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C'est à Bafia, au Cameroun, que j'écris
ces lignes à l'intention des diocésains de Digne.
Nous sommes le jour de Noël. Hier soir et ce
matin, nous avons célébré la Nativité
du Seigneur Jésus, en communion avec vous dans nos cathédrales
et nos églises, mais ici « à ciel ouvert »,
sous une voûte d'étoiles scintillantes ou sous le soleil
brûlant.
Les cathédrales et églises camerounaises, pourtant
vastes, sont, aux jours de fête, trop petites pour contenir
la foule des catholiques, alors on dresse un podium décoré
de palmes et l'on cherche à s'abriter sous les tecks ou les
terminalia. Les fidèles demeurent impassibles sous le soleil
pendant les lectures, l'homélie et la prière eucharistique,
mais, soudain, ils sont pris de frénésie chantante
et dansante au rythme du tam-tam et des balafons. Au cours de la
procession finale, les mamans se précipitent vers les célébrants
en présentant les bébés dans leurs bras et
leurs aînés dans leurs jupes colorées: elles
demandent un signe de bénédiction. Pas de porte de
sortie! Mais quel bain de foule! Je rends grâces au Dieu incarné,
au Christ inculturé dans la foi de l'Afrique noire !
Quand vous lirez ces lignes, nous aurons vécu
notre célébration dignoise de
« sortie du jubilé » par la « porte de
la mission ». Sous un tout autre climat que celui de l'Afrique,
notre foi s'est inculturée en notre contrée ; elle
bénéficie d'un long héritage religieux qui
a forgé nos valeurs de vie et nos convictions chrétiennes.
Notre foi s'exprime tout autrement que celle des Africains et pourtant
c'est la même foi, la même espérance et le même
amour qui nous animent.
Ici et là-bas, c'est « le même Christ, hier,
aujourd'hui et à jamais », le même Dieu qui nous
a créés et nous a sauvés, le Dieu de Jésus-Christ,
le Dieu fait homme pour que nous devenions tous, blancs ou noirs,
les enfants du même Dieu-Père, les frères du
même Dieu-Sauveur et les temples du même Dieu- Esprit.
Ici et là-bas, en même temps, au cours
de l'année jubilaire, nous avons parlé du troisième
millénaire qui s'ouvre maintenant devant nous. Nous avons
franchi la
« Porte sainte » qui est le Christ, non pas pour nous
réfugier dans nos églises mais pour nous ouvrir toujours
plus au monde qui est là et qui vient, un monde où
la foi chrétienne aura toujours à s'inculturer de
façons diverses, à ciel ouvert, sous les mêmes
étoiles et le même soleil.
La « porte de la mission » est ouverte devant nous !
Avançons donc résolument en ce siècle
et en ce millénaire,
« avec l'assurance et la joyeuse fierté de l'espérance
» (He 3,6),
avec la certitude de foi que « la Parole de Dieu est vivante
et efficace » (He 4,13),
car « nous avons désormais un Grand Prêtre qui
a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu »
(He 4.14).
La « porte du ciel » est ouverte pour nous tous !
+ François-Xavier Loizeau, évêque
de Digne
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