Au cœur de la nuit, un feu a percé les ténèbres. Au cœur de la nuit, le chant de l’Alleluia a dissipé la tristesse qui avait succédé à la mort de Jésus sur la croix. Au cœur de la nuit, une source d’eau pure a coulé dans notre diocèse pour 7 femmes qui ont été baptisées. Cette source, dans laquelle elles sont nées à la vie nouvelle d’enfant de Dieu, nous a aidés à faire mémoire de notre propre baptême. Par le baptême, la vie, la lumière, la joie du Christ habitent en moi. Vie, lumière, joie plus fortes que le péché et la mort. Elles ne modifient pas magiquement le cours des évènements de notre existence ou du monde mais elles nous sont offertes par le Ressuscité pour nous aider à avancer à travers les lumières et les nuits de ce monde. Elles sont les signes de son amour et de sa présence qui éclairent les nuits que nous pouvons traverser. Mais cette lumière, cette vie, cette joie sont-elles réelles ? N’est-ce pas un éclair dans la nuit trop vite disparu ? Ou puis-je les voir et les expérimenter ? « Il  y  a  tant  de  choses  que  nous ne voyons pas et qui existent et sont essentielles. Par exemple, nous ne voyons pas notre raison, toutefois, nous avons la raison. Nous ne voyons pas le courant électrique; toutefois, nous voyons qu'il existe, nous voyons la lumière. Il y a des choses essentielles que nous ne voyons pas mais dont nous voyons les effets. Nous ne voyons donc pas non plus le Seigneur ressuscité avec nos yeux, mais nous voyons que là où est Jésus, les hommes changent, deviennent meilleurs. Il se crée une plus grande capacité de paix, de réconciliation. Nous ne voyons donc pas le Seigneur  lui-même,  mais  nous   en voyons les effets: c'est ainsi que nous pouvons comprendre que Jésus est présent… » (Benoît XVI). Où est-ce que je peux voir le Seigneur vivant ? Dans la vie de chacun de nous qui sommes ses disciples.

Dans le baptême, la Résurrection n’est pas un évènement du passé, le Ressuscité n’est pas un fantôme ; Ils sont présents, vivants et agissants. Croire en la Résurrection c'est vivre en ressuscités, c’est nous faire artisans de résurrection auprès de nos frères et sœurs qui traversent des nuits : nuits de la souffrance, de la solitude, de l’exclusion… Vivre en ressuscités c’est sortir de soi, de son « divertissement », pour nous rendre proches des autres et, comme le Ressuscité sur le chemin d’Emmaüs, les rejoindre sur les routes de leurs espoirs et de leurs déceptions pour leur faire découvrir le Christ cheminant avec eux, s’asseyant à la table de leur vie pour leur partager le pain de sa tendresse et de sa vie à l’auberge de son amour. De cette auberge de l’amour de Dieu nous avons à en être les portiers. Nous n’avons qu’une mission : rendre visible et lisible la lumière, la vie, la joie de Dieu, en faciliter l’accès. Dans le baptême il nous dit : viens à moi. Puise en moi la capacité d’aimer comme moi. Il nous dit : va ! Va à la rencontre de tes frères en humanité. Va pour vivre dans la logique de ce que tu as reçu : fais de ta vie un je t’aime pour Dieu et pour tes frères. Que ta vie et tes paroles témoignent de l’amour dont tu es aimé. Qui croira que Dieu est amour et Résurrection, qui croira que son amour est source de joie et que ça vaut la peine de le suivre si nous ses disciples ne vivons pas concrètement de cet amour et de cette vie? La Résurrection, si elle est la vérité centrale de notre foi, est aussi, et surtout, une expérience à faire, à vivre et à transmettre. Oui, vivons en enfants de lumière, de vie et de joie !

Christophe Disdier- Chave,