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Marie, miroir pour l’Eglise
Tel est le titre d’un bel ouvrage du Père Cantalamessa, capucin italien, prédicateur de la Maison Pontificale sous Jean-Paul II et auteur de nombreux ouvrages.
En ce mois de mai qui lui est traditionnellement consacré, toute l’Eglise, chacun de nous, est invité à contempler en Marie, comme dans un miroir, ce que nous sommes appelés à être et à devenir.
Marie est figure et modèle de l’Eglise qui contemple, comme dans un miroir, le parfait et plus bel exemple du disciple. Marie n’est pas hors de l’Eglise : elle en est certes un « membre suréminent et absolument unique », « mais elle se trouve aussi, comme descendante d’Adam, réunie à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut », comme nous le rappelle le Saint Concile de Vatican II. Ce dernier n’a d’ailleurs pas consacré de Constitution particulière à Marie mais il nous en parle dans la Constitution sur l’Eglise. Marie, comme un miroir, réfléchit la lumière qu’elle reçoit du Christ, Lui, la lumière du monde et des hommes, et je vois en Marie le dessein de Dieu sur l’humanité. Marie est une « tablette de cire » (Origène), la plus belle lettre écrite par Dieu dans laquelle je lis ce que le Seigneur veut pour tous ses disciples et qui brille en Marie, la première d’entre nous.
Marie est la beauté parfaite ; en elle, aucune peur, aucun refus ne sont venus troubler l’œuvre de Dieu. Marie est belle de l’amour de Dieu qui n’a trouvé dans son cœur aucune résistance, aucune opacité. La beauté, la grandeur, le privilège de Marie ne sont pas à rechercher en elle-même, dans ses mérites à elle, mais en Dieu. Marie est belle de la beauté et de la grâce de Dieu. Marie peut dire comme l’Apôtre : « Ce que je suis je le dois à la grâce de Dieu et la grâce de Dieu en moi n’a pas été vaine ». Marie est l’icône du projet initial de Dieu sur l’humanité que nous rappelle Saint Paul dans l’épître aux Ephésiens : « Il nous a choisis dès avant la création du monde pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard » (Eph. 1, 4). En Marie, Dieu nous dit : voilà ce que je veux aussi pour toi. En Marie, tout cela s’est réalisé grâce à Dieu en un instant, dès sa conception ; pour nous, il y faut plus de temps, toute une vie sans doute, à travers ombres et lumières mais Marie nous dit, courage, c’est possible, j’en suis la preuve vivante. Car ne pensons pas que pour Marie la vie ait été un long fleuve tranquille ; il a fallu qu’elle consente jour après jour au travail de l’Esprit en elle ; les épreuves ne lui ont pas été épargnées.
Nous sommes tous prédestinés. Non pas que Dieu, par avance ait prévu tous les contours de notre vie et nous dirige du haut du ciel comme des marionnettes ; nous sommes prédestinés par la tendresse de Dieu à devenir ses fils et ses filles. Marie est la prophétie vivante, l’anticipation de ce à quoi nous sommes appelés : à rayonner l’amour, la bonté, la beauté, la lumière de Dieu, à être en sa présence et sous son regard saints et irréprochables dans l’amour, dès la vie de ce monde et pour l’éternité ; car rien, pas même la mort, n’empêchera cette lumière de briller. L’Assomption de Marie nourrit notre espérance : comme elle, nous serons éternellement beaux et jeunes de la beauté et de la jeunesse éternelles de Dieu. Par Marie le Verbe s’est fait chair, en elle il a été façonné à notre image et à notre ressemblance pour nous rappeler que nous sommes, nous, à son image et à sa ressemblance et que notre vocation est d’incarner par toute notre vie cette image et cette ressemblance. Je suis image de Dieu quand j’aime, quand je me donne, quand rien en moi ne fait obstacle à la présence de Dieu. Voilà notre vocation : Refléter l’image et la présence de Dieu, à l’image et à la ressemblance de Marie, n’est-ce pas l’objectif de notre démarche « Pour un nouvel élan missionnaire » ? Mais je ne peux refléter que ce que je reçois. Alors, comme Marie, conservons dans notre cœur les paroles de Dieu, la Parole faite chair, afin de la faire naître dans le monde d’aujourd’hui. Le nouvel élan missionnaire, le nouvel élan de ma vie, ne peut venir que d’une écoute et d’une méditation amoureuses de la Parole de Dieu, que d’une vie vraiment nourrit des sacrements (Eucharistie et Réconciliation), de la méditation évangélique de la vie de Jésus et de Marie (le mois de mai ne pourrait-il pas être une découverte ou redécouverte de la prière du Rosaire ?). C’est cela seulement qui permettra à notre vie d’être une « parole qui se voit », une parole qui interpelle.
Père Christophe Disdier-Chave
Vicaire Général
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