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  Notre relation avec la nature  
   
 

Cet été, le feu a ravagé les forêts du Var et de tout le sud de l'Europe.

À Cancun pour la conférence mondiale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'aide aux agriculteurs a été au centre des affrontements. La canicule et les catastrophes naturelles posent la question de savoir si elles ne résultent pas du changement climatique que nous provoquons. Tous ces événements touchent notre relation à la nature. En même temps, des milliers de personnes avaient choisi de venir, de toute l'Europe, dans les Alpes-de-Haute-Provence, chez nous, pour y profiter, un moment, d'un environnement de nature.

Depuis quelques mois, la société française est traversée par des débats autour de la relation à la nature et ces débats vont se poursuivre dans les mois à venir. Les chrétiens peuvent y apporter une contribution précieuse, car leur foi en un Dieu créateur éclaire la relation entre l'homme, créature, et ie reste de la création. Inversement, ia nature peut être, pour nos contemporains, un chemin pour admirer et rencontrer le Créateur.

Cet article propose une lecture des rapports de la société avec ia nature, à partir des débats actuels en France et il cherche à montrer sur quel registre l'apport de l'Église catholique peut contribuer à donner du sens à ces rapports. Dans une première partie, c'est le projet de charte de l'environnement qui sera au centre, avec son interpellation vers le développement durable. Un article abordera ultérieurement la réforme de la politique agricole commune (PAC), le développement rural et les incendies de forêts. Enfin nous réfléchirons sur la contribution spécifique que les chrétiens peuvent apporter.


Le projet de charte sur l'environnement

Un débat est actuellement lancé, en France, autour de la charte de l'environnement. Celle-ci a pour vocation de rejoindre, en annexe de la constitution française, les droits de l'homme (clairement compatibles avec le message évangélique, même si leur expression historique a été conflictuelle), et les droits sociaux de 1946 (trouvant un écho dans la doctrine sociale de l'Église).

Dans ce domaine de l'environnement, il y a une première question qui concerne les effets néfastes de ce que l'homme « fabrique » (pollutions, déchets, nuisances) et l'enjeu est de savoir fabriquer des remèdes ou des solutions non polluantes.
Mais il se pose aussi la question de notre relation avec la nature et l'enjeu y est plus profond car il s'agit de choisir le mode de cette relation.

  • Un premier mode consiste à détruire la nature pour satisfaire nos besoins immédiats. Cette attitude est de plus en plus refusée, en France, mais elle reste encore répandue dans le monde.
  • Dans le second mode, la nature est considérée comme une « chose » pour l'adapter à ce que l'homme veut faire, dans une vision anthropocentrique.
    C'est l'exemple de l'agriculture industrielle, des espaces verts urbains, des organismes génétiquement modifiés (OGM) et même des réserves naturelles intégrales, sanctuaires où l'on isole des reliques de nature, à l'abri des actions de l'homme (comme des exceptions qui confirment la règle). C'est la nature à consommer avec modération. L'homme est le maître et il s'agit de maîtriser l'altération de la nature.
  • Avec le troisième mode, nous reconnaissons dans la nature la manifestation d'un déroulement et d'une vie qui nous dépassent, une altérité, l'ouverture à un « autre » qui nous décentre. Notre charte de l'environnement peut alors devenir un partenariat avec la nature, comme certaines civilisations en ont vécu dans l'histoire et comme certaines cultures indigènes tentent encore d'en vivre. La théologie chrétienne de la création peut être précieuse pour éclairer et nourrir une telle attitude (même si elle est un peu en veilleuse dans l'Église de France). Elle peut l'être aussi pour conjurer la tentation inverse de diviniser la nature en évacuant la dimension triangulaire entre Dieu créateur, l'homme créé à l'image de Dieu et la nature confiée à l'homme pour la garder, ia cultiver et l'accompagner vers son achèvement. Certains opposants à la charte voient d'ailleurs dans celle-ci le risque de faire de l'écologisme une religion d'État.
    Ce mode de relation est ressenti intuitivement par une partie de nos contemporains qui expriment leur désir d'aller dans la nature, pas seulement pour se « faire » du bien, mais pour « être » bien.

Dans les quelques mots sur la charte de l'environnement de son intervention du 14 juillet 2003, Jacques Chirac a parlé de « l'évolution de notre propre culture pour y intégrer un plus grand respect de ce qui est notre environnement c'est-à-dire de la nature au sens ie plus large du terme. »
Cette intervention montre d'ailleurs qu'une telle évolution n'est pas gagnée : le président est obligé d'aborder le sujet à l'intérieur d'une réponse sur une autre question, car les journalistes n'ont pas questionné sur ce point ; il souligne lui-même qu'on n'en « parle pas assez dans le monde » ; le journal Le Monde qui rend compte de l'interview le 16 juillet sur une double page et en soulignant quinze points, n'y fait aucune allusion. Ce désintérêt est encore plus frappant quand on constate que dix jours après, la presse était pleine d'articles sur la nature dévastée par les incendies de forêts !

Le débat sur le développement durable

Porteur d'une solidarité, à la fois planétaire et entre les générations, le débat sur le développement durable est prometteur pour l'humanité et pour la construction du royaume de Dieu.
Défini en 1987, « le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs ». Le sommet de la terre de Rio, en 1992, a reconnu, pour l'ensemble de la planète, que ce développement durable devait concilier trois principes : l'efficacité économique, l'équité sociale et entre sociétés, la protection de l'environnement. Ménager la planète et la partager, quel beau chemin vers le royaume de Dieu !

Malheureusement, au niveau des décideurs politico-économiques, i! apparaît une dérive. Les programmes globaux sont tentés de prendre pour objectif la « croissance durable », c'est-à-dire un produit intérieur brut qui augmente sans s'arrêter, le développement durable étant renvoyé à des actions spécifiques, pour atténuer les inconvénients sociaux ou environnementaux d'une telle croissance. C'était très net au colloque « Croissance durable » tenu à la Bourse de Paris le 14 mai 2003.
Toutefois, le Forum européen « Développement durable et entreprise responsable », tenu à Paris les 25 et 26 mars 2003, a montré que certaines entreprises s'engageaient réellement dans des actions de développement durable. Mais de telles actions demandent une régulation à l'échelle mondiale, que les structures politiques actuelles n'assurent pas.

L'enracinement progressif du concept de développement durable est une chance. Mais le monde politique peine à faire les choix qu'appelle le respect envers la nature. Il y a donc encore du chemin pour passer de l'attitude d'utilisateur des ressources de la nature à celle de responsable d'accompagner la création vers son achèvement. La charte de l'environnement pourrait y aider.


Agriculture, espace rural, forêt.

Dieu donna à Salomon une sagesse et une intelligence extrèmement grandes et un cœur aussi vaste que le sable qui est au bord de la mer. Salomon parla des plantes, depuis le cèdre qui est au Liban jusqu’à l’hysope qui croît sur les murs ; il parla aussi des quadrupèdes, des oiseaux, des reptiles et des poissons.
( 1 Rois 5, 9 & 13)

Dans un article précédent, le projet de charte de l’environnement nous a permis de réfléchir à notre relation avec la nature et à notre implication pour un développement durable. D’autres débats actuels viennent éclairer cette question et nous allons en parler aujourd’hui.

Le débat sur la politique agricole commune (PAC)

La réforme de la PAC, qui vient d’être adoptée par l’Union européenne, fait bouger l’attitude agricole vis-à-vis de la nature. Mais cette réforme heurte profondément la profession agricole française et provoque, pour elle, une révision culturelle déchirante. L’aide européenne n’est plus apportée aux aliments produits mais à l’activité de l’agriculteur. Or, celui-ci avait comme éthique de maîtriser la nature pour la mettre au service des besoins alimentaires de l’homme. La société européenne lui dit aujourd’hui que sa noblesse est de contribuer aux équilibres naturels.

Les nombreuses structures agricoles françaises et leurs dirigeants ont été très marqués par la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) et probablement par une spiritualité qui invitait à produire du pain pour son prochain, avec en arrière fond les restrictions dues à la dernière guerre et le problème de la faim dans le monde. Au delà de certains intérêts financiers réels qui cherchent à maintenir des avantages acquis, il y a, pour beaucoup d’agriculteurs, une révision déchirante de leur échelle de valeurs. L'Église ne peut se désinteresser de cette crise car elle avait, elle-même, contribué à ce que les agriculteurs appuient leur activité de production sur des valeurs professionnelles fortes.

Il est maintenant reconnu que l'aide à l'exportation des produits agricoles des pays développés (plus que l'aide aux agriculteurs eux-mêmes) nuit à l'agriculture des pays en développement. Il faut donc aider les agriculteurs français à comprendre qu'il est plus « noble » (ou plus évangélique) de gérer la création en participant au fonctionnement des équilibres naturels et en permettant à leurs frères citadins d'en bénéficier, que de produire intensivement des denrées au détriment de la nature et d'autres producteurs moins favorisés dans d’autres pays. Cette prise de conscience va s'accélérer par l'évolution des aides financières. Il est important que les chrétiens puissent mettre en lumière combien cette modification peut aider à une meilleure gérance de la Création, afin que l’adhésion des agriculteurs s’appuie sur des valeurs renouvelées et pas seulement sur l’intérêt financier. L’apport du mouvement des chrétiens en monde rural (MCR) peut être précieux.

Les agriculteurs vont donc redevenir, dans les années qui viennent, des acteurs attentifs et professionnels de la gestion de la nature, renforçant le petit noyau des forestiers et des écologues. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, nos agriculteurs y sont peut-être mieux préparés qu’ailleurs. L’obtention récente de l’appellation d’origine contrôlée pour le fromage de Banon est un exemple où la qualité de la production s’appuie sur le respect du terroir et sur le savoir-faire.

Le projet de loi sur les affaires rurales

Mais cette révolution culturelle des agriculteurs va intervenir trop tard pour pouvoir entraîner la société. Les agriculteurs sont maintenant largement minoritaires et leur influence n'est plus déterminante dans le monde rural qui était leur fief. Ce qui était autrefois le ministère de l’agriculture en prend acte avec sa nouvelle appellation « Ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales », montrant que l'agriculture ne suffit plus à représenter à elle seule les affaires rurales. Justement, un projet de loi sur le monde rural est en cours de préparation, pour donner un nouveau contenu et un nouvel élan à la ruralité. Une des mesures envisagées consiste à créer des « zones d’agriculture protégée », pour éviter que, là où elle est nécessaire, l’activité agricole ne soit remplacée par l’urbanisation, la friche ou la forêt. C’est maintenant l’espace rural qui va protéger l’agriculture, plus que l’agriculture n’entraînera le rural.

D’ailleurs, en France, la majorité des ruraux est maintenant constituée de
« citadins » résidant à la campagne ou dans des localités rurales. Il y a là aussi un phénomène mondial : depuis trois ans, l'ensemble du monde comporte plus de 50 % d'urbains. C’est donc à travers une mentalité de citadins que la ruralité choisira son visage : l'espace rural ne sera-t-il qu'une zone de détente ou d'extension des activités citadines, dans un cadre plus verdoyant, bien que bénéficiant moins des services fournis par la société ?

Ou bien la redécouverte de relations profondes avec la nature fera-t-elle de cet espace rural un lieu privilégié pour développer des modes de vie plus
« humains » ? J’ai rencontré dernièrement plusieurs familles qui ont réalisé leur décision de quitter de grandes métropoles pour venir, cette année, s’installer dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un des éléments qui a compté dans leur choix est le désir de vivre et d’éduquer leurs enfants dans une relation quotidienne avec la nature. L'espace rural, par le rôle qu’il joue pour l'eau, l'air, l’alimentation, l’équilibre personnel se redécouvrirait alors comme le berceau, l'écrin, la source des activités humaines. Plus profondément, cet espace pourrait être le révélateur que ces activités s'inscrivent dans une dynamique plus grande qu'elles même. Il nous rappelle que l’homme n’est pas le centre du monde.

Le débat sur les incendies de forêt

J'avais commencé à écrire ces lignes en me disant que ces débats risquaient fort d'être éclipsés, à la rentrée, par les problèmes sociaux et économiques. Et puis, malheureusement, la canicule et les incendies de forêt sont venus remettre le projecteur sur la nature. Nous sommes confrontés à la question : pourquoi tant de forêts ont brûlé ?

  • C’est peut-être parce que notre dispositif de prévention et de lutte est insuffisant pour que, sans risques, nous puissions nous permettre de faire n'importe quoi, n’importe où, n'importe quand.
  • Les incendies ne révèlent-ils pas la vulnérabilité de la nature à des comportements peu respectueux de sa « vie » propre, ayant perdu le souci de gérer la création ?

Le débat, d'assez bonne tenue, qui a eu lieu dans la presse, reflète les réflexions des autorités publiques. Au delà de ce qu'une sécheresse exceptionnelle rend inévitable, comment la collectivité peut-elle gérer activement les espaces naturels, agricoles et forestiers, en continuant à les protéger de la pression des constructions légales ou illégales et en rendant l’ensemble du territoire moins sensible au feu ?
L'idée se fait jour que la nature fait partie de la richesse de ces territoires (d'ailleurs, sa disparition par le feu appauvrit les agents économiques qui vivent du tourisme). Comme certaines stations de ski financent des plantations pour se protéger des avalanches, ceux qui tirent bénéfice de la présence de la forêt méditerranéenne n’auraient-ils pas tout intérêt à en financer une bonne gestion ? Et les agriculteurs, dans le cadre de la nouvelle PAC, devraient pouvoir restaurer de grands pare-feux agricoles, aidés par des financements pour ce qui n'est plus directement rentable. Quand on voit se multiplier la publicité pour l'huile d’olive, on peut penser qu'il ne serait pas idiot de replanter des zones d'oliviers bien entretenues.

Une autre particularité du débat actuel est la progression du concept de « résilience » diffusé à l'occasion des tempêtes de 1999. La résilience est la capacité de la nature à se reconstituer après un traumatisme grave. Face à une catastrophe, la nature n'est pas seulement un objet à protéger ou à reconstituer, c'est un organisme vivant dont on accueille et favorise la reprise de vie.
On peut y trouver une dimension pascale de la création. Je reviens de parcourir professionnellement le massif des Maures. Dans une immensité de cendres, où les troncs noircis des chênes-lièges dressent vers le ciel des branches à l’écorce calcinée, il est impressionnant de voir, sur celles-ci, repousser déjà des rameaux vert tendre. Mais il faudra accueillir ce don de la nature et le compléter par le travail des hommes afin de faire à nouveau un territoire harmonieux et utile.

Les incendies de forêts, qui ont meurtri la Californie, l’état le plus riche du pays le plus riche du monde, ont été éteints par la pluie tombant du ciel ! Il me semble que notre relation avec la nature est encore loin de devenir un sujet mineur.



Quelle contribution l’Église
peut-elle apporter pour donner du sens ?

Vous toutes, œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur :
chantez-le, exaltez-le éternellement !
Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur !
Baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur !
Vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur !
Vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur !

(Daniel 3, 57 & 78-81)

Dans deux articles précédents, l’analyse des débats, en cours dans la société française, a mis en lumière les questions de notre relation avec la nature. Il me semble que ces questions se cristallisent dans l’alternative suivante (forcément caricaturale pour permettre de mieux cerner la question) :

Ou bien : une nature à maîtriser pour notre bien-être
Un premier choix s’offre à nous. Il consiste, sous l’influence de la mentalité citadine majoritaire et des pressions économiques, à considérer la nature comme un simple « instrument » qui produit des ressources renouvelables. Ce serait alors se limiter à réintégrer la nature dans les schémas utilitaires habituels.
Un éventail très ouvert de ressources s’offre effectivement à nous : depuis la qualité de vie ou certains services (tels que la protection des sols ou de l’air), jusqu’aux matières premières ou aux médicaments, en passant par les sensations ou les émotions. Cela justifie alors, bien entendu, de maîtriser cette nature pour qu’elle satisfasse nos besoins. Nous conserverons néanmoins un œil sur la nature sauvage, chaque soir, par la petite lucarne de la météo à la télévision et certains jours nous constaterons qu’elle nous échappe encore lorsque nous seront montrés les effets d’une catastrophe naturelle. La canicule de cet été a prouvé que la France entière pouvait être dramatiquement plongée dans la surprise d’une nature non maîtrisée.

Ou bien : une nature à respecter, avec laquelle nous sommes partenaires.
Un autre choix est possible, celui de réintégrer la nature, comme un partenaire, dans les fondements culturels de la société ; un partenaire que l’on respecte, qui a sa propre raison d’être et pour lequel nous pouvons avoir à ajuster nos comportements. Des intuitions fortes se manifestent dans ce sens, mais elles reposent trop souvent sur des principes encore flous.

Dans ce contexte français, ce dernier article voudrait aider à regarder la contribution de l’Église.

L’apport des courants religieux

Les religions, dont l’Église catholique, dépositaires de théologies de la création, ont leur place dans le débat. Ainsi, Florence Eibl, plaidant pour une écologie chrétienne, écrivait dans La France catholique : il faut « approfondir le trésor qu’est la révélation de Dieu créateur » . Les incendies de forêt de l’été dernier, dans le Sud-Est de la France m’ont conduit, professionnellement, à évaluer les conséquences de ce qu’ils ont produit. Revenant de l’une de ces missions, j’ai rencontré Bruno Frappat, rédacteur en chef de La Croix, et nous avons évoqué ces questions, relatives au respect de la nature. Il m’a confié qu’il lui paraissait primordial que le message de l’Église puisse se faire entendre, à l’heure actuelle, sur deux points particuliers : le respect de l’homme-créature et le respect de la création. Cela me conforte à essayer de clarifier ce qui est en jeu du point de vue de notre foi chrétienne.

Un certain nombre de réalisations ont déjà commencé en ce sens, en voici quelques exemples :

Les évêques de France ont souhaité créer une antenne « Environnement et modes de vie », en lien avec la Commission sociale de l’épiscopat et s’appuyant sur l’expérience de Pax Christi. Cette antenne prépare actuellement un document afin de présenter des repères bibliques, théologiques et spirituels sur la Création, ainsi que des pistes en vue d’aider à préparer des actions concrètes et des célébrations liturgiques. Il sera destiné aux assemblées paroissiales et aux chrétiens.

J’avais déjà rencontré le mouvement Pax Christi en 1995, au colloque de Klingenthal sur la forêt, rassemblant des scientifiques, des représentants des principales religions et des membres de populations indigènes familières de la forêt. Depuis une quinzaine d’années, ce mouvement a créé une commission « Sauvegarde et gérance de la création » pour informer, organiser des rencontres et animer des liturgies autour du thème de la création.

C’est déjà commencer à répondre à la demande de Jean-Paul II, dans sa lettre « Pastorem gregis » qui nous a été présentée dans le précédent numéro d’ Église de Digne : « Le sens profond de l’appel à mondialiser la solidarité concerne également, et de manière urgente, la question de la sauvegarde de la création et celle des ressources de la terre. » Le Pape conclut : « Il faut donc une conversion écologique, à laquelle les évêques apporteront leur contribution en enseignant le rapport correct de l’homme avec la nature. »

Plus largement, des représentants de différentes religions se sont retrouvés cette année, autour du thème « écologie et spiritualité », au Mont-Saint-Michel à l’invitation du W.W.F. J’y participais. Il y a été exprimé que la sauvegarde de l’environnement avait besoin de l’apport des religions. Le directeur de cabinet de la ministre de l’écologie et du développement durable, a désiré se rendre présent de bout en bout, car, au moment de rédiger une charte nationale de l’environnement, il estimait que les religions étaient dépositaires de valeurs et de sens en ce domaine.

Les Églises peuvent s’intégrer au débat parce qu’elles sont porteuses de richesses. C’est une bonne illustration de la laïcité. Effectivement, les religions représentées ont montré qu’elles pouvaient apporter des contributions à ce combat pour mieux gérer la création. Un mois après, des représentants de l’Église catholique des différents pays d’Europe se rassemblaient à Wroclaw, en Pologne, pour échanger sur l’éducation au respect de l’environnement. J’y ai constaté que les catholiques avaient la capacité de contribuer à un tel apport de sens et que certains pays avaient déjà une expérience élargie dans ce domaine : formation scolaire et universitaire sur « foi et environnement », manuels pour l’action des paroisses, célébrations œcuméniques.

Et nous, comment pouvons-nous faire avancer les choses à notre niveau ?
L’existence d’un Dieu créateur qui a désiré et créé la nature avec toutes ses lois, place l’homme dans une relation triangulaire « Dieu – homme – nature ». Cet homme, lui-même créature mais, plus encore, créé à l’image de Dieu. Et cette relation peut éclairer les comportements de notre société vis-à-vis de son environnement. Je ne citerai que quelques exemples :

  • L’admiration à l’égard de Dieu pour les merveilles de sa création peut favoriser un meilleur respect de la nature.
  • Lorsqu’on évoque les changements fondamentaux qui ont lieu dans l’histoire des hommes, la tradition biblique du « germe » qui pousse lentement, comme dans la nature, peut être précieuse pour conjurer la tentation mécaniste de chercher à fabriquer une solution technique immédiate.
  • La tradition du pèlerinage qui conduit à marcher dans la nature vers un but est souvent une expérience spirituelle forte et pas seulement lorsque l’on arrive à destination.
  • La recherche d’exemples de « développement durable » a amené récemment un cabinet de consultants à faire une étude sur un certain nombre de monastères en France. Il a constaté que l’ensemble de ces monastères répondait exactement aux critères du « développement durable » sous ses trois angles : économique, social et environnemental.

On sent bien que, de partout, des initiatives surgissent pour l’environnement. Le diocèse de Digne, particulièrement rural, riche d’un patrimoine de tant de chapelles et d’églises enchâssées dans la nature, ainsi que d’habitants attachés à une relation étroite avec elle, peut certainement avoir un rôle à y jouer.

Jean-Hugues Bartet, diacre

 


 
   
       
   
 
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