgré
son abord un peu austère. Bien que la quête du dimanche
soit modique le père Vidal ne manquait pas après la
messe d’acheter une fougasse sucrée à la boulangerie
de Léopold Sube. Une fois la fougasse attachée sur
le porte-bagage de sa moto 147 Monet-Guyon, notre curé retroussait
sa soutane dont il faisait un gros nœud qu’il ramenait
par-devant sur le réservoir. Comme l’engin ne démarrait
pas au quart de tour, c’est alors que les enfants du caté
revenaient encore en scène pour un scénario bien rôdé.
Les pousseurs étaient autant des reteneurs qui profitaient
de l’aubaine pour grignoter à l’occasion de leur
bonne action un bout de la belle fougasse de M. le Curé !
Ah ! les sacrés gamins !
À la mort du bon curé
Vidal, Sigonce fut désormais rattaché à Forcalquier.
Il y eut alors le curé Auguste Teissier avec sa manie de
poser devant lui sa montre gousset afin que ses prêches ne
débordent pas trop ! Puis le curé Jean Savornin, à
la belle voix de baryton, puis son vicaire et cousin Gaston Savornin,
qui fut plus tard vicaire général.
Il faut noter enfin qu’entre 1950
et 1960 Sigonce a eu le privilège de vivre des semaines saintes
dignes d’une grande paroisse. Grâce au père André
Bernard, alors jeune séminariste, toute une joyeuse « bande
» de séminaristes de Lyon venaient en effet animer
chaque année la paroisse pendant la semaine sainte. L’église
était alors toujours pleine. Les enfants étaient pris
en charge par les séminaristes dans la journée avec
des grands jeux, des chants, et des Tintin et Milou projetés
sur grand écran ! Et la population se retrouvait autour des
jeunes clercs pour les saints offices de Pâques. Des semaines
saintes de rêve qui transformaient totalement l’ambiance
du village. Puisse ce temps revenir un jour ! En attendant la vie
continue et nous annonçons que le dimanche 10 avril 2005
aura lieu dans notre église de Sigonce à 10 h 30 la
messe dite des Communautés qui rassemblera toutes les communautés
du secteur de Forcalquier. Une bonne occasion de ranimer la belle
flamme si bien transmise par nos anciens !
(Merci à M. Emile Portigliatti
qui nous a transmis cette belle page d’histoire religieuse
!)
François Marot, curé
de Forcalquier
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