Hymne
pour la
Ballade des chrysanthèmes
Au cimetière il va neiger Dessus le marbre ou sur l'herbage ; Et dans nos cœurs toujours chargés De mélancoliques nuages, Il va neiger bien davantage. Alors à vous, nos pauvres morts, Venus en longs pèlerinages, Nous offrons ces pétales d'or.
La fleur convient aux affligés : C'est un soleil qui rend courage A tous ceux qui sont naufragés D'orphelinat ou de veuvage. Le temps, ce cruel sarcophage1, Fît-il une horreur de vos corps, Pour leur rendre un parfait hommage Nous offrons ces pétales d'or.
Toi, Seigneur, qui vient nous juger, Ta résurrection nous engage Et nous invite à présager Que cette étroite et sombre cage Verra bien mieux qu'un renflouage Quand nous vaincrons la malemort. A ceux qui donc ne sont qu'otages, Nous offrons ces pétales d'or.
A vous nous vivons agrégés, Vous dont nous avons connu l'âge Et vous qu'oubli veut submerger. Nous portons tous la même image, C'est votre foi notre héritage Et lorsque nous venons au bord De la tombe où Dieu se partage, Nous sommes vos pétales d'or.
Prends soin, Seigneur, des froid-logés Qui rejoindront ton équipage Sans crainte aucune du danger Puisque ton règne est le voyage. N'ont-ils pas fait ton témoignage ? N'est-ce pas leur plus beau trésor ? Ne faut-il pas qu'à leur ancrage Nous portions ces pétales d'or ? Prince, ils ont cru ton beau langage ! Alors à qui prit ton essor, Avec un peu de bavardage Nous offrons ces pétales d'or. * Guy Jampierre, diacre Saint-Trophime. septembre 2008
(1) étymologiquement «qui mange la chair »
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