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décembre   2009
 
 
L’Enfant - Jésus et la Sainte Face
 
 

 

Nous venons de vivre un mois en suivant les reliques de Sainte Thérèse de Lisieux visitant chacun des secteurs de notre vaste diocèse (un encart de ce bulletin en rendra compte en janvier, mais surtout beaucoup de photos et de témoignages ont été recueillis sur notre site internet http://catho04.fr).

Que de grâces reçues dans les âmes, dans les corps parfois et dans nos communautés prêtes à « évangéliser dans l’Amour » !

 

         Et nous voici dans le temps liturgique de l’Avent, qui dispose nos cœurs aux bienfaits de la fête de Noël. Deux « grâces de Noël » ont marqué particulièrement le chemin spirituel de Sainte Thérèse. A Noël 1886, elle reçoit « la grâce de sortir de l’enfance », « la force d’âme pour toujours », qui fera grandir en elle l’amour de Jésus, un amour à faire connaître aux pécheurs (même aux criminels comme Pranzini). A Noël 1887, Thérèse souffre de ne pouvoir être admise à entrer au Carmel de ses désirs ; elle reçoit alors la grâce de comprendre que l’épreuve de la nudité de la  foi fait partie de son cheminement. La grâce d’abandon total entre les mains de Dieu-Père l’envahit.

 

          Entrée au Carmel, Thérèse poursuit sa « course à pas de géants » sur le chemin de la sainteté. Elle recevra le nom de « Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face », associant ainsi à sa vie le Mystère de l’Incarnation, où Jésus s’abaisse pour rejoindre tous les hommes dans son Amour, et le Mystère de la Rédemption, où Jésus se livre à la Passion de l’Amour pour sauver la multitude. Thérèse associe Noël et Pâques et nous invite nous-mêmes à associer ces deux Mystères de notre foi dans le cheminement de nos existences.

 

         Deux prières de Sainte Thérèse peuvent nous aider à entrer dans ce double Mystère d’un unique Amour, qui ouvre à la voie du Ciel.

 

         Une prière à l’Enfant-Jésus de la crèche : « O petit enfant ! Mon unique Trésor(…), je ne veux d’autre joie que celle de te faire sourire. Imprime en moi tes grâces et tes vertus enfantines, afin qu’au jour de ma naissance au Ciel, les anges et les saints reconnaissent en ta petite épouse Thérèse de l’Enfant Jésus » (Prière 14).

         Une prière à la Sainte Face de Jésus dans son Chemin de Croix : « O Face Adorable de Jésus (…), ô mon Bien-Aimé, pour ton amour j’accepte de ne pas voir ici-bas la douceur de ton Regard, de ne pas sentir l’inexprimable baiser de ta Bouche, mais je te supplie de m’embraser de ton amour, afin qu’il me consume rapidement et fasse bientôt paraître devant toi Thérèse de la Sainte Face» (Prière 16).

 

            Thérèse introduit sa consécration à la Sainte Face par ces mots, qui donnent sens à sa vie offerte et à la nôtre : « Le plus petit mouvement de pur Amour est plus utile à l’Eglise que toutes les autres œuvres réunies… Il est donc de la plus haute importance que nos âmes s’exercent beaucoup à l’Amour, afin que se consommant rapidement elles ne s’arrêtent guère ici-bas et arrivent promptement à voir Jésus, Face à Face »  (Prière 12).

 

            Quelques semaines avant sa mort, Sainte Thérèse pose pour une photo, à la demande de sa sœur Céline (cf. la photo en page de couverture du bulletin diocésain). La figure présente des traits tendus par la souffrance. Elle demande à tenir devant elle deux images de son bréviaire qui rappellent à la fois son nom de religieuse et sa spiritualité : l’Enfant Jésus et la Sainte Face. Deux jours plus tard, elle écrit à grand peine dans son manuscrit : « Il me semble que rien ne m’empêche de m’envoler, car je n’ai plus de grands désirs, si ce n’est celui d’aimer jusqu’à mourir d’amour ».

 

         Que Sainte Thérèse nous aide, en ce Noël 2009, à graver en nous cette double image et son désir d’aimer et de faire aimer l’Amour, en nous exerçant beaucoup à l’Amour !

+ François-Xavier LOIZEAU,

Evêque de Digne, Riez et Sisteron

 

 
 

 

Mt 18, 1-5 et Rm 8, 14-17

 

 

 

         « Qui est le plus grand ? » : c’est la question de l’Evangile. Qui aujourd’hui est le plus grand parmi nous ? Qui est le plus grand, le plus beau, le plus fort, le plus intelligent ?

         On peut être très grand en taille, c’est ainsi mais la grandeur première est celle du service des autres. On peut être très beau de corps, c’est admirable mais la beauté première est celle du don de soi aux autres. On peut être très fort en muscles, ce peut être redoutable mais la force première est celle du courage transmis aux autres. On peut être très intelligent en pensées, c’est important mais l’intelligence première est celle du cœur attentif aux autres.

Vous connaissez sans doute l’histoire du petit David, que nous raconte la Bible. Dieu guidait le prophète Samuel afin de chercher un roi pour son peuple. Il le conduit vers un père de famille qui s’appelait Jessé. Celui-ci présenta sept de ses fils qui étaient grands, beaux, forts et intelligents. « Sont-ils tous là ? » demanda le prophète. « Non, il y a encore le plus petit, David, qui garde les moutons ». « Va le chercher ! ». Et Le prophète Samuel désigna cet enfant comme le futur roi de son peuple. Car, dit Dieu, « les hommes s’arrêtent aux apparences, mais moi je vois jusqu’au fond du cœur ».

Jésus devait connaître cette histoire de la Bible. Il appela un petit enfant ; il le plaça au milieu de ses disciples et leur dit : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux ».

Sainte Thérèse, dont nous accueillons les reliques en ce jour, connaissait par cœur- par le cœur -, ce passage de l’Evangile et en fit sa règle de vie : « la petite voie de l’enfance spirituelle ». Elle voulut, toute sa vie durant et jusqu’en ses souffrances de fin de vie, rester comme un « petit enfant entre les bras de Dieu, consciente de sa faiblesse et confiante jusqu’à l’audace en sa bonté de Père ».Dans les épreuves qui n’ont pas manqué tout au long de sa vie, dans ses faiblesses dont elle fut très consciente, Thérèse a toujours fait confiance, comme Jésus, à l’Amour miséricordieux et incessant de son Dieu. Elle choisit comme nom : « Thérèse de l’Enfant Jésus » ! A l’une de ses sœurs du Carmel, elle dira : « Consentez à être petit enfant… Dieu ne demande de vous que la bonne volonté… Il descendra lui-même et, vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son Royaume ».

         Entendons cet appel ! Comme Thérèse, nous sommes poussés à vivre de confiance, avec la conscience de notre petitesse mais aussi remplis de l’amour qui nous fait grandir. Nous expérimentons dans notre existence la grandeur du service des autres, la beauté du don de soi aux autres, le courage transmis aux autres, le cœur attentif aux autres. Cela nous donne raison d’exister.

Mais c’est surtout l’Esprit de Dieu, qui est l’Amour de Dieu imprégné dans nos cœurs, qui nous fait vivre en « faisant de nous des fils. Poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : Abba ! C’est donc l’Esprit-Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Saint Paul nous invite ainsi à nous émerveiller de notre condition d’enfants de Dieu et à « nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu ». C’est notre vocation baptismale. C’est notre vocation à la sainteté. Pas seul mais en Eglise !

 

          Poursuivant la recherche de sa vocation dans l’Eglise, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus l’a trouvée en étant frappée par un autre texte de Saint Paul. « Je compris que si l’Eglise avait un corps composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas (…). Je compris que l’Eglise avait un Cœur et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise (…). Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations (…). Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée. Dans le cœur de l’Eglise, ma mère, je serai l’Amour ».

Et cette vocation à l’Amour, Sainte Thérèse l’a vécue dans les étroites limites de son Carmel et dans le temps restreint de son existence et de sa maladie. Là, en marchant dans la souffrance « pour un missionnaire », en écrivant régulièrement à deux prêtres envoyés en mission, en faisant son office journalier même le plus pénible et en supportant ses sœurs plus ingrates, elle devint « patronne des missions » du monde entier : parce qu’en tous les actes de sa vie, elle s’offrait à l’Amour et se donnait elle-même comme Jésus !

         Entendons cet appel ! Chacun et chacune de nous, dans sa vie journalière afin qu’elle soit une vie donnée à l’Amour ! Entre nous aussi, dans notre vie communautaire, dans la complémentarité de nos vocations dans l’Eglise. La vocation de baptisés-confirmés qui nous est commune et qui nous donne tous ensemble mission d’animer nos communautés de secteurs pastoraux et de paroisses. La vocation de personnes mariées, de familles chrétiennes et de célibataires. La vocation de personnes consacrées, religieux et religieuses. La vocation de prêtres, qui sont parmi nous les responsables de communauté, dans le lien avec moi-même, votre évêque. Tous, chacun selon notre vocation, nous sommes voués à l’Amour pour en vivre et le rayonner. Nous sommes appelés, selon les orientations diocésaines que je viens de promulguer : appelés à « un nécessaire esprit de collaboration » pour accomplir la mission de l’Amour dans l’Eglise, appelés à en témoigner dans notre région pour « évangéliser dans l’Amour » ; nous sommes appelés à être des saints !

         Que Sainte Thérèse de Lisieux nous y aide ! Qu’elle nous conduise là où est la source de l’Amour miséricordieux : à l’Eucharistie où nous trouvons le sommet et la source de l’Amour divin répandu dans nos cœurs « pour que le monde croie » à l’Amour et en vive !

 

 

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