Depuis un an, nous constatons, impuissants, la dégradation de la situation entre les Palestiniens et les Israéliens. L'engrenage des violences, l'enchaînement des représailles criblent un pays qui est cher à nous, judéo-chrétiens. Récemment, Mgr Orchampt a représenté l'épiscopat de France à Jérusalem lors d'une rencontre avec les évêques catholiques et orthodoxes de Terre Sainte et il résumait ainsi ses impressions : climat de peur réciproque, pas d'insécurité, mais surtout climat de désarroi et de désespérance face à l'avenir.

Il y a, en Terre Sainte, 2% de chrétiens appartenant à diverses communautés ; les israélites chrétiens sont d'ailleurs plus nombreux que les Palestiniens chrétiens. L'avenir de ces chrétiens devient une question pour l'Église universelle. Ces chrétiens attendent une aide de nous, leurs frères, pour avoir le courage de se maintenir sur place et d'y garder la présence chrétienne, présence indispensable car elle est souvent médiatrice entre les communautés croyantes.

Un moyen nous est donné de prier et d'aider financièrement la communauté chrétienne de Terre Sainte. Chaque année, la quête du Vendredi Saint est faite à l'intention de cette communauté. Comme évêque de Digne, j'attire particulièrement votre attention sur cette collecte. J'en trouve les motifs dans une recommandation que vient de m'adresser la Congrégation pour les Églises orientales et que je vous soumets :

« Le prolongement de l'état de tension au Moyen-Orient constitue un péril grave et constant non seulement pour la tranquillité et la sécurité de ces populations et pour la paix du monde, mais aussi pour des valeurs très chères à une grande part de l'humanité. Cette Terre bénie est un patrimoine mondial de spiritualité et elle représente, surtout pour le monde chrétien, un bien dont la valeur est inégalable. Les millions de pèlerins qui tous les ans rejoignent les lieux saints le savent bien, Jérusalem mérite une place privilégiée au cœur de chaque croyant.

Mais cette Terre est aussi l'endroit où, à côté des sanctuaires et des lieux saints, se trouve et agit une Église vivante, une communauté de croyants dans le Christ, composée de fidèles qui appartiennent à divers rites avec des traditions qui enfouissent leurs racines dans l'Église primitive. C'est une communauté qui, au cours des siècles, a subi d'innombrables épreuves, et qui risque de s'affaiblir, ces derniers temps, à cause surtout du phénomène de l'émigration.

Elle n'est plus autosuffisante et elle a toujours plus besoin de notre compréhension et de notre aide morale et matérielle, en particulier pour la structure éducative et scolaire ainsi que pour l'assistance prodiguée aux enfants, aux personnes âgées, aux malades, aux handicapés, aux jeunes à la recherche d'un emploi qui leur permette d'espérer en un futur meilleur.

Le recueil de ces aides doit avoir surtout pour but d'engendrer chez les fidèles du monde entier l'amour pour la Patrie commune qu'est la Terre du Seigneur, pour que l'Eglise qui vit là-bas se sente soutenue par la solidarité de toutes les communautés chrétiennes et puisse continuer d'accomplir sa mission. »

La Terre Sainte vit aujourd'hui la Passion du Seigneur. Ne la renions pas !

+ François-Xavier Loizeau, évêque de Digne