Ce 29 mai 2007 à 23 h 20, sur TF1, sera présenté
un documentaire fiction intitulé « Le tombeau
retrouvé du Christ ». Réalisé avec
le cinéaste James Cameron, l’auteur du film à
succès « Titanic », ce documentaire reprend
sous la forme d’une fiction, le déroulement des
recherches qui ont été récemment faites
autour d’un tombeau par un réalisateur canadien,
Simcha Jacobovici. À l’origine de son initiative,
des rumeurs selon lesquelles ce tombeau, découvert
en 1980, renfermerait en particulier une urne sur laquelle
est inscrit « Jésus, fils de Joseph ».
Le film est suivi d’un débat entre Simcha Jacobovici
et Mgr di Falco. Voici quelques éléments de
réflexion publiés sur le site
internet du diocèse de Gap (www.diocesedegap.com)
au sujet de cette découverte.
Il est tout d’abord intéressant de noter que
l’intérêt du cinéaste pour ce tombeau
coïncide avec le succès commercial de nombreux
ouvrages à thème ésotérico-religieux,
tels que le Da Vinci Code, alors que le tombeau était
connu des archéologues depuis vingt-sept ans. Ces derniers
n’avaient apparemment pas jugé nécessaire
d’approfondir la présence de l’urne funéraire
d’un certain « Jésus, fils de Joseph »,
cette inscription n’étant pas rare à cet
emplacement, à quelques kilomètres de Jérusalem.
La curiosité de Simcha Jacobovici a été
suscitée par la présence, dans le même
tombeau, d’autres urnes sur lesquelles des graffitis
représentent les noms de Joseph, Marie, Marie-Madeleine,
Jacques, Matthieu et Judas. La mention de ces prénoms,
tous connus dans la Bible, fait ainsi dire au réalisateur
qu’il s’agit du tombeau de la famille de Jésus
: Jésus, « époux » de Marie-Madeleine,
Judas, leur « fils », Jacques, le «
frère »… Sur quoi se base-t-il ? La seule
analyse ADN a permis de montrer que Jésus et Marie-Madeleine
avaient un ADN différent. Simcha Jacobovici en conclut
bien rapidement qu’ils sont mari et femme. Or, aucune
analyse sur ce Judas, leur prétendu fils…
D'autant que cette conclusion repose sur une statistique
douteuse : il y aurait une chance sur six cents pour une telle
concordance de prénoms. Mais des archéologues
se demandent quelles sources de données ont permis
au réalisateur d'établir de telles statistiques
puisqu’en Israël, le nombre de tombes non découvertes
surpasse des millions de fois le nombre des tombes mises à
jour. Par ailleurs, les prénoms de Jésus, Joseph
et Marie-Madeleine étaient très fréquents
à l'époque. Et même si ces statistiques
s'avéraient justes, elles présupposent que Marie-Madeleine
et Jésus sont mariés et que Judas est leur fils.
Or, aucune indication n’est donnée en ce sens,
ni dans la Tradition de l’Église, ni dans aucun
évangile apocryphe.
D’ailleurs, concernant Marie-Madeleine, un problème
survient sur celle qui est ainsi appelée, sans nuance,
par le réalisateur. Pour tous les lecteurs du Da Vinci
Code et d'autres récits du genre, ce nom de «
Marie-Madeleine » fait tilt ; or, sur l'inscription
retrouvée, on a le nom « Mariamne », qui
pourrait se traduire, d'après les archéologues,
« Marie, connue sous le nom de son maître ».
Rien ne dit donc qu'il s'agit là de Marie-Madeleine
des évangiles, d’autant plus que ce même
nom condense la figure de trois femmes : Marie de Magdala,
Marie sœur de Lazare et la femme de Béthanie.
Autre curiosité, ces tombeaux contiennent des inscriptions
en araméen, hébreu et grec ; il est étonnant
que, dans une même famille, on ait ainsi des inscriptions
de langues différentes.
Enfin, la localisation géographique pose question
: si Jésus a été mis au tombeau à
Jérusalem puisqu'il y a été crucifié,
il n'y a aucune raison à ce que Joseph, père
de Jésus, ait été lui aussi enterré
(avant Jésus) à Jérusalem et non à
Nazareth. De même, si Marie-Madeleine et son prétendu
fils Judas ont vécu après la mort de Jésus,
on peut supposer qu’ils seraient retournés à
Nazareth ou du moins sur les bords du Lac, où ils auraient
dû, selon la logique du réalisateur, être
enterrés.
En conclusion, la découverte récente de la
tombe du roi Hérode, par des archéologues qui
ont travaillé dessus pendant une dizaine d’années,
paraît plus sérieuse que celle d’un cinéaste
et d’un réalisateur dont le premier est particulièrement
connu pour ses fictions à succès commerciaux.
En outre, l’évangile est passé au feu
de la critique depuis cent cinquante ans, et son interprétation
dans l'Église, reste le meilleur portrait de Jésus
qui soit recevable aujourd'hui, le plus crédible et
le plus vraisemblable. Mais pour reprendre les propos du pape
Pie XII qui donnait l’autorisation de faire des fouilles
sous la basilique Saint-Pierre où l’on craignait
de ne pas retrouver les restes de saint Pierre, « L’Église
n’a pas peur de la vérité. »
Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque
de Gap
Diocèse de Gap
Tél2PHONE : +33 4 92 51 02 75
episcope@diocesedegap.com
http://www.diocesedegap.com
Skype : providence05000
|