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Benoît XVI et la sauvegarde de la Création

 
 

Il ne s’est guère passé de trimestre, pour ne pas dire de mois, depuis son pontificat, sans que Benoît XVI ou le Vatican ne fasse une déclaration ou ne prenne une initiative sur l’environnement. Une des dernières est l’annonce, le 5 juin d’un « décalogue de l’environnement » par le Conseil pontifical justice et paix.

 

Benoît XVI a ainsi repris le flambeau allumé par ses prédécesseurs, car les papes et les églises chrétiennes n’ont pas été en retard par rapport à la prise de conscience de la société civile. La première conférence des Nations Unies pour l’environnement a eu lieu à Stockholm, en 1972. Le message envoyé par Paul VI y est lu à l’ouverture de la première séance, alertant déjà l’humanité pour qu’elle substitue le respect de la biosphère à la poussée aveugle du progrès matériel.

 

Jean-Paul II, en 1979, un an après son accession au pontificat, évoque la volonté du Créateur de voir l’homme être en communion avec la nature et non en position d’exploiteur ou de destructeur. Il désigne Saint François d’Assise comme patron des écologistes, sorte de bénédiction à une époque où on les regardait souvent de travers. En 1983, les Eglises anglo-saxonnes animent la rencontre œcuménique mondiale de Vancouver qui associe la sauvegarde de la Création aux valeurs plus familières pour les chrétiens, de paix et de justice.

 

L’important message du 1er janvier 1990 de Jean-Paul II, « la paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création » creuse les enjeux théologiques de l’écologie. Le pape y montre que les atteintes à l’environnement sont une menace pour la paix et que notre crise écologique est d’abord un problème moral. Il appelle à une éducation et à une responsabilité écologique de chacun,  et il exprime aux catholiques « l’obligation grave de prendre soin de toute la création. » Est-ce une simple coïncidence si, à cette même période, celui qui n’est encore que le cardinal Joseph Ratzinger, publie une série de ses sermons sur la Création, pour pallier à « la disparition presque totale du message de la Création dans la catéchèse, la prédication et la théologie. » Et remarquons que ce n’est qu’en 1992 que la conférence de Rio prend une dimension planétaire, lance les agenda 21 pour agir,  et atteint le grand public.

 

En 2002, la déclaration de Venise réunit Jean-Paul II et le patriarche Bartholoméos Ier. Ils invitent chacun à développer une « conscience écologique », « comme responsabilité envers soi-même, envers les autres et envers la création ». Et c’est aux évêques d’Europe que Jean-Paul II écrivait en 2003 : « servir l’évangile de l’espérance veut dire s’engager de manière nouvelle pour un usage correct des biens de la terre, développant l’attention qui, en plus de sauvegarder les habitats naturels, défend la qualité de vie des personnes, afin de préparer pour les générations futures, un monde plus conforme aux projets du Créateur. »

 

Quand, en 2004, le Conseil pontifical justice et paix présente le « Compendium (résumé) de la doctrine sociale de l’Eglise », Jean-Paul II est malade. Le futur Benoît XVI est alors responsable de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Il a eu à examiner ce texte qui introduit un chapitre entier sur « sauvegarder l’environnement. »

 

Le 1er septembre 2006, Benoît XVI, alors élu pape, encourageait la première journée de la sauvegarde de la Création, en Italie : «En dialogue avec les chrétiens des différentes confessions il faut s’engager à prendre soin de la création, sans en dilapider les ressources et en les partageant de façon solidaire».

 

Mais beaucoup ont découvert l’engagement de Benoît XVI, pour l’environnement, par ses paroles du 2 septembre 2007, devant les jeunes italiens, à Lorette : «L'avenir de la planète, sur laquelle sont évidents les signes d'un développement qui n'a pas toujours su protéger les équilibres délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations ». « Avant qu'il ne soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une solide alliance entre l'homme et la terre», avait ajouté le pape à cette occasion. Il a ensuite insisté sur la nécessité d’«inverser les tendances qui risquent de conduire à des situations de dégradation irréversible».

 

La semaine suivante, à Vienne Benoît XVI déclarait : «le Dimanche est dans l'Eglise également la fête hebdomadaire de la création, la fête de la gratitude et de la joie pour la création de Dieu. A une époque où, à cause de nos interventions humaines, la création semble exposée à de nombreux dangers, nous devrions accueillir consciemment cette dimension du Dimanche également.» Le 24 septembre 2007, Mgr Parolin défendait ces préoccupations du Saint-siège au sommet de l’ONU sur les changements climatiques, et tenait à «mettre l’accent sur l’impératif moral que tous, sans exception, ont une grave responsabilité à protéger l’environnement».

 

A la messe de minuit de Noël 2007, Benoît XVI affirme : « l’étable (de Noël) représente la terre maltraitée »… «en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ». Et son message de paix du 1er janvier 2008 insiste : « Il est fondamental de " penser " la terre comme "notre maison commune".» Cela veut dire que «les pays technologiquement avancés doivent revoir leurs habitudes exagérées en matière de consommation d’énergie, liées au modèle actuel de développement. » Chacun est invité à «s'engager(…), dans le but de renforcer l'alliance entre l'être humain et l'environnement, qui doit être le miroir de l'amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons. » 

 

Le Vatican veut montrer l’exemple et s’engage concrètement, lui aussi. Le plus petit État du monde a pour ambition de devenir neutre en émission de carbone. Il n’a sur ses 44 hectares de souveraineté aucune industrie polluante, et il a annoncé, en juin 2007, que des centaines de panneaux solaires photovoltaïques seraient installés, en 2008, sur le gigantesque toit de la salle des audiences, pour fournir l’électricité à la cité du Vatican. Le 5 juillet 2007, il signait le contrat de plantation d’une « forêt climatique du Vatican » en Hongrie, amorçant un «puit de carbone» de 7 000 hectares, afin de compenser les émissions de carbone provoquées par les déplacements du pape et de ses collaborateurs.

 

La journée de la Création, le dimanche, la crèche de Noël, la maison commune, la doctrine, le décalogue, la vie quotidienne du Vatican, comme si Benoît XVI voulait progressivement, en plus d’un approfondissement théologique, renouveler chaque symbole de la vie chrétienne ordinaire en y faisant clairement figurer le respect de la Création, partie prenante de la foi chrétienne.

Jean-Hugues Bartet, diacre permanent

 

 

 
 
 
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