Vendredi 6 juillet, a été inaugurée l’exposition « EX-VOTO du XVIIe au XXe siècle », en présence de Monseigneur Loizeau. Présentée par le musée départemental d’art religieux dans une chapelle de la co-cathédrale Saint Jérôme, cette exposition témoigne des épreuves subies par les bas-alpins des siècles passés et de la foi qu’ils intégraient à ces évènements de la vie. En effet, un ex-voto est la concrétisation d’un vœu fait, dans une circonstance particulière souvent dramatique, en implorant la protection divine. Il traduit, selon l’expression de Bernard Cousin, « la rencontre vécue par le donateur, entre le miracle et le quotidien ». Il est intéressant de voir la foi s’exprimer en dehors de la liturgie et on s’émerveille en pensant que, si ces ex-voto ont été réalisés, c’est que l’épreuve dramatique s’est terminée d’une manière qui conduit le donateur à l’action de grâce : Dieu présent dans le quotidien des charrettes, des puits, des orages ou de la maladie ! Comme l’a dit Monseigneur Loizeau, l’art témoigne ici de la résistance de l’humanité contre le mal. Inaugurée par René Massette, vice-président du conseil général, sous la conduite de Jean-Christophe Labadie, directeur des archives départementales, cette exposition sera ouverte tous les jours, de 10h à 12h30 et de 13h15 à 18h, jusqu’au 30 septembre. Un très beau catalogue gratuit, reproduit et explique les ex-voto présentés. L’équipe de bénévoles de la pastorale du tourisme et des loisirs est présente tous les après-midi pour accueillir les visiteurs dans l’ensemble de la co-cathédrale. Plusieurs de ces membres étaient présents, accompagnés par Le Pére Christian Vian, représentant le curé de la cathédrale et Jean-Hugues Bartet, responsable diocésain de la pastorale du tourisme et des loisirs.
CROISEMENT DE CULTURES ( François-Xavier Loizeau )
Sous l’égide du Musée départemental d’art religieux, une présentation d’ex-voto de notre département a lieu du 5 juillet au 30 septembre 2012 à la Cathédrale St-Jérôme, à Digne, puis du 1er février au 3 mars 2013, au Prieuré de Salagon, à Mane. Témoignages de la piété populaire dans notre diocèse pendant plusieurs siècles, ces tableaux ou objets religieux révèlent la foi, souvent naïve, de nos ancêtres confrontés aux épidémies et peurs, maladies et morts, catastrophes naturelles et qui ont confié de cette sorte leurs intentions de prière dans des lieux saints (églises paroissiales, chapelles de dévotion, oratoires). Ces œuvres révèlent en même temps les façons de vivre, de s’habiller, de réagir aux événements locaux ou familiaux.
En même temps, aux Archives départementales, a lieu, du 4 juin au 31 août, une exposition d’œuvres du plasticien dignois Benoît de Souza intitulée « L’Homme s’en vA de l’Homme », s’inspirant de la force créative de cet artiste aux origines à la fois béninoise et provençale. Il s’agit d’une réflexion moulée dans la glaise et accompagnée de textes poétiques, sur l’origine et le destin de l’Homme à travers les traces de la transmission imprimées sur les corps, les pratiques, les objets usuels… ces signatures laissées par nos ancêtres et qui sont source de sagesse. « Il s’agit d’opposer à la mortalité individuelle cette forme d’immortalité collective qui est celle de la continuité du groupe, du clan, de la tribu, de la famille, mais aussi de la nation et même de l’espèce ».
En même temps, à la Médiathèque André Roman, à Sisteron, a lieu du 2 au 15 juillet, une exposition des œuvres picturales de la famille Honnorat : celles de Jean, le grand-père, peintre de la Provence, celles de Pierre, celles de Geneviève, la mère, aux gouaches de couleurs vives, et celles du fils Denis, vicaire général à Marseille, aux fusains tourmentés dans les vagues et cascades de la vie. Une famille, trois générations, quatre styles différents et significatifs d’une même passion et charité envers les enfants des plus pauvres des pauvres pour modeler une « Terre neuve ».
M’ayant été donné de « croiser du regard » ces trois expositions sur notre territoire, j’y ai vu le croisement de trois « cultures » au-delà de formes si diverses et contrastées. Tout d’abord, une « culture de la résistance » vis-à-vis du mal, de l’injustice, de la souffrance, de la pauvreté insupportable et même de la mort. Ce sont des cris d’humanité dans l’inhumanité de l’Homme. Et, en même temps, l’émergence de la Vie plus forte que les tourments et même que la mort. Il y a aussi, en ces trois expositions, une « culture de la contemplation », celle de la nature qui nous entoure et nous façonne, tantôt paisible, tantôt en tempête, toujours en créativité issue des fonds de l’Homme. Se dit également, à travers toutes ces œuvres, une « culture de la transcendance », d’inspiration religieuse le plus souvent, conduisant d’un « en-deça » de la vie primitive à un « par-delà » la mort dans une Espérance de vie immortelle ou éternelle.
Le grand écrivain Blaise Pascal, dont nous faisons mémoire cette année du 350ème anniversaire de la mort, nous redit, à travers son masque mortuaire : « L’Homme passe l’Homme » !
François-Xavier Loizeau
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