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deux façons spécifiques
de réaliser notre commune vocation à l’amour
En cette période d’ordinations (2 pour notre diocèse - voir ...) et de mariages, j’aime à me rappeler ce qu’affirmait le Pape Jean-Paul II «Appelé à l’existence par amour, l’homme est appelé à l’amour… La Révélation chrétienne connaît deux façons spécifiques de réaliser la vocation à l'amour de la personne humaine, dans son intégrité : le mariage et la virginité » (Familiaris Consortio, n°11).
Le célibat sacerdotal (que je place dans la catégorie de la virginité) n’est pas un renoncement à l’amour. Le célibat, comme le mariage, est d’abord appel, choix positif. En vous mariant vous avez choisi une personne. En m’engageant dans le célibat sacerdotal j’ai choisi moi aussi une personne, vivante et agissante : le Christ mort et ressuscité. Il n’est pas un homme du passé ; il est présent et agissant en nos vies, dans l’Eglise et le monde. Mon célibat témoigne que le Christ, comme vous votre conjoint, peut remplir une vie.
Je n’ai pas d’abord choisi le célibat, j’ai choisi le Christ, l’amour du Christ. Ce Christ qui peut combler ma vie, la rendre heureuse et épanouie, différemment, certes, mais non moins réellement que vous, conjoints, vous pouvez vous épanouir et vous rendre heureux réciproquement.
Y a-t-il un état de vie plus parfait ? A proprement parler, non ! Ces deux états de vie, différents, ne s’opposent pas ; ils ont besoin l’un de l’autre. Ce sont deux routes vers l’appel à l’amour, au don et à la sainteté. Chaque état est parfait pour celui qui y est appelé. Mariage et célibat consacré (religieux et prêtres), sont deux façons de répondre à l’appel du Christ à le suivre ; ce sont deux façons différentes, pour des baptisés, de réaliser la « sequela Christi », de suivre le Christ, à faire, comme lui, de leur vie, un « je t’aime » pour Dieu et pour leurs frères. (Je n’oublie pas les célibataires, notamment ceux qui n’ont pas fait le choix de ce célibat ; eux aussi, dans la situation qui est la leur, sont appelés à aimer. Je n’oublie pas non plus les veuves et les veufs ; ils sont signes de l’amour plus fort que la mort).
Le choix de l’amour exclusif du Christ dans le célibat témoigne auprès de vous, chers hommes et femmes mariés, que c’est en lui, et en lui seul, que tout homme peut trouver comme à tâtons tout ce qu’il recherche en plénitude, au sujet de la vie, de l’amour, du présent et de l’éternité. Seul le Christ peut combler totalement et parfaitement une vie. Le célibat témoigne de cette conviction de Saint Augustin : « Tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ». « Le célibat consacré libère le mariage et chacun des deux conjoints, du poids insupportable de devoir être le Tout (pour l’autre ; ne demandez, n’exigez jamais cela de l’autre, n’ayez pas cette prétention envers l’autre) et remplir l’Office de Dieu » (P. Cantalamessa). Cela ne déprécie pas la vie conjugale ou l’importance de l’amour du conjoint ; mais nulle femme, nul homme, ne pourra complètement et parfaitement combler la soif d’amour qui habite un cœur humain. L’autre, le conjoint, est la pierre d’attente, de l’Epoux, de l’Amour avec un grand A, qui seul fera qu’il n’y aura plus aucun espace entre mon besoin d’aimer et sa réalisation.
Le choix de l’amour dans le mariage, que vous avez fait, chers conjoints, nous rappelle, à nous consacrés, qu’à votre exemple nous sommes appelés à la fidélité pour toujours, au don de nous-mêmes, au pardon…
Vous, chers amis mariés, et moi, célibataire ordonné, nous exprimons l’amour. Vous, dans sa dimension singularité, en polarisant votre amour sur votre conjoint. Moi, en mettant toutes mes forces, toutes mes énergies affectives, en les mettant, effectivement, au service de l’amour de tous les hommes, je rends présent la dimension universelle de l’amour de Dieu.
A la suite du Christ, époux et prêtres nous témoignons qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, pas de plus grand amour que de se lier à un A(a)utre . « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle » (Eph 5, 25). Et bien, vous et moi, sommes appelés au don total de nous-mêmes à celle, celui que nous aimons. Nos deux états de vie reflètent l’unique vocation de la personne humaine : le don conjugal de nous-mêmes. Vous et moi devons aimer et aimer comme le Christ a aimé l’Eglise, en nous livrant. Notre vocation commune, époux et ministres ordonnés, c’est de recevoir, aimer et servir jusqu’à notre dernier souffle ici bas ; vous la vie de votre conjoint, moi celle des hommes et des femmes que le Christ me confie dans son Corps qui est l’Eglise.
« Aimer c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus). Rendons grâce à Dieu de nous avoir fait don du mariage et du sacerdoce comme deux façons de rendre visible et palpable l’appel à l’amour et au don que le Seigneur nous adresse, pour révéler au monde que Dieu est amour et don.
P. Christophe Disdier-Chave, vicaire général.
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