Conclusion de l’homélie
de Mgr Loizeau :
appel aux communautés du diocèse
Madame Françoise Fauconnet-Buzelin,
biographe de Jacques Chastan, nous a aidés à
nous poser cette question : « De cette histoire (de
Jacques Chastan), en bien des points exceptionnelle mais qui
concerne pourtant quelqu’un de chez nous que rien de
particulier, au départ, ne distinguait des autres,
quel enseignement pouvons-nous tirer aujourd’hui, nous
catholiques de l’Église de Digne confrontés
à l’angoisse des églises (souvent fermées)
et des séminaires désertés ? »
(question déjà posée en Église
de Digne, en septembre 2003).
Certes, les temps ont changé depuis
la société chrétienne du dix-neuvième
siècle à notre société sécularisée
et les conditions d’appel de prêtres ou de missionnaires
ne sont plus les mêmes. « Mais il n’en reste
pas moins vrai que, même si les catholiques sont moins
nombreux qu’autrefois, même si la pratique diminue
sensiblement, nous avons cependant toujours besoin de prêtres.
Quelles sont les bonnes, les vraies raisons qui peuvent susciter
les vraies et bonnes vocations que nous espérons ?
Pour ce qui concerne Jacques Chastan la réponse est
claire : c’est, (greffé sur le désir profond
de se donner à Dieu), l’appel authentique, urgent,
vital d’une communauté de croyants » (id.),
celle de sa famille et de sa paroisse d’origine et celle
des chrétiens de Corée demandant des prêtres
au Pape depuis fort longtemps « comme dans une soif
brûlante on désire de quoi se désaltérer,
comme dans un temps de sécheresse on appelle la pluie.
» (lettre adressée au Pape en 1811)
Dans un nouvel élan missionnaire, «
il convient que nous, évêque, prêtres et
diacres, religieux et religieuses, laïcs plus ou moins
engagés dans notre Église ou simples fidèles
en attente de prêtres, nous commencions à nous
interroger sur notre pouvoir d’attraction, sur la force
de notre appel. Regardons un peu nos communautés en
face et demandons-nous honnêtement si elles sont elles
sont en mesure d’exercer une séduction suffisante
sur de jeunes hommes pour motiver aujourd’hui tous les
renoncements qu’exige le sacerdoce sans leur offrir
en retour la moindre reconnaissance sociale de la part d’un
monde de plus en plus indifférent »(id.) mais
cependant en attente d’un souffle spirituel.
À ce questionnement de Madame
Buzelin, une femme engagée dans notre service des vocations,
j’ajouterais, pour ma part, qu’il nous faut aujourd’hui
regarder nos communautés en face, des plus petites
aux plus grandes, afin qu’elles soient toujours plus
des communautés « humbles et fidèles,
fraternelles et joyeuses, ferventes et audacieuses pour donner
aujourd’hui par leur témoignage des signes de
l’Espérance que l’Esprit de Dieu met dans
nos cœurs » (Prière « pour un nouvel
élan missionnaire »). C’est tout l’enjeu
de notre « Nouvel élan missionnaire ».
Au cours des deux années à venir,
nous allons mûrir, dans la prière et la réflexion,
des initiatives à prendre, des « semences »
à répandre, pour rendre telles nos communautés
de proximité afin qu’elles soient « des
fontaines de village, auprès desquelles il fait bon
se désaltérer et trouver des raisons de vivre
et d’espérer », selon cette belle expression
du bon Pape Jean XXIII.
Au cours de ce cheminement commun, que nous
avons commencé depuis un an en diocèse, prenons
et gardons au cœur le témoignage de Saint Jacques
Chastan : c’est une belle et vigoureuse figure de sainteté
engagée qu’il nous faut mieux connaître
pour nous en inspirer. Sa foi intrépide l’a poussé
à « être consacré au Seigneur et
à entrer en possession de son Bien-aimé »,
selon les expressions de sa dernière lettre juste avant
son martyre. Jacques Chastan nous invite à suivre le
témoignage de Jésus, « le bon pasteur
qui a donné sa vie pour ses brebis », lui Jésus
qui fut le « grain de blé tombé en terre
et qui donne beaucoup de fruits ».
+ François-Xavier Loizeau, évêque
de Digne, Riez et Sisteron
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