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Message du Saint-Père
aux jeunes du monde
à l'occasion de la vingt-troisième Journée
mondiale
de la jeunesse en 2008
«Vous allez recevoir une force,
celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous.
Alors vous serez mes témoins» (Ac 1, 8)
Chers jeunes,
1. La XXIIIe Journée mondiale de la
jeunesse
Je me souviens toujours avec grande joie des différents
moments que nous avons passés ensemble à Cologne en
août 2005. À la fin de cette inoubliable manifestation
de foi et d’enthousiasme, qui demeure gravée en mon
esprit et en mon cœur, je vous ai donné rendez-vous
pour la prochaine rencontre qui aura lieu à Sydney en 2008.
Ce sera la XXIIIe Journée mondiale de la Jeunesse et elle
aura pour thème: «Vous allez recevoir une force, celle
du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins»
(Ac 1, 8). Le fil conducteur de la préparation spirituelle
pour le rendez-vous de Sydney est l’Esprit Saint et la mission.
Si en 2006, nous nous sommes arrêtés pour méditer
sur l'Esprit Saint comme Esprit de vérité, en 2007
nous avons cherché à découvrir plus profondément
l’Esprit d'amour, pour nous acheminer ensuite vers la Journée
mondiale de la Jeunesse de 2008, en réfléchissant
sur l’Esprit de force et de témoignage, qui nous donne
le courage de vivre l’Évangile et l’audace de
le proclamer. Il est donc fondamental que chacun de vous les jeunes,
dans sa communauté et avec ses éducateurs, puisse
réfléchir sur le Protagoniste de l’histoire
du salut qu’est l'Esprit Saint, ou Esprit de Jésus,
pour parvenir aux buts élevés suivants: reconnaître
la véritable identité de l'Esprit, d’abord en
écoutant la Parole de Dieu dans la Révélation
biblique; prendre conscience lucidement de sa présence continue,
active, dans la vie de l’Église, en particulier en
redécouvrant que l'Esprit Saint se présente comme
“âme”, souffle vital de la vie chrétienne,
grâce aux sacrements de l’initiation chrétienne
– Baptême, Confirmation et Eucharistie; devenir ainsi
capable de mûrir une compréhension de Jésus
toujours plus approfondie et plus joyeuse, et en même temps
de réaliser une mise en pratique efficace de l’Évangile
à l’aube du troisième millénaire. Par
ce message, je veux vous offrir une trame de méditation à
approfondir durant cette année de préparation qui
vous permettra de vérifier la qualité de votre foi
dans l'Esprit Saint, de la retrouver si elle est perdue, de la fortifier
si elle est affaiblie, de la goûter comme compagnie du Père
et du Fils Jésus Christ, précisément grâce
à l’action indispensable de l'Esprit Saint. N’oubliez
jamais que l’Église, et même l’humanité
qui vous entoure et qui vous attend dans l’avenir, compte
beaucoup sur vous les jeunes, parce que vous avez en vous le don
suprême du Père, l'Esprit de Jésus.
2. La promesse de l'Esprit Saint dans la
Bible
L’écoute attentive de la Parole de
Dieu en ce qui concerne le mystère et l’œuvre
de l'Esprit Saint nous ouvre à de grandes et stimulantes
connaissances, qui se résument dans les points suivants.
Peu avant son Ascension, Jésus dit à ses disciples:
«Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a
promis» (Lc 24, 49). Cela s’est réalisé
le jour de la Pentecôte, lorsqu’ils étaient réunis
en prière au Cénacle avec la Vierge Marie. L’effusion
de l’Esprit Saint sur l’Église naissante fut
l’accomplissement d’une promesse de Dieu beaucoup plus
ancienne, annoncée et préparée tout au long
de l’Ancien Testament.
En effet, dès les premières pages, la Bible évoque
l’esprit de Dieu comme un souffle «qui planait au-dessus
des eaux» (Gn 1, 2) et précise que Dieu insuffla dans
les narines de l’homme un souffle de vie (cf. Gn 2, 7), lui
donnant ainsi la vie elle-même. Après le péché
originel, l’esprit vivifiant de Dieu se manifestera sous différentes
formes dans l’histoire des hommes, suscitant des prophètes
pour inciter le peuple élu à revenir vers Dieu et
à observer fidèlement ses commandements. Dans la célèbre
vision du prophète Ézéchiel, Dieu fait revivre
par son esprit le peuple d’Israël, représenté
par des «ossements desséchés» (cf. 37,
1-14). Joël prophétise une «effusion de l’esprit»
sur tout le peuple, dont nul n’est exclu: «Après
cela – écrit l’Auteur sacré –, je
répandrai mon esprit sur toute créature... Même
sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon
esprit en ces jours-là» (3, 1-2).
À la «plénitude des temps» (cf. Ga 4,
4), l’ange du Seigneur annonce à la Vierge de Nazareth
que l’Esprit Saint, «puissance du Très-Haut»,
descendra sur elle et la prendra sous son ombre. Celui qu’elle
enfantera sera donc saint et appelé Fils de Dieu (cf. Lc
1, 35). Selon l’expression du prophète Isaïe,
le Messie sera celui sur qui reposera l’Esprit du Seigneur
(cf. 11, 1-2; 42, 1). C’est précisément cette
prophétie que Jésus reprit au début de son
ministère public, dans la synagogue de Nazareth: «
L'Esprit du Seigneur – dit-il devant ses auditeurs étonnés
– est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré
par l'onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle
aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres,
et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter
aux opprimés la libération, annoncer une année
de bienfaits accordée par le Seigneur» (Lc 4, 18-19;
cf. Is 61, 1-2). S’adressant aux personnes présentes,
il s’appliquera à lui-même ces paroles prophétiques
en affirmant: «Cette parole de l’Écriture, que
vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle
s’accomplit» (Lc 4, 21). Et encore, avant sa mort sur
la croix, il annoncera à plusieurs reprises à ses
disciples la venue de l’Esprit Saint, le “Consolateur”,
dont la mission sera de lui rendre témoignage, d’assister
les croyants, de les enseigner et de les conduire vers la Vérité
tout entière (cf. Jn 14, 16-17. 25-26; 15, 26; 16, 13).
3. La Pentecôte, point de départ de la mission
de l’Église
Au soir de sa résurrection, apparaissant à
ses disciples, Jésus «répandit sur eux son souffle
et il leur dit: “Recevez l'Esprit Saint”» (Jn
20, 22). Avec encore plus de force, l'Esprit Saint descendit sur
les Apôtres le jour de la Pentecôte: «Soudain,
il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent
coup de vent – lit-on dans les Actes des Apôtres –
: toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils
virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait
en langues et qui se posa sur chacun d'eux» (2, 2-3).
L’Esprit Saint renouvela intérieurement les Apôtres,
les revêtant d’une force qui leur donna l’audace
d’annoncer sans peur: «Le Christ est mort et il est
ressuscité!» Libérés de toute peur, ils
commencèrent à parler avec assurance (cf. Ac 2, 29;
4, 13; 4, 29. 31). Ces pêcheurs craintifs de Galilée
étaient devenus de courageux annonciateurs de l’Évangile.
Même leurs ennemis ne comprenaient pas comment «des
hommes quelconques et sans instruction» (Ac 4, 13) pouvaient
faire preuve d’un tel courage et supporter avec joie les contrariétés,
les souffrances et les persécutions. Rien ne pouvait les
arrêter. À tous ceux qui cherchaient à les contraindre
au silence, ils répondaient: «Quant à nous,
il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu»
(Ac 4,20). C’est ainsi qu’est née l’Église,
qui, depuis le jour de la Pentecôte, n’a cessé
de répandre la Bonne Nouvelle «jusqu'aux extrémités
de la terre» (Ac 1, 8).
4. L’Esprit Saint, âme de l’Église
et principe de communion
Mais pour comprendre la mission de l’Église,
nous devons revenir au Cénacle où les disciples restèrent
ensemble (cf. Lc 24, 49), priant avec Marie, la “Mère”,
dans l’attente de l’Esprit promis. C’est de cette
icône de l’Église naissante que toute communauté
chrétienne doit en permanence s’inspirer. La fécondité
apostolique et missionnaire n’est pas d’abord le résultat
de méthodes et de programmes pastoraux savamment élaborés
et “efficaces”, mais le fruit de l’incessante
prière communautaire (cf. Paul VI, Exhort. apost. Evangelii
nuntiandi, n. 75). En outre, l’efficacité de la mission
présuppose que les communautés soient unies, à
savoir qu’elles aient «un seul cœur et une seule
âme» (Ac 4, 32), et qu’elles soient disposées
à témoigner de l’amour et de la joie que l’Esprit
Saint répand dans le cœur des fidèles (cf. Ac
2, 42). Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II écrivait qu’avant
même d'être une action, la mission de l’Église
est un témoignage et un rayonnement (cf. Encycl. Redemptoris
missio, n. 26). C’est ce qui se passait au début du
christianisme, quand les païens, écrit Tertullien, se
convertissaient en voyant l’amour qui régnait entre
les chrétiens: «Voyez – disent-ils – comme
ils s’aiment» (cf. Apologétique, n. 39 §
7).
En concluant ce rapide aperçu sur la Parole de Dieu dans
la Bible, je vous invite à remarquer combien l’Esprit
Saint est le don le plus grand que Dieu fait à l’homme,
et donc le témoignage suprême de son amour pour nous,
un amour qui s’exprime concrètement comme un «oui
à la vie» que Dieu veut pour chacune de ses créatures.
Ce «oui à la vie» prend sa forme la plus accomplie
en Jésus de Nazareth et dans sa victoire sur le mal par la
rédemption. À ce propos, n’oublions jamais que
l’Évangile de Jésus, en raison même de
l’Esprit, ne se réduit pas à une simple constatation,
mais qu’il veut devenir «bonne nouvelle pour les pauvres,
libération pour les prisonniers, retour à la vue pour
les aveugles...». C’est ce qui s’est produit avec
vigueur le jour de la Pentecôte, devenant pour l’Église
une grâce et un devoir envers le monde, sa mission prioritaire.
Nous sommes les fruits de cette mission de l’Église
par l’action de l’Esprit Saint. Nous portons en nous
le sceau de l’amour du Père en Jésus Christ
qu’est l’Esprit Saint. Ne l’oublions jamais, parce
que l’Esprit du Seigneur se souvient toujours de chacun et
qu’il veut, en particulier à travers vous les jeunes,
susciter dans le monde le vent et le feu d’une nouvelle Pentecôte.
5. L’Esprit Saint, «Maître
intérieur»
Chers jeunes, aujourd’hui encore l’Esprit
Saint continue donc à agir avec puissance dans l’Église
et ses fruits sont abondants dans la mesure où nous sommes
disposés à nous ouvrir à sa force rénovatrice.
C’est pourquoi il est important que chacun de nous Le connaisse,
qu’il entre en relation avec Lui et qu’il se laisse
guider par Lui. Mais à ce point, une question surgit naturellement:
qui est l’Esprit Saint pour moi? Pour de nombreux chrétiens
en effet, Il est encore le «grand inconnu». Voilà
pourquoi, en nous préparant à la prochaine Journée
mondiale de la Jeunesse, j’ai voulu vous inviter à
approfondir votre connaissance personnelle de l’Esprit Saint.
Dans la profession de foi, nous proclamons: «Je crois en l’Esprit
Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie; il procède du
Père et du Fils» (Symbole de Nicée-Constantinople).
Oui, l’Esprit Saint, esprit d’amour du Père et
du Fils, est Source de vie qui nous sanctifie, «puisque l'amour
de Dieu a été répandu dans nos cœurs par
l'Esprit Saint qui nous a été donné»
(Rm 5, 5). Cependant il ne suffit pas de le connaître; il
faut L’accueillir comme le guide de nos âmes, comme
le «Maître intérieur», qui nous introduit
dans le Mystère trinitaire, parce que Lui seul peut nous
ouvrir à la foi et nous permettre d’en vivre chaque
jour en plénitude. C’est Lui qui nous pousse vers les
autres, allumant en nous le feu de l’amour, et qui nous rend
missionnaires de la charité de Dieu.
Je sais bien toute l’estime et tout l’amour envers Jésus
que vous, les jeunes, vous portez dans votre cœur et combien
vous désirez Le rencontrer et parler avec Lui. Rappelez-vous
donc que c’est précisément la présence
de l’Esprit en nous qui atteste, qui constitue et qui construit
notre personne sur la Personne même de Jésus crucifié
et ressuscité. Devenons donc familiers de l'Esprit Saint
pour l’être aussi de Jésus.
6. Les sacrements de la confirmation et de
l’eucharistie
Alors, me direz-vous, comment nous laisser renouveler
par l’Esprit Saint et comment grandir dans notre vie spirituelle?
La réponse est, vous le savez, que cela est possible par
les Sacrements, car la foi naît et se fortifie grâce
aux Sacrements, en particulier ceux de l’initiation chrétienne:
le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, qui sont
complémentaires et inséparables (cf. Catéchisme
de l’Église Catholique, n. 1285). Cette vérité
sur les trois Sacrements qui sont à l’origine de notre
être chrétien est sans doute négligée
dans la vie de foi de nombreux chrétiens, pour lesquels ce
sont des gestes accomplis dans le passé, sans incidence réelle
sur le présent, comme des racines sans sève vitale.
Il arrive qu’une fois la Confirmation reçue, des jeunes
s’éloignent de la vie de foi. Il y a également
des jeunes qui ne reçoivent même pas ce sacrement.
C’est pourtant par les sacrements du Baptême, de la
Confirmation et, de manière continuée, par l’Eucharistie,
que l’Esprit Saint nous rend fils du Père, frères
de Jésus, membres de son Église, capables de rendre
un vrai témoignage envers l’Évangile, de goûter
la joie de la foi.
Je vous invite donc à réfléchir sur ce que
je vous écris. Il est particulièrement important aujourd’hui
de redécouvrir le sacrement de la Confirmation et d’en
retrouver la valeur pour notre croissance spirituelle. Que celui
qui a reçu les sacrements du Baptême et de la Confirmation
se souvienne qu’il est devenu «temple de l’Esprit»:
Dieu habite en lui. Qu’il en soit toujours conscient et fasse
en sorte que le trésor qui est en lui porte des fruits de
sainteté. Que celui qui est baptisé, mais qui n’a
pas encore reçu le sacrement de la Confirmation, se prépare
à le recevoir en sachant qu’il deviendra ainsi un chrétien
«accompli», parce que la Confirmation parfait la grâce
baptismale (cf. CCC, nn. 1302-1304).
La Confirmation nous donne une force spéciale pour témoigner
de Dieu et pour le glorifier par toute notre vie (cf. Rm 12, 1);
elle nous rend intimement conscients de notre appartenance à
l’Église, «Corps du Christ», dont nous
sommes tous des membres vivants, solidaires les uns des autres (cf.
1 Co 12,12-25). Tout baptisé peut apporter sa contribution
à l’édification de l’Église en
se laissant guider par l’Esprit, grâce aux charismes
qu’Il donne, car «chacun reçoit le don de manifester
l’Esprit en vue du bien commun» (1 Co 12, 7). Et quand
l’Esprit agit, il apporte dans l’âme ses fruits,
qui sont «amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance,
foi, humilité et maîtrise de soi» (Ga 5, 22).
À ceux d’entre vous qui n’ont pas encore reçu
le sacrement de la Confirmation, j’adresse une invitation
cordiale à se préparer à l’accueillir,
en demandant l’aide de leurs prêtres. C’est une
occasion de grâce toute particulière que le Seigneur
vous offre: ne la laissez pas passer!
Je voudrais encore ajouter une parole sur l’Eucharistie. Pour
croître dans la vie chrétienne, il est nécessaire
de se nourrir du Corps et du Sang du Christ: en effet, nous sommes
baptisés et confirmés en vue de l’Eucharistie
(cf. CCC, 1322; Exhort. apost. Sacramentum caritatis, n. 17). «Source
et sommet» de la vie ecclésiale, l’Eucharistie
est une «Pentecôte perpétuelle», parce
que chaque fois que nous célébrons la Messe, nous
recevons l’Esprit Saint, qui nous unit plus profondément
au Christ et qui nous transforme en Lui. Chers jeunes, si vous participez
fréquemment à la célébration eucharistique,
si vous prenez un peu de votre temps pour l’adoration du Saint-Sacrement,
alors, de la Source de l’amour qu’est l’Eucharistie,
vous sera donnée la joyeuse détermination à
consacrer votre vie à la suite de l’Évangile.
Vous ferez en même temps l’expérience que là
où nous ne réussissons pas par nos propres forces,
l’Esprit Saint vient nous transformer, nous remplir de sa
force et faire de nous des témoins remplis de l’ardeur
missionnaire du Christ ressuscité.
7. La nécessité et l’urgence
de la mission
Bien des jeunes regardent leur vie avec appréhension
et se posent de nombreuses questions sur leur avenir. Et ils se
demandent avec préoccupation: comment nous insérer
dans un monde marqué par des injustices et des souffrances
nombreuses et graves? Comment réagir face à l’égoïsme
et à la violence qui semblent parfois l’emporter? Comment
donner tout son sens à la vie? Comment faire en sorte que
les fruits de l’Esprit que nous avons rappelés précédemment,
«amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance,
foi, humilité et maîtrise de soi» (n. 6), inondent
notre monde blessé et fragile, le monde des jeunes en particulier?
À quelles conditions l’Esprit vivifiant de la première
création et surtout de la seconde création, ou rédemption,
peut-il devenir l’âme nouvelle de l’humanité?
N’oublions pas que plus le don de Dieu est grand – et
celui de l’Esprit de Jésus est éminent –
plus est grand le besoin du monde de le recevoir et donc grande
et passionnante la mission de l’Église d’en donner
un témoignage crédible. Et vous les jeunes, par la
Journée mondiale de la Jeunesse, d’une certaine façon
vous attestez votre volonté de participer à cette
mission. À ce propos, il me tient à cœur de vous
rappeler, chers amis, quelques vérités de base sur
lesquelles méditer. Une fois encore, je vous répète
que seul le Christ peut combler les aspirations les plus intimes
du cœur de l’homme; Lui seul est capable d’humaniser
l’humanité et de la conduire à sa «divinisation».
Par la puissance de son Esprit, Il répand en nous la charité
divine qui nous rend capables d’aimer notre prochain et prêts
à nous mettre à son service. L’Esprit Saint
éclaire, nous révélant le Christ mort et ressuscité;
il nous indique la route pour devenir davantage semblables à
Lui, à savoir pour être «expression et instrument
de l’amour qui émane de lui» (Encycl. Deus caritas
est, n. 33). Et celui qui se laisse guider par l’Esprit comprend
que se mettre au service de l’Évangile n’est
pas une option facultative, parce qu’il perçoit combien
il est urgent de transmettre aussi aux autres cette Bonne Nouvelle.
Cependant, il convient de le rappeler encore, nous ne pouvons être
des témoins du Christ que si nous nous laissons guider par
l’Esprit Saint, qui est «l’agent principal de
l’évangélisation» (Evangelii nuntiandi,
n. 75) et «le protagoniste de la mission» (Redemptoris
missio, n. 21). Chers jeunes, comme l’ont rappelé à
maintes reprises mes vénérés Prédécesseurs
Paul VI et Jean-Paul II, annoncer l’Évangile et témoigner
de sa foi est aujourd’hui plus que jamais nécessaire
(cf. Redemptoris missio, n. 1). Certains pensent que présenter
le précieux trésor de la foi aux personnes qui ne
la partagent pas signifie être intolérants à
leur égard, mais il n’en est pas ainsi, car proposer
le Christ ne signifie pas l’imposer (cf. Evangelii nuntiandi,
n. 80). D’ailleurs, cela fait deux mille ans que douze Apôtres
ont donné leur vie afin que le Christ soit connu et aimé.
Depuis lors, l’Évangile continue à se répandre
au cours des siècles grâce à des hommes et à
des femmes animés par le même zèle missionnaire.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, des disciples du
Christ n’épargnent ni leur temps, ni leur énergie
pour servir l’Évangile. Il faut que des jeunes se laissent
embraser par l’amour de Dieu et qu’ils répondent
généreusement à son appel pressant, comme tant
de jeunes bienheureux et saints l’ont fait dans le passé,
mais aussi à des époques plus récentes. En
particulier, je vous assure que l’Esprit de Jésus vous
invite aujourd’hui, vous les jeunes, à porter la belle
nouvelle de Jésus aux jeunes de votre âge. L’indéniable
difficulté des adultes à rejoindre de manière
compréhensible et convaincante le monde des jeunes peut être
un signe par lequel l’Esprit entend vous pousser, vous les
jeunes, à prendre en charge cette tâche. Vous connaissez
les idéaux, les langages, ainsi que les blessures, les attentes,
et le désir du bien qu’ont les jeunes de votre âge.
S’ouvre à vous le vaste monde des affections, du travail,
de la formation, de vos souhaits, de la souffrance des jeunes...
Que chacun de vous ait le courage de promettre à l’Esprit
Saint d’amener un jeune à Jésus Christ, selon
le moyen qui lui semble le meilleur, en sachant «rendre compte
de l’espérance qui est en lui, avec douceur»
(cf. 1 P 3, 15).
Mais pour atteindre ce but, chers amis, soyez saints, soyez missionnaires,
parce qu’on ne peut jamais séparer la sainteté
de la mission (cf. Redemptoris missio, n. 90). N’ayez pas
peur de devenir des saints missionnaires comme saint François-Xavier,
qui a parcouru l’Extrême Orient en annonçant
la Bonne Nouvelle jusqu’à l’extrémité
des ses forces, ou comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,
qui fut missionnaire sans avoir quitté son Carmel: l’un
comme l’autre sont «Patrons des Missions». Soyez
prêts à mettre en jeu votre vie pour illuminer le monde
avec la vérité du Christ; pour répondre avec
amour à la haine et au mépris de la vie; pour proclamer
l’espérance du Christ ressuscité en tout point
de la terre.
8. Invoquer une « nouvelle Pentecôte
» sur le monde
Chers jeunes, je vous attends nombreux en
juillet 2008 à Sydney. Ce sera une occasion providentielle
de faire pleinement l’expérience de la puissance de
l’Esprit Saint. Venez nombreux, pour être un signe d’espérance
et un soutien précieux pour les communautés de l’Église
en Australie, qui se préparent à vous accueillir.
Pour les jeunes du pays qui nous accueillera, ce sera une opportunité
exceptionnelle d’annoncer la beauté et la joie de l’Évangile
à une société à bien des égards
sécularisée. L’Australie, comme toute l’Océanie,
a besoin de redécouvrir ses racines chrétiennes. Dans
l’exhortation post-synodale Ecclesia in Oceania, Jean-Paul
II écrivait: «Par la puissance du Saint-Esprit, l'Église
en Océanie se prépare à une nouvelle évangélisation
des peuples qui aujourd'hui ont soif du Christ... La première
priorité pour l’Église en Océanie, c'est
de procéder à une nouvelle évangélisation»
(n. 18).
Je vous invite à consacrer du temps à la prière
et à votre formation spirituelle en cette dernière
étape du chemin qui nous conduit à la XXIIIe Journée
mondiale de la Jeunesse, afin qu’à Sydney, vous puissiez
renouveler les promesses de votre Baptême et de votre Confirmation.
Ensemble, nous invoquerons l’Esprit Saint, demandant avec
confiance à Dieu le don d’une Pentecôte renouvelée
pour l’Église et pour l’humanité du troisième
millénaire.
Que Marie, réunie en prière au Cénacle avec
les Apôtres, vous accompagne durant ces mois et qu’elle
obtienne pour tous les jeunes chrétiens une nouvelle effusion
de l’Esprit Saint qui embrase vos cœurs. Rappelez-vous
que l’Église a confiance en vous! Nous les Pasteurs,
nous prions en particulier pour que vous aimiez et fassiez aimer
Jésus toujours plus et que vous marchiez à sa suite
fidèlement. Dans ces sentiments, je vous bénis tous
avec une grande affection.
De Lorenzago, le 20 juillet 2007.
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