L’Église
a quelque chose à dire.
À la
suite de la loi française de séparation des
Églises et de l’État (datant de 1905 :
2005 est donc l’année de son centenaire), certains
affirment que la religion est désormais une affaire
privée. Suite à un contexte latent d’anticléricalisme,
cette loi visait principalement les catholiques, afin de les
empêcher d’interférer dans la vie publique.
Ceux-ci n’auraient donc aucun rôle à tenir
dans les débats de société et dans le
domaine social. On parle de la laïcité française
comme d’un modèle universel. Mais elle n’est
universelle qu’en France ! Car dans les autres pays,
l’Église est considérée pour elle-même
et n’est pas exclue de la vie de la société.
Si la religion
relève bien d’un choix de la conscience individuelle,
elle n’en appartient pas moins au domaine public. Qu’on
le veuille ou non, elle a une fonction sociale d’unité
: l’homme est un tout et on ne peut arbitrairement faire
abstraction de ses convictions religieuses. C’est ainsi
que régulièrement, dans l’histoire, sont
apparus des conflits entre religion et politique. On constate
que là où les régimes sont peu démocratiques,
la religion joue un rôle important dans la vie des hommes.
Là où la démocratie affirme sa pleine
autonomie, l’Église tend à être
exclue. Certes, par le passé, l’Église
a prétendu avoir le pas sur le politique, mais, heureusement,
ce temps est révolu.
La religion
a incontestablement une fonction de cohésion sociale.
L’Église présente une vision précise
de l’homme (le véritable homme, c’est le
Christ) ; elle a pour fonction de rassembler. Le vingtième
siècle a montré que, quand la religion ne structure
plus la société, ce sont les idéologies
qui occupent le terrain et qui prétendent imposer un
modèle de société. L’idéologie
finit inévitablement par défigurer l’homme,
le réduisant à rien.
Il faut donc
laisser à l’Église la parole, la possibilité
d’assurer la cohésion sociale, de dénoncer
l’individualisme caractéristique de nos sociétés
qui se prétendent modernes. Il faut que l’Église
puisse rappeler l’égalité entre tout homme,
défendre la nécessaire liberté pour tout
individu, redire le bienfait du partage entre les hommes et
les pays. L’Église n’impose pas des règles
de conduite. Elle propose des repères vrais. Si Dieu
était totalement évacué de nos démocraties,
il est à craindre que ce soit aussi la fin de nos démocraties.
Voilà pourquoi, il était intéressant
de redire que l’Europe en construction avait des racines
chrétiennes.
Denis Baudot
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