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Du 24 au 26 janvier derniers, les prêtres du diocèse (en communion avec nos frères âgés et malades) nous sommes retrouvés autour de notre évêque pour un pèlerinage à Ars. Celui-ci se situe au cœur de l’année sacerdotale voulue par le Saint Père pour qui, elle est une « occasion propice de croître dans l'intimité de Jésus, qui compte sur nous, ses ministres, pour diffuser et consolider son Royaume, pour diffuser son amour, sa vérité », sa tendresse et sa bonté. Nous nous sommes mis à l’école de notre Saint Patron pour croître dans cette intimité et, comme lui, diffuser l’amour du Royaume. Tout son ministère, Saint Jean-Marie Vianney l’a vécu dans un temps rude pour l’Evangile et l’Eglise ; les sacrements, dans sa petite enfance étaient célébrés souvent en cachette ; lui-même s’est confessé et a communié, la première fois, dans une ferme, volets fermés, avec un prêtre réfractaire qui risquait sa vie pour célébrer la Messe, les sacrements et rester fidèle à l’Eglise unie au Pape. Les traces de ces temps troublés perdureront longtemps en France et la vie chrétienne en sera longtemps et profondément ébranlée. Il a vécu dans son enfance, sa jeunesse puis dans sa vie sacerdotale, la même situation que celle décrite plus de 200 ans plus tard par feu le cardinal Louis-Marie Billé, alors Président des évêques de France, dans son discours d’ouverture de l’assemblée plénière de l’an 2000 : pour « l’Eglise dans la société les temps sont rudes », il y a une « radicalisation des difficultés. Je pense à tout ce qui peut conspirer (…) à faire du christianisme en général, et de l’Eglise catholique en particulier, une réalité sinon marginale en tout cas, de plus en plus incongrue dans la société française ». Avec l’Ecclésiaste j’ai envie de dire : « Rien de nouveau sous le soleil ! ». La mission n’a jamais été facile elle se heurte aux résistances de toutes sortes dont les premières sont dans mon cœur ; un cœur souvent lent à croire, résistant à se laisser transformer… Alors, plutôt que de nous lamenter, ce qui ne change rien, n’arrange rien et démobilise, revenons aux sources de la mission. Envoyer en mission est, pour Jésus, j’allais dire, une nécessité de nature. N’est-il pas, lui-même un « envoyé » ? «Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie.» La mission, l’envoi, s’originent dans « le coup de cœur éternel de Dieu pour l’humanité ». Un coup de cœur qui exprime une tendresse infinie pour l’ensemble des hommes. Le Dieu que nous avons à annoncer est toujours un Dieu de paix et de bienveillance qui apporte la paix et la bienveillance. Et il nous faut en être les témoins par toute notre vie. Prêtres, nous sommes, nous devons être, le signe visible et lisible de la paix et de l’amour du Seigneur Jésus pour son Corps qui est l’Eglise, pour chacun des membres de son Corps. Oui, ‘‘le sacerdoce, est vraiment l’amour du cœur de Jésus’’, comme aimait à le répéter le Saint Curé d’Ars. C’est parce qu’il nous aime, qu’aujourd’hui encore, le Seigneur nous donne les ministres dont nous avons besoin, pour que, par les humbles gestes de notre ministère, il puisse, lui-même, à travers nous, témoigner de son amour et du soin qu’il prend de son peuple. Mais il nous faut nous rappeler ce que disait Saint Augustin aux fidèles de Dieu qui étaient à Hippone « Pour vous nourrir, je puise aux réserves qui me nourrissent moi aussi... Je suis un serviteur, je ne suis pas le père de famille».
En cette année sacerdotale, priez pour nous, frères et sœurs baptisés laïcs, pour que nous soyons vraiment des pasteurs selon le cœur de Dieu, « doux et humbles de cœur, lents à la colère et pleins d’amour ». Et ensemble, vous et nous, envoyés dans le monde comme le Christ y a été envoyé, puissions nous témoigner, par notre vie et nos paroles, des merveilles de Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pi 2,9).
Père Christophe Disdier-Chave,
vicaire général.
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