Choisir suppose
toujours trois choses : bien connaître ce que l’on
va choisir, apprécier si ce que l’on va choisir
est une bonne chose pour soi, ou une mauvaise, faire agir
sa volonté et sa liberté pour mettre en œuvre
ce choix.
Si un de ces éléments manque, il n’y a
pas de choix. Beaucoup de gens croient qu’ils agissent
librement, qu’ils savent choisir. En réalité,
ils ignorent souvent le fond des choses, ils ne réfléchissent
pas assez et ils se laissent guider par les circonstances,
faisant comme tout le monde, se lançant dans une fuite
éperdue en avant.
Être chrétien, est un choix. C’est avoir
entendu l’appel du Christ, l’appel à vivre
l’Évangile dans l’Église et, en
connaissance de cause, avoir décidé d’y
répondre. C’est ce que font l’adulte, quand
il demande le baptême, et la personne baptisée
dans son enfance qui ratifie son baptême, en prenant,
sa place dans l’Église et en s’unissant
à sa prière.
Chrétiens, nous avons choisi de vivre
conformément à l’Évangile. Pour
vivre un peu plus la sainteté (en reconnaissant sa
difficulté à le faire), on choisit de venir
à la messe y trouver des forces pour la route, on choisit
de travailler, là où on est, à l’unité
en tout, à l’amour du prochain, au service de
l’autre, comme Jésus l’a fait lui-même.
Beaucoup croient devoir prendre leur distance d’avec
l’Église, l’associant à «
une vielle bouillie moisie » (le constat est de Benoît
XVI, aux JMJ de 2005). C’est que d’abord, ils
ne savent pas, en profondeur, ce qu’est l’Église.
Ensuite, ils jugent qu’elle ne leur convient pas sous
prétexte qu’elle pose des interdits, qu’elle
empiéterait sur leur liberté. Enfin, ils ne
veulent pas y prendre une petite place, sans doute parce qu’ils
pressentent qu’être chrétiens demande un
peu de cohérence de vie et la fidélité
à l’Évangile.
Mais l’Église veut justement nous
apprendre à choisir. C’est vers la vie, la vérité,
la joie, l’éternité, qu’elle veut
nous orienter. En un mot, vers Dieu. Forcément, elle
se doit de dire qu’il y a impasse à aller contre
la vie, à travailler dans le mensonge, à fabriquer
de la tristesse, à nier l’éternité,
à vivre de façon désordonnée ;
en un mot, à mépriser l’homme. Vivre en
Église, c’est recevoir ensemble la parole du
Christ, sans craindre les interdits qu’elle pose, parce
qu’il est vrai que les braver, c’est perdre du
temps. Quand un panneau dit : « Interdit de prendre
ce chemin, pour cause d’éboulement.», c’est
pour éviter à la personne d’avoir à
revenir en arrière lorsque, en prenant ce chemin, elle
aura réalisé qu’il y a un éboulement
et que, de fait, on ne peut pas passer. Il lui reste toujours
la liberté de choisir parmi tous les autres chemins
possibles.
Si donc l’Église donne une parole,
se permet de dénoncer des situations, rappelle qu’il
y a des incohérences à éviter, ce n’est
pas par conservatisme, mais pour nous engager à choisir
l’avenir. « L’Église est conservatrice
de l’avenir » avait dit une fois le regretté
cardinal Decourtray. Le véritable choix s’exerce
toujours en fonction de l’avenir. Et l’avenir,
c’est toujours Dieu. Choisir, c’est entrevoir
l’avenir véritable : le royaume de Dieu, déjà
instauré parmi nous.
Denis Baudot, curé
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