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le message du vicaire général

 

 
   
 


 
 

           

Impossible célibat ?

 

 

En rédigeant l’éditorial du mois de juillet sur « Mariage et sacerdoce : deux façons spécifiques de réaliser notre commune vocation à l’amour » (relire ci dessous) , je ne pensais pas revenir si rapidement sur la question du célibat. Si je le fais, c’est suite à trois récents épisodes des séries télévisées parmi les plus regardées du paysage audiovisuel français : Joséphine, ange gardien, Louis la Brocante et Commissaire Brunetti. Chaque scénario mettait en scène un prêtre qui avait une relation amoureuse secrète (dont un avec un homme). L’héroïne principale du premier feuilleton, la sympathique Mimie Mathy, se rend chez l’évêque du prêtre concerné et lui demande très directement : « Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de revenir sur cette règle du célibat des prêtres ? »

Cette question certains, y compris dans l’Eglise, se la posent. Elle serait, d’une part, la solution à la crise des vocations. Je constate cependant que les  confessions chrétiennes ou les autres religions qui ont des « ministres » mariés, peinent tout autant que nous sur la question des vocations. Au sein même de notre Eglise catholique, certains ministres ordonnés, les diacres permanents, sont majoritairement des hommes mariés, ce qui n’empêche que beaucoup de ceux à qui l’on pose la question de réfléchir à l’éventualité de cette mission, n’y répondent pas positivement.

D’autre part, le mariage des prêtres règlerait tous les problèmes d’équilibre affectif qu’ils peuvent rencontrer. Le mariage les épargnent-ils à coup sûr aux conjoints ? Je pense, en ce qui me concerne, qu’aucun état de vie n’assure (même s’il y contribue) l’équilibre humain et spirituel d’une personne si celui-ci n’est déjà suffisamment assuré avant l’engagement !

On nous donne en exemple des prêtres qui ont des difficultés affectives pour justifier l’abandon du célibat mais pourquoi ne pas montrer, aussi, tous ceux qui le vivent de manière joyeuse et équilibrée ?

Alors, impossible célibat ? Avant d’être une règle ou une décision d’ordre disciplinaire, le célibat est un choix spirituel de l’Eglise d’Occident. Le cadre forcément très limité de cet éditorial ne permet pas d’en analyser toutes les raisons. Il serait bon, afin de mieux entrer dans cette logique spirituelle, de pouvoir relire, et travailler, le n°16 du décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres, ainsi que l’encyclique du pape Paul VI consacrée au célibat sacerdotal. Ces documents nous aident à sortir des fausses évidences concernant le sujet !

Pour moi, le célibat témoigne que la relation intime et vivante avec la personne du Christ peut rendre heureux et épanoui et qu’il y a une autre voie que celle de l’union des corps, si grande et si belle soit-elle, pour permettre à une femme et à un homme, d’être équilibrés, bien dans leur peau. Puissiez-vous croire que nous éprouvons dans notre âme et notre corps, dans toute notre vie, la plénitude de la joie que suscite la relation intime et vivante avec le Christ ? Mon célibat, librement réfléchi, et mûrement choisi au cours de sept années de formation, se veut être le signe de l’amour pastoral du Christ pour chacune et chacun de celles et ceux à qui il m’envoie. J’ai fait le choix de n’avoir aucune personne privilégiée dans ma vie (épouse) afin que chacune et chacun d’entre vous se sente aimé de façon personnelle, unique et particulière. Je n’ai personne de privilégié dans ma vie et dans mon cœur pour privilégier chacune et chacun d’entre vous comme si vous étiez unique à mes yeux, car vous l’êtes pour le Christ. Mon célibat témoigne que ma vie n’appartient à personne, ni même à moi-même, mais qu’elle appartient seulement et exclusivement au Christ qui en fait don à toutes celles et tous ceux à qui il m’envoie pour agir à travers les actes de mon ministère.  Quand Dieu appelle un homme à faire l’offrande de toute sa vie, corps et âme, il lui donne les moyens de répondre à cet appel pour qu’il soit source de fécondités pour le prêtre lui-même et pour le corps ecclésial qu’il est appelé à aimer et à servir, pour lequel il doit être disponible à tout quitter pour répondre aux appels de la mission (ce que favorise le célibat).

Toute vocation comporte ses difficultés et ses combats ; c’est vrai aussi pour les époux. Est-ce parce que la fidélité conjugale est parfois difficile à vivre qu’il faudrait la remettre en cause ? Nous avons des moyens humains et spirituels pour vivre le plus sereinement possible nos vocations respectives. Nous avons aussi à nous aider réciproquement à les vivre.

 

Non, le célibat n’est pas impossible !

Il est don de Dieu pour son corps qui est l’Eglise. Puissions-nous nous aider à en comprendre toutes les richesses et à les vivre !

P. Christophe Disdier-Chave

Vicaire Général

 

relire en parallèle l'édito de juillet !!!

 

Mariage et Sacerdoce :

deux façons spécifiques

de réaliser notre commune vocation à l’amour

 

 

En cette période d’ordinations (2 pour notre diocèse - voir ...) et de mariages, j’aime à me rappeler ce qu’affirmait le Pape Jean-Paul II «Appelé à l’existence par amour, l’homme est appelé à l’amour… La Révélation chrétienne connaît deux façons spécifiques de réaliser la vocation à l'amour de la personne humaine, dans son intégrité : le mariage et la virginité » (Familiaris Consortio, n°11).

 

Le célibat sacerdotal (que je place dans la catégorie de la virginité) n’est pas un renoncement à l’amour. Le célibat, comme le mariage, est d’abord appel, choix positif. En vous mariant vous avez choisi une personne. En m’engageant dans le célibat sacerdotal j’ai choisi moi aussi une personne, vivante et agissante : le Christ mort et ressuscité. Il n’est pas un homme du passé ; il est présent et agissant en nos vies, dans l’Eglise et le monde. Mon célibat témoigne que le Christ, comme vous votre conjoint, peut remplir une vie.

 

Je n’ai pas d’abord choisi le célibat, j’ai choisi le Christ, l’amour du Christ. Ce Christ qui peut combler ma vie, la rendre heureuse et épanouie, différemment, certes, mais non moins réellement que vous, conjoints, vous pouvez vous épanouir et vous rendre heureux réciproquement.

 

Y a-t-il un état de vie plus parfait ? A proprement parler, non ! Ces deux états de vie, différents, ne s’opposent pas ; ils ont besoin l’un de l’autre. Ce sont deux routes vers l’appel à l’amour, au don et à la sainteté. Chaque état est parfait pour celui qui y est appelé. Mariage et célibat consacré (religieux et prêtres), sont deux façons de répondre à l’appel du Christ à le suivre ; ce sont deux façons différentes, pour des baptisés, de réaliser la « sequela Christi », de suivre le Christ, à faire, comme lui, de leur vie, un « je t’aime » pour Dieu et pour leurs frères.  (Je n’oublie pas les célibataires, notamment ceux qui n’ont pas fait le choix de ce célibat ; eux aussi, dans la situation qui est la leur, sont appelés à aimer. Je n’oublie pas non plus les veuves et les veufs ; ils sont signes de l’amour plus fort que la mort).

 

Le choix de l’amour exclusif du Christ dans le célibat témoigne auprès de vous, chers hommes et femmes mariés, que c’est en lui, et en lui seul, que tout homme peut trouver comme à tâtons tout ce qu’il recherche en plénitude, au sujet de la vie, de l’amour, du présent et de l’éternité. Seul le Christ peut combler totalement et parfaitement une vie. Le célibat témoigne de cette conviction de Saint Augustin : « Tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ». « Le célibat consacré libère le mariage et chacun des deux conjoints, du poids insupportable de devoir être le Tout (pour l’autre ; ne demandez, n’exigez jamais cela de l’autre, n’ayez pas cette prétention envers l’autre) et remplir l’Office de Dieu » (P. Cantalamessa). Cela ne déprécie pas la vie conjugale ou l’importance de l’amour du conjoint ; mais nulle femme, nul homme, ne pourra complètement et parfaitement combler la soif d’amour qui habite un cœur humain. L’autre, le conjoint, est la pierre d’attente, de l’Epoux, de l’Amour avec un grand A, qui seul fera qu’il n’y aura plus aucun espace entre mon besoin d’aimer et sa réalisation.

 

Le choix de l’amour dans le mariage, que vous avez fait, chers conjoints, nous rappelle, à nous consacrés, qu’à votre exemple nous sommes appelés à la fidélité pour toujours, au don de nous-mêmes, au pardon…

 

Vous, chers amis mariés, et moi, célibataire ordonné, nous exprimons l’amour. Vous, dans sa dimension singularité, en polarisant votre amour sur votre conjoint. Moi, en mettant toutes mes forces, toutes mes énergies affectives, en les mettant, effectivement, au service de l’amour de tous les hommes, je rends présent la dimension universelle de l’amour de Dieu.

 

A la suite du Christ, époux et prêtres nous témoignons qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, pas de plus grand amour que de se lier à un A(a)utre . « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle » (Eph 5, 25). Et bien, vous et moi, sommes appelés au don total de nous-mêmes à celle, celui que nous aimons. Nos deux états de vie reflètent l’unique vocation de la personne humaine : le don conjugal de nous-mêmes. Vous et moi devons aimer et aimer comme le Christ a aimé l’Eglise, en nous livrant. Notre vocation commune, époux et ministres ordonnés, c’est de recevoir, aimer et servir jusqu’à notre dernier souffle ici bas ; vous la vie de votre conjoint, moi celle des hommes et des femmes que le Christ me confie dans son Corps qui est l’Eglise.

 

« Aimer c’est tout donner et se donner soi-même » (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus). Rendons grâce à Dieu de nous avoir fait don du mariage et du sacerdoce comme deux façons de rendre visible et palpable l’appel à l’amour et au don que le Seigneur nous adresse, pour révéler au monde que Dieu est amour et don.

P. Christophe Disdier-Chave, vicaire général.

 

         

 

 
 
 
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