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Pour sa toute première apostolique visite en terre africaine, le Pape Benoît XVI a choisi le Cameroun. A lui seul, ce choix représentait un honneur et un prestige exceptionnels pour tous les fils et filles de ce pays qui, par deux fois déjà auparavant (en 1985 et en 1995), avaient reçu Jean-Paul II, le bien-aimé prédécesseur de Benoît XVI. Car on le sait, le Pape venait principalement à Yaoundé pour la publication de « l’Instrumentum Laboris » de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, prévue au mois d’octobre prochain à Rome. Or, bien plus que cela, Benoît XVI a gratifié le Cameroun d’une visite pastorale, en tant chef de l’Eglise universelle et, comme chef de l’Etat du Vatican, d’une visite d’Etat. Aussi est-il resté à Yaoundé du 17 au 20 mars 2009, y célébrant même sa fête patronale du 19 mars, en la solennité de Saint Joseph, Epoux de la Vierge Marie.
Du reste, outre les célébrations liturgiques des Vêpres solennelles du 18 à la Basilique Marie-Reine-des-Apôtres de Mvolyé et de la Messe pontificale du 19 au stade Amadou-Ahidjo, le Pape s’est tour à tour entretenu avec le Chef de l’Etat camerounais, les Evêques et les autorités de la communauté islamique. Il a fait une visite aux malades et handicapés du Centre National « Emile-Cardinal-Léger » à Etoug-Ebé (Yaoundé).
A l’issue du déroulement de cette visite, et pour peu que l’on en ait été témoin, au moins deux évidences majeures se sont avérées notoires :
La première : la visite de Benoît XVI au Cameroun a suscité une mobilisation sans précédent de la part des Camerounais. A titre illustratif, la Messe du 19 Mars a connu une participation de fidèles estimés à plus de 60 000 personnes. Certes, la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun (CENC) avait, dans son organisation, permis à chacun des 24 diocèses de présenter une délégation officielle de 30 personnes, clercs et laïcs confondus. Mais ils étaient très nombreux encore comme prêtres, religieux et laïcs à faire d’eux-mêmes le voyage sur Yaoundé pour y vivre en direct l’évènement. Et bien au-delà des seuls fidèles catholiques, cette troisième visite du Souverain Pontife n’a laissé aucun Camerounais indifférent. Mais la chose la plus saisissante dans ce grand rassemblement fut l’enthousiasme, la ferveur, la satisfaction bref, le bonheur qui transparaissait des cœurs et des visages de cette foule innombrable de personnes présentes de bout en bout dans les différentes manifestations, et acclamant chaque fois à tout rompre le Saint-Père.
Il faut pourtant observer qu’au Cameroun en particulier, les chaînes de télévisions étrangères, en l’occurrence celles de l’Occident sont très regardées. Ce n’était donc pas faute d’information que les Camerounais se sont montrés aussi indifférents à la polémique créée par les médias occidentaux autour des propos du pape Benoît XVI dans l’avion qui le conduisait au Cameroun. Les Camerounais ne comprenaient sans doute pas pourquoi les Occidentaux, si scrupuleux qu’ils sont en matière de respect des lois établies, éprouvent en même temps un si grand mal à accepter les normes de l’Eglise en matière de morale sexuelle et bioéthique, et dont le Pape n’est que le garant et l’interprète. Mais en parlant des Occidentaux comme c’est le cas, gardons-nous de toute généralisation simpliste, car les médias occidentaux ne sont pas forcément les Occidentaux tout court. D’ailleurs, ces médias n’ont-ils pas besoin d’être évangélisés ?
La seconde évidence est que les différents messages du pape à l’adresse des fidèles et du peuple camerounais et africain tout entier étaient d’une richesse et d’une pertinence qui rejoignaient profondément la vie et les vraies préoccupations de ces derniers. En effet, en stigmatisant la mondialisation dans ses effets pervers sur la culture et les traditions africaines, en exhortant les Camerounais dans leur ensemble à travailler à l’élimination de l’injustice, la corruption, la pauvreté et la faim qui alimentent très facilement les violences, en les appelant à plus de solidarité en faveur des pauvres et surtout des malades du sida pour lesquels il a plaidé en vue de la gratuité des soins, en invitant à modeler les familles et leurs valeurs sur celles de la Sainte Famille de Nazareth (Jésus, Marie et Joseph) et bien d’autres choses encore, Benoît XVI a dignement et parfaitement joué son rôle de messager de la véritable paix et de l’espérance pour le peuple africain en général, et camerounais en particulier.
Somme toute, la visite du Pape au Cameroun fut un précieux temps de grâce et de bénédiction de Dieu, dont ont voulu profiter tous les fils et filles de ce pays et de ce continent, sans se laisser distraire, un tant soit peu, par les vaines polémiques des médias occidentaux. Par un accueil on ne peut plus enthousiaste, chaleureux et populaire, témoigné à Benoît XVI, les Camerounais dans leur immense majorité ont su montrer au monde qu’ils ne se reconnaissaient pas du tout dans les préoccupations que voulaient généreusement leur prêter les médias du Nord. Puissent toutes les leçons de cette situation en être tirées !
P. Grégoire MEKOMOU,
prêtre du diocèse de Bafia, Cameroun
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