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Tout le monde connaît la maison de retraite de Lou Seren
où vingt-cinq résidents coulent de paisibles jours,
« dorlotés » par un personnel très dévoué
et aussi nombreux qu’eux, au beau milieu d’une communauté
de vingt-six religieuses Trinitaires ! Pour sûr il n’y
a pas de maison mieux nantie dans toute la chrétienté !
Par contre ce qui est moins connu c’est l’origine de
l’ordre religieux auquel appartiennent nos chères sœurs
du Seren. Saviez-vous que l’ordre de la Très Sainte
Trinité a été fondé, au Moyen-Ãge,
par un grand saint de chez nous ? Saint Jean de Matha était
en effet originaire de Faucon-de-Barcelonnette, dans la vallée
de l’Ubaye.
Permettez-moi de vous raconter sa merveilleuse
histoire. Le petit Jean naquit en 1154 dans le village de Faucon.
Son baptême au nom de la Très Sainte Trinité
sera la première marque de sa vocation. Jean grandira
dans un climat de foi profonde, mais alors les temps étaient
durs aussi. Même dans cette vallée reculée
des Alpes on vivait dans la hantise de la captivité.
Des hordes de pillards déferlaient lors de terribles
razzias qui n’épargnaient rien ni personne. Cette
grande souffrance des pauvres sera la seconde marque de sa vocation.
Les hommes en très grand nombre étaient pris en
otages, emmenés au loin, puis échangés
contre rançon. |

La maison natale de Jean de Matha |
« Si papa était pris, aurait dit Jean encore enfant,
j’irais jusqu’au bout du monde pour le ramener. »
Et voici déjà inscrite au cœur de l’enfant
la troisième marque : aller au bout du monde pour sauver
! À l’âge des grands choix, Jean se retire souvent
dans la solitude, et là, tout attentif à Dieu il prie
:
« Seigneur, je crois en toi, Père, Fils et Saint-Esprit,
Souveraine origine de toutes choses, Beauté parfaite et bienheureux
Amour. Trinité Sainte, Dieu de Liberté ! »
Son père désire qu’il soit chevalier et qu’il
parte à la croisade. Jean est indécis. Une devise
latine gravée sur le bouclier donné par son père
le fait réfléchir : « A catenis istis libera
me Domine » : « De ces chaînes libère-moi,
Seigneur ! »
C’est en effet vers une libération spirituelle du monde
qu’il se sent appelé. Le 20 décembre 1192 il
est ordonné prêtre et c’est au cours de sa première
messe qu’il reçoit cette fulgurante illumination :
le Christ lui apparaît tenant par la main deux captifs qu’il
libère. Le signe était clair, Jean consacrerait sa
vie au salut des captifs ! Ils étaient si nombreux à
cette époque ! Dans certaines régions de France c’était
un homme sur trois qui était pris en otage.
Jean partit pour Rome demander l’assentiment du pape Innocent
III. Le saint Père discerna que le doigt de Dieu était
bien là et il revêtit Jean de l’habit des Trinitaires,
blanc marqué de la Croix bleu et rouge :
« Jean, reçois le vêtement blanc de la liberté
des fils de Dieu et travaille avec le Christ à la libération
de tes frères. Le bleu de la Croix te rappelle la Passion
du rédempteur ; le rouge, le feu de l’Esprit Saint
qui te brûle. »
C’est comme des croisés d’un type nouveau que
Jean et ses premiers compagnons s’embarquent, les mains nues,
pour la première croisade de la liberté. Ils mendieront
pour payer la rançon des captifs et s’ils n’ont
pas assez d’argent ils s’engagent à prendre la
place des captifs les plus en péril. Cette croisade de la
liberté et de l’amour connut une expansion extraordinaire,
suscitant générosité et même héroïsme
dans toute la chrétienté. C’est par centaines
de milliers que les captifs furent libérés !
Le 17 décembre 1213 Jean de Matha, apôtre de la Liberté,
pouvait reposer en paix, sa mission accomplie. Ses dernières
paroles furent pour une louange du Dieu d’Amour qui avait
occupé tout son cœur :
« Beauté très parfaite, très bienheureux
Amour, Trinité, Dieu de Liberté ! »
Aujourd’hui les Religieux et religieuses Trinitaires sont
présents dans le monde entier. Ordre contemplatif et apostolique,
les Trinitaires sont au service de toutes les formes actuelles de
solitude et de dépendance, celles qu’engendre inévitablement
le grand âge par exemple.
Voilà pourquoi nos sœurs Trinitaires, avec leur aumônier
le père Antoine, sont si dévouées pour le confort
moral et spirituel de nos petites mamies et du seul papi du Seren
! C’est toujours l’esprit de saint Jean de Matha qui
est à l’œuvre chez nous. Vive la Trinité
Sainte !
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