Le groupe local des Chrétiens
pour l’Abolition de la Torture (ACAT) a reçu
Yves Vecciani, visiteur à la maison d’arrêt
de Digne-les-Bains. Témoignage passionnant de cet enseignant
de formation qui a d’abord été «
écoutant » à SOS Amitié, puis visiteur
à la prison de Luynes et enfin à Digne-les-Bains
où il visite depuis 15 ans.
M. Vecciani décrit d’abord les conditions de
détention. La prison de Digne-les-Bains est une petite
structure : dix cellules et une trentaine de détenus.
L’établissement est vétuste, un ancien
château rénové il est vrai il y a deux
ans. Mais avec trois détenus par cellule la promiscuité
est pénible à supporter. Les prisonniers disposent
de la télévision, d’une bibliothèque
; ils peuvent aussi s’inscrire à des cours scolaires
et aussi travailler en atelier. Il existe un groupe théâtre.
La messe est célébrée tous les samedis
par l’aumônier, le père Stéphane
Ligier. Une infirmière et un psychologue sont attachés
à l’établissement.
Le rôle du visiteur de prison n’est pas facile.
Tout d’abord il n’est pas aisé d’obtenir
l’agrément de l’administration. Une longue
procédure est nécessaire avec une enquête
poussée qui n’aboutit pas forcément à
l’acceptation. Il existe une Association nationale de
visiteurs de prison qui assure une formation avec le soutien
d’un psychologue. En principe ce service est non confessionnel,
mais en pratique il est presque toujours vécu en relation
avec l’aumônerie de la prison.
Savoir écouter le détenu est le rôle
essentiel du visiteur. Le détenu a un immense besoin
de parler et de garder le plus possible un contact avec l’extérieur.
Même si le visiteur ne doit en aucun cas questionner
le détenu sur les raisons de son incarcération,
la plupart du temps celui-ci éprouve le besoin de dire
de lui-même pourquoi il est là. C’est alors
que le visiteur doit, avec beaucoup de discrétion et
de délicatesse, bien dissocier le délinquant
de la personne humaine qui ne se réduit jamais à
ses actes mauvais. Le visiteur peut alors l’aider à
reconnaître sa responsabilité, qui est toujours
une étape de reconstruction, et aussi l’aider
à préparer sa réinsertion à la
sortie. Le visiteur est bien entendu tenu à garder
une discrétion absolue sur ses visites et sur le contenu
de ses conversations avec la personne détenue. Les
visites ont d’ailleurs lieu sans la présence
d’un gardien et peuvent être aussi longues et
aussi fréquentes qu’on le souhaite de part et
d’autre. Le rythme est en général hebdomadaire
ou par quinzaine.
Ce témoignage apporte un éclairage sur un service
dont on comprend mieux dès lors l’importance.
M. Yves Vecciani a parlé de sa belle mission avec beaucoup
de sagesse et de cœur. On a aussi senti que pour accomplir
ce rôle difficile, il se référait souvent
à cette phrase de Jésus dans l’Évangile
:
« J’étais en prison et vous m’avez
visité. »
Père François Marot
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