« Venez à
l’écart vous reposer un peu. »
Mc 6,31
À vous prêtres, mes frères,
Nous sommes peu à peu moins nombreux à pouvoir
assurer le ministère qui nous a été confié
par ordination et par nomination sur notre diocèse. De
plus, les ans pèsent peu à peu sur nos capacités
physiques, même si nous avons toujours autant de cœur
à l’ouvrage. Le besoin de repos se fait peu à
peu pressant et, en même temps, nous nous culpabilisons
parce que nous sommes des hommes généreux dans la
foi à transmettre et à célébrer. Comment
alors nous entraider, frères d’un même presbyterium
uni à votre évêque, pour allier, le plus paisiblement
possible, les engagements et le repos ?
Entre membres du conseil presbytéral réuni les
1 et 2 décembre 2005, nous avons débattu sur cette
question. Et le premier obstacle exprimé fut celui des
« remplacements » pendant les temps de repos.
Comment vais-je me faire remplacer dans mon ministère de
prêtre pendant un jour ou deux jours, une semaine, deux
ou trois semaines de vacances ? Des suggestions ont été
faites qui deviennent pour moi, votre évêque, des
souhaits et demandes, pour mieux assurer ces temps de repos nécessaires
à votre équilibre de vie, à votre santé
physique et spirituelle.
Deux genres de temps de repos sont à envisager.
1- Pour pouvoir prendre des vacances de deux ou trois
semaines à la suite.
Chacun des prêtres isolés cherche et trouve actuellement
parmi les prêtres de sa connaissance ceux qui pourraient
venir passer quelque temps dans la paroisse. Par ailleurs, des
prêtres d’autres diocèses ou de communautés
religieuses proposent leur service. Habituellement ces remplaçants
assurent les célébrations dominicales, parfois un
peu plus, vous les accueillez chez vous, dans un presbytère
libre, dans un gîte, dans une famille ; les chrétiens-relais
du lieu les accompagnent. Nous avons la chance de pouvoir proposer
chez nous des sites agréables et même recherchés
pour temps de vacances.
Ne faudrait-il pas passer parfois des conventions (écrites
ou non-écrites) avec certains prêtres habitués
ou des communautés religieuses sacerdotales pour un service
ministériel plus important (messes en semaine, sépultures,
baptêmes, mariages, fêtes locales) et plus habituel
pendant le temps de vos absences ou pendant des périodes
festives plus chargées (Toussaint, Noël, Pâques)
?
Cela se pratique déjà en certains secteurs mais
d’une façon qui est laissée aux relations
de chacun.
Je souhaite que cette pratique se fasse de façon plus concertée.
Et pour cela, je propose que d’ici mi-février chacun
de vous puisse se mettre en contact avec le vicaire général
pour lui dire ses besoins en renforts. Celui-ci se chargerait
ensuite, en lien étroit avec vous, de chercher tel ou tel
remplaçant pour la période indiquée. Ainsi
en serait-il chaque année.
2- Pour pouvoir prendre un temps de repos hebdomadaire
ou de retraite spirituelle.
La question est plus délicate à envisager et pourtant
il est normal d’y répondre positivement.
On peut demander un remplacement pour telle ou telle célébration.
Deux ou trois prêtres dans le diocèse sont susceptibles
de remplacer presque au pied levé parce qu’ils n’ont
pas de ministère paroissial. On peut s’arranger entre
voisins. Il y a aussi le service des diacres disponibles.
Ce sont les demandes de sépulture qui sont les plus délicates
car l’accompagnement du deuil reste, pour nous, prêtres
et diacres, une priorité. Comme évêque, j’ai
promulgué un décret qui permet aux laïcs d’accompagner
et même de conduire les obsèques.
Je souhaite que l’on tienne compte encore plus de cette
possibilité, comme cela se pratique dans plusieurs secteurs
de notre diocèse. J’avais alors donné comme
une des raisons la nécessité pour les prêtres
de pouvoir se réunir, se former, prier et se reposer.
Je vais plus loin. Après avoir reçu l’avis
du conseil presbytéral, je demande que tous les prêtres
réservent le lundi comme jour de temps libre. Les services
et mouvements diocésains éviteront donc d’organiser
réunion ou formation qui impliquerait la présence
d’un prêtre. Qu’il en soit ainsi dans les paroisses.
J’informerai les entreprises de pompes funèbres en
disant que s’il y a des obsèques le lundi matin,
ce n’est pas un prêtre qui les célébrera.
Vous informerez les familles pour qu’elles comprennent votre
absence et qu’elles n’ont pas à chercher un
autre prêtre. Le lundi, un accueil téléphonique
peut être assuré par transfert chez un chrétien-relais
auquel vous aurez donné vos consignes. Cette pratique du
repos du lundi demande un consensus de notre part. Je la trouve
indispensable dans notre situation actuelle
Cette application entrera en vigueur le premier dimanche de carême,
5 mars 2006.
Nous ferons une évaluation de ces décisions dans
un an, au conseil presbytéral.
Votre repos physique et psychologique ainsi que votre ressourcement
intellectuel et spirituel sont un souci pour moi, votre évêque.
Cela m’engage aussi moi-même. Afin que tous nous soyons
de fidèles et bons serviteurs de Dieu et de son peuple
!
+ François-Xavier LOIZEAU,
évêque de Digne,
le 6 janvier 2006