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le diocèse en pélérinage                                                                                   

 

Messe d’ouverture

Chapelle Notre Dame

 

                                               Homélie.

 

 

1.  « Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi … »

Frères et sœurs, vraiment, Dieu n’est pas comme nous. Quand Dieu choisit quelqu’un, il n’utilise pas les mêmes critères que nous.

Généralement parce qu’il peut y avoir des exceptions, quand nous cherchons à nous associer quelqu’un pour une tâche, les critères que nous employons (même si nous ne nous l’avouons pas) ce sont : l’intelligence, l’efficacité, l’honnêteté, la rentabilité, … Quel directeur ne chercherait-il pas comme collaborateur la personne la plus efficace, la plus performante…. Cela ne lui viendrait pas à l’esprit de choisir quelqu’un d’abord pour sa modestie, sa non- compétence ou son ignorance. Un directeur qui choisirait les personnes les plus faibles, les plus méprisées, les plus ignorantes ne risquerait-il pas d’aller à la catastrophe.

Et pourtant, c’est comme cela que Dieu s’y prend.  Dieu n’est vraiment pas comme nous. Ses critères ne sont pas nos critères, ses choix ne sont pas comme nos choix.

« Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi … »

Voilà ce que St Paul cherche à faire comprendre  aux chrétiens de Corinthe.  Comme nous, ils devaient s’imaginer que le choix de Dieu devait tenir compte  des critères d’intelligence, d efficacité, de compétence…St Paul va leur dire le contraire.

Et si St Paul dit cela, c’est certainement pour au moins deux raisons :

-         la première, c’est parce  qu’il a le sentiment d’être un avorton. C’est ce que Paul dira dans la même lettre aux Corinthiens  au chapitre 15. « Il m’est aussi apparu à moi l’avorton » 1 Co 15,8 . Et Paul ajoutera même : «  Car je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu.

Tout apôtre qu’il est, qu’il revendique, il se sait pas grand-chose, il sait que c’est Dieu  qui l’a choisi.

-         Une autre raison c’est parce qu’il n’a pas pu, ne pas réfléchir au choix que Jésus avait fait de ses apôtres. Il a bien compris qu’en choisissant ses apôtres, Jésus ne les avait pas choisis d’après leurs compétences, leur intelligence. Si tel avait été le cas, il aurait choisi des hommes sortis des écoles rabbiniques.

Paul sait très bien que Jésus a choisi des personnes simples, surprenantes même- tel Judas, tel Levi à son bureau de douane, tel Simon le Zélote.

 

2.  « Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi … »

L’évangile que nous avons entendu, nous parle d’un homme qui a le désir  d’hériter de la vie éternelle et qui vient chercher auprès de Jésus une recette, la solution. Alors que Jésus est en marche, en route pour Jérusalem où il va donner sa vie, mourir,  Jésus sent très bien chez cet homme son désir de posséder, de garder, d’avoir…. Ce jeune homme vit dans la logique de l’avoir, de la possession : possession de la vie éternelle, possession de ses biens à garder jalousement.

Jésus pose son regard d’amour sur cet homme vertueux, fidèle à la loi, aux commandements. Mais Jésus sait  très bien qu’il marche vers le don total de sa vie et que son interlocuteur n’est pas dans la même logique. Bien au contraire. C’est pourquoi, Jésus  va chercher à amener cet homme à entrer dans la seule démarche d’amour vrai c'est-à-dire le don de soi aux autres. Jésus l’aime tellement qu’il lui donne la solution à sa question sur la vie éternelle : l’amour des autres, le don aux autres et l’oubli de soi. 

En fait Jésus ne le choisit pas pour faire partie de son groupe.  Il l’invite simplement à le suivre, à faire partie de ses disciples. Mais pour faire partie de ses disciples, pour le suivre, Jésus l’invite à se débarrasser d’abord de ses biens matériels,  à les donner.

Le choix de Jésus, c’est le choix du don, le choix de l’amour jusqu’au bout, qui passera par  le mépris puisqu’il sait qu’il rencontrera le mépris, le rejet, la haine… 

Oui, Dieu ne se contente pas de choisir des hommes et des femmes au cœur simple, modeste mais il choisit lui-même le chemin de la  modestie, de l’humilité. Voilà qui est notre Dieu

 

 

3. « Ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi … »

C’est vrai que cela a, peut être, de quoi nous étonner. Oui, Dieu surprend dans ses choix mais Dieu choisit toujours le faible, le simple, le pauvre.

Ce n’est pas pour rien qu’il a choisi Marie : une jeune enfant d’une minuscule bourgade de Galilée : Nazareth. Quoi de plus humble, de plus simple.  L’humilité, la simplicité  de Marie on la retrouve dans le Magnificat, où elle se définit comme  «  l’humble servante ». Marie, celle qui  toute sa vie, a toujours cherché à faire la volonté de Dieu ; celle qui déjà à l’Annonciation disait «  Je suis la Servante du Seigneur ». Pour Marie, il n’y a pas de don plus grand  que de s’offrir à Dieu comme sa servante, pour faire sa volonté.  Voilà qui est Marie, dans son être profond et  voilà ce qu’elle sera toute sa vie terrestre jusque dans l’acceptation sans condition de son fils adoptif Jean.

Marie ne pouvait qu’être que comme Celui qui l’avait choisie.

En choisissant d’apparaître à Bernadette, Marie à son tour a choisi celle qui était la plus ignorante, la plus pauvre mais aussi la plus désireuse de faire sa première communion. Marie ne pouvait être différente de son Fils dans sa manière de choisir ; elle ne pouvait être différente de Dieu.

 

4. Frères et sœurs, vous qui êtes venus en pèlerinage à Lourdes, vous qui avez été appelés par Dieu, il nous faut apprendre à porter le même regard que Dieu, le même regard que Marie si nous voulons véritablement suivre Jésus et être de ses disciples aujourd’hui. Le regard de Jésus comme celui de sa mère c’est à la fois le regard de bonté sur toute personne mais aussi l’attention portée aux petits, aux simples, aux malades, aux personnes handicapées. Nous savons et nous croyons que Dieu aime d’un amour de prédilection ce qui est petit, celui qui est fragile, celui qui est malade. Il les aime et les choisit pour révéler quelque chose de ce qu’Il est.

Ici à Lourdes, les malades et personnes handicapées sont l’objet d’une grande attention de la part des hospitaliers et de beaucoup. Ils le sont aussi et d’abord parce que Bernadette elle-même avait cette attention à leur égard. Qu’a fait Bernadette à Lourdes après les apparitions, pendant 8 ans ? Qu’a-t-elle fait ensuite à Nevers comme religieuse jusqu’à sa mort ? Servir les malades, les soigner même si nous le savons, Bernadette passera plus de temps à Nevers à être soignée qu’à soigner ses sœurs religieuses. Mais sa vocation de service auprès des malades,  elle va la mûrir petit à petit à l’hospice de Lourdes auprès des religieuses   qui soignaient les malades. Sa vocation elle la découvrira aussi dans le lien très fort qui l’unissait au Christ. C’est dans l’Eucharistie, qu’elle a reçue pour la première fois à l’hospice de Lourdes, avant la dernière apparition - dans cette Eucharistie qu’elle recevra fréquemment qu’elle puisera l’énergie pour servir les petits, les malades, les préférés de Dieu., ce qu’il y a de fou dans le monde.

 

5.        Que ce pèlerinage qui commence soit pour chacun de nous, quels que soient notre âge et notre condition, l’occasion  d’être comme  Jésus, comme Marie, comme Bernadette, serviteur de tous et plus particulièrement si nous le pouvons des petits, des malades, des blessés de la vie.

   Que ces 5 jours de  pèlerinage (et non pas 8 ans comme Bernadette)

nous   donnent de réfléchir et de comprendre ce à quoi le Seigneur nous appelle aujourd’hui.

            Que l’eucharistie quotidienne reçue au cours de ce pèlerinage fasse de nous des serviteurs simples, pauvres de cœur, efficaces et heureux de trouver les chemins de la vie éternelle dans le don de nous-mêmes aux autres.   

 

 

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