Ces jours derniers, j’ai entendu l’interview
d’un père des Missions étrangères de
Paris en mission en Thaïlande. Il était en contact
avec de nombreuses familles qui ont perdu un ou plusieurs des
leurs dans le « tsunami », le raz-de-marée
meurtrier récent. Il disait que, devant ce malheur absolu,
il n’y avait pas de réponse toute faite, pas de «
réponses préfabriquées », mais une
attitude de proximité : elle « fait trouver les mots
» qui peuvent convenir à redonner un peu de sens
quand celui-ci semble annulé. Ainsi, devant des parents
qui pleuraient la disparition de leurs trois enfants et ne voyaient
pas comment « reconstruire leur vie », une parole,
« inspirée » dit-il, lui est venue : «
La maison est détruite en effet, mais les piliers sont
restés » et cette parole a réconforté
ces personnes et leur a ouvert un sens, une espérance…
Le récit de ce père de Thaïlande ne disait
pas quels étaient ces « piliers » qui ont éveillé
l’espérance au cœur des personnes. Sans doute
le pilier de la compassion et de la solidarité manifestées.
Sans doute le pilier de la force de l’amour familial au-delà
de la mort. Sans doute le pilier de la foi… Mais c’est
le secret des cœurs, ces cœurs qui retrouvent espérance
en dépit de tout…
Devant cette catastrophe naturelle de si grande ampleur comme
devant un accident mortel particulier, la raison vacille, la foi
défaille. Nous sommes confrontés radicalement au
mystère du mal, mystère incompréhensible
pour nous. Pas de « réponse préfabriquée
» !
On peut accuser Dieu, dire qu’ « il se fait du tort
» dans cette affaire comme en d’autres ! La réponse
de Dieu n’est pas de s’excuser d’avoir créé
un monde si extraordinaire et si imparfait par nature. La réponse
de Dieu : elle est donnée en son Fils Jésus, «
par qui Dieu a créé les mondes ». L’épître
aux Hébreux que nous lisons ces jours-ci dans la messe
quotidienne, nous le dit : « Puisque les hommes ont une
nature de chair et de sang, Jésus a voulu partager cette
condition humaine… Ayant souffert jusqu’au bout l’épreuve
de sa passion, il peut porter secours à ceux qui subissent
l’épreuve. » Dieu ne s’est pas payé
de mots, il a manifesté sa Parole dans notre humanité
et sa proximité par des actes sauveurs jusqu’en sa
mort acceptée et offerte pour tous !
Ces derniers jours, j’ai dit la messe « en temps
de séisme ». J’y ai trouvé cette prière
adressée à Dieu Père : « Dieu de la
vie, notre Dieu, toi qui veux le bonheur de l’homme, c’est
toi que nous implorons quand les forces de la nature se déchaînent
: qu’elles nous épargnent si c’est possible
et ne fassent pas vaciller notre foi. Par Jésus-Christ,
ton Fils, notre Seigneur. »
Que dire de plus ? Si, peut-être ! On peut ajouter une
autre prière, celle de la messe « pour ceux qui souffrent
de la faim » : « Dieu qui peux tout, même changer
nos cœurs, donne-nous le courage d’aider nos frères
dans le besoin ».
Nous pouvons nous réjouir du grand élan d’aide
internationale : une première dans l’histoire, un
premier acte de mondialisation de la solidarité. À
notre échelle d’Église locale de Digne, nous
pouvons nous joindre, par exemple à l’action à
court et long terme du Secours
catholique-Caritas France ou du Comité
catholique contre la faim et pour le développement.
Nous pouvons aussi nous joindre à l’action que j’ai
promue auprès des enfants du catéchisme : proposition
d’offrir «
un dessin pour un enfant d’Inde du Sud » ; les
dessins seront acheminés par nos sœurs indiennes,
qui sont originaires du Tamil Nadu, une des régions sinistrées.
La reconstruction de la « maison commune » se fera
ainsi sur des piliers solides, ceux de la fraternité humaine
qui s’active et ceux de la foi chrétienne qui ouvre
les fenêtres à l’Espérance malgré
tout.