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À quatorze reprises cette recherche de Dieu fut évoquée par le pape, ce grand chercheur de Dieu, dans son discours aux Bernardins : depuis la recherche de Dieu par les moines qui, en fondant la culture monastique, établirent les racines de notre culture au Moyen Âge, jusqu’à la recherche de Dieu, devenu “le grand inconnu”, dans notre culture contemporaine, quête difficile qui exige de nous beaucoup d’humilité.
C’est à la demande de notre évêque, comme un des représentants de notre diocèse, que je me trouvais le 15 septembre dernier dans cette magnifique salle gothique du couvent des Bernardins, construite par les fils de Saint Bernard au XIIIème siècle et restaurée par le cardinal Lustiger qui voulait lui rendre sa vocation de haut lieu de la culture chrétienne. Dans la salle surchauffée (la climatisation était en panne !) se pressaient 650 “personnalités du monde de la culture”. Ils étaient tous venus pour écouter Benoit XVI : Jacques Delors et Robert Badinter, Régis Debray et Marc Fumaroli, Jean Daniel et Frédéric Mitterand, Jean Tibéri et Bertrand Delanoë, Catherine Millet et Christine Boutin, Max Gallo et Patrice de Carolis, sans oublier les anciens présidents Chirac et Giscard, etc.. Ce fut ma première impression. L’attitude du monde de la culture envers le pape avait radicalement changé. Il fallait avoir été aux Bernardins pour l’écouter!
On attendait du pape un discours sur “Foi et Raison”. On se trompait. Comme le dit alors Mgr Dagens, petit dernier de l’Académie Française, le pape choisit de retracer les chemins d’une généalogie commune de la culture européenne, depuis les moines médiévaux qui cherchaient Dieu dans la Parole en utilisant toutes les ressources de la culture alors disponibles jusqu’à nos contemporains plongés dans un monde dans lequel “l’absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui Le concerne. Chercher Dieu et se laisser trouver par Lui.” “Ce qui a fondé la culture de l’Europe, affirmait-il, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable.” Mais il faut pour cela que “l’humilité de l’homme réponde à l’humilité de Dieu”.
Je ne sais ce qu’en ont pensé les autres auditeurs. Sans doute beaucoup ont-ils eu la réaction de l’historien Jean Delumeau : “J’attendais d’avantage d’ouverture sur les problèmes contemporains.” Pour moi, ce discours très dense, sans concession m’avait ramené sans cesse à cette question qui hante notre pape, chercher Dieu et se laisser trouver par Lui, ensemble, dans la culture, le travail. J’ai été touché tout particulièrement par ce qu’il a dit de la musique qui est sans doute pour lui un domaine privilégié : “De cette exigence capitale” qu’ont eue les moines médiévaux “de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu’il a Lui-même donnés est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une « créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité”. Une culture digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité, n’est-ce pas là une belle définition de notre culture chrétienne ?
Xavier Le Pichon
couverture RCF du voyage / Le programme complet et actualisé sur www.papeaparis.org
message de Benoit XVI aux Français (audience du 10 septembre) / Jour du Seigneur
Sur KTO: Interview du cardinal Tauran
Sur Eglise catholique.fr Interview du cardinal A.Vingt-Trois à Cinq jours de la venue du pape |
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