pour « que la Paix règne dans tes murs ! » (Psaume 121, 7).

            Humble, doux, compatissant, juste, miséricordieux, clair, courageux même quand il fut soupçonné : ainsi est apparu notre Pape Benoît, artisan de la Paix sur la Terre sainte, au nom du Christ des Béatitudes !

Tout au long de son pèlerinage périlleux, le Saint-Père a su glisser tant de messages de Paix dans les fractures et les murs qui divisent le pays choisi par Dieu, qu’il fut effectivement un « pèlerin de la Paix ». Au mont Nébo, en surplomb de la faille géologique et géopolitique de la Araba (vallée du Jourdain) et à Yad-Vashem, au ras des stries des dalles noires mentionnant les « noms » des camps de la mort. A Jérusalem, dans les interstices des mosaïques du Dôme du Rocher et par une prière glissée dans une anfractuosité du Mur occidental du Temple. Au pied des plaques de béton qui emprisonnent Bethléem et sur le Mont du Précipice à Nazareth où le Christ menacé « alla son chemin » (Luc 4, 30)… jusqu’au Saint-Sépulcre, ce « tombeau vide qui nous parle d’espérance, don de l’Esprit de vie »..

            Au bord du Jourdain, lieu du baptême du Christ et de la prédication de Jean-Baptiste, la prophétie d’Isaïe : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu »  (Isaïe 40, 3-5; Luc 3, 4-6)) trouva ensuite écho d’actualité dans la parole du Pape, prononcée en quittant Bethléem : « Si les murs peuvent être facilement construits, nous savons qu’ils ne sont pas éternels. Ils peuvent être abattus. Il est d’abord nécessaire d’ôter les murs construits autour de nos coeurs ! ».

            Au nom de l’Eglise catholique, dont il est le « pasteur suprême », le Pape a témoigné devant le monde entier du « Salut de Dieu ».(Luc 3, 6) à jamais fidèle à sa Promesse

            Benoît XVI fut l’obstiné messager du Salut pour tous, Salut passant par la Paix et la Justice entre les nations et spécialement ente les « deux peuples », l’israélien et le palestinien. Il fut messager de Paix et de collaboration entre les trois religions enracinées sur cette même terre. A la fin de la rencontre avec les différents chefs religieux de Galilée, le Pape, spontanément et avec sourire, tendit la main à ses voisins, un juif et un druze, et a chanté avec eux : « Shalom, Salam, Peace ! » Son geste fut contagieux dans l’assemblée ! Qu’il en soit béni par le Dieu de Paix, l’Unique et le Miséricordieux !

            Benoît XVI fut aussi messager de communion entre les différentes confessions chrétiennes, qui se retrouvent autour du Saint-Sépulcre, et entre les différentes traditions de l’Eglise catholique, encourageant le témoignage commun dans un monde difficile et parfois hostile et redisant la présence indispensable des chrétiens sur cette Terre Sainte. Qu’il en soit béni par le Dieu de Paix, le Saint, le Sauveur et l’Esprit de communion !

            Qu’elles sont loin les polémiques mondaines ou intra-ecclésiales qui ont alimenté les médias depuis quelques mois ! Notre « père commun », avec une Foi intense et une intelligence théologique profonde, avec l’humilité et l’Agapè du « serviteur des serviteurs de Dieu », avec le prophétisme de l’Espérance, a dépassé toutes nos basses spéculations ! Alors, toute atteinte à ce père nous atteint comme toute atteinte à l’Eglise notre Mère nous blesse. Mais, en nous, la Foi, l’Espérance et la Charité sont les plus fortes et demeureront jusqu’à l’accès plénier à la Jérusalem nouvelle et céleste (Ap 21), où ne subsistera que l’Amour divin (cf. 1 Co 13, 13)!

Merci, Très Saint-Père, de conduire nos pas au chemin actuel de la Paix, Paix qui vient de Dieu, Paix qui va vers Dieu « tout en tous » (1 Co 15, 28)! « C’est la Paix que je vous donne ! » (Jean 14, 27) nous redit Jésus, le Vivant par delà la mort, Christ ressuscité !

+ François-Xavier LOIZEAU, évêque de Digne