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Vœux du presbyterium et du diocèse à Monseigneur François-Xavier Loizeau, par le Père Christophe Disdier-Chave, vicaire général. Le Barteù, 21 janvier 2011.

 

 
   
 

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« La Bible dans une main, le journal dans l’autre » définit pour Karl Barth, l’attitude chrétienne. Il en est, me semble t’il une autre, que je vous propose au seuil de cette nouvelle année : un œil dans le rétroviseur, un autre fixé devant !

L’œil dans le rétroviseur n’a pas pour objectif de nous lamenter sur le passé ou nous en retenir prisonniers ni faire de nous des nostalgiques mais cela nous permet de pouvoir mesurer le chemin parcouru, repérer les trous et les bosses qui nous ont fait tanguer, afin de pouvoir envisager sereinement l’avenir et regarder devant avec confiance pour continuer le chemin.

Que voyons-nous dans le rétroviseur ? L’année 2010. Elle a connu ses heures de lumière mais aussi ses zones d’ombres. Il y a des moments que l’on aimerait oublier ou ne jamais avoir connus. Mais ils sont et il nous faut les accepter, les analyser pour en tirer les conséquences afin de ne pas retomber dans les mêmes ornières et rectifier la trajectoire. Tel fût le cas de la situation économique et financière que nous avons découverte au seuil de l’été. Il n’est pas le lieu d’analyser, ici et maintenant, les raisons et les responsabilités individuelles ou collectives, présentes ou passées qui ont conduit à cet état de fait mais il faut l’assumer, nous serrer les coudes, sans supprimer le légitime débat et, surtout, prendre les mesures, parfois très difficiles qui s’imposent, surtout quand elles concernent les personnes, pour redresser la situation. Il est encore temps ; trop tarder nous fragiliserait encore un peu plus et rendrait extrêmement difficile le redressement. Ces mesures, Monseigneur, sur proposition du conseil économique diocésain, vous avez commencé à les prendre. Ce n’est vraiment pas facile pour vous car cela vous oblige à revenir sur des choix pastoraux qui vous tiennent à cœur. Ces choix n’ont pas toujours été compris et partagés mais je puis témoigner que vous n’avez jamais fait un choix sans consulter et demander différents avis. De plus, certaines réactions ou critiques vous ont, je dois le dire, profondément blessé ; le texte que vous avez inséré dans « Eglise de Digne » de janvier en est le témoin. Il n’est pas question pour vous de faire taire le débat ou de museler la parole mais il me semble qu’avant d’émettre un point de vue ou une critique il faudrait vérifier, un tant soit peu, la justesse et l’ajustement de nos réactions, essayer de comprendre ce qui a motivé telle ou telle décision, demander une explication, accepter de croire qu’une mauvaise décision n’est pas forcément la décision qui ne correspond pas à ce que j’aurais décidé... Le débat n’y perdrait rien et serait plus constructif, respectueux des personnes et charitable.

Mais, dans le même temps, vous avez été aussi très touché par la réaction solidaire de notre presbyterium, notamment lorsque vous avez proposé une réduction temporaire de notre traitement mais aussi par l’énorme effort consenti pour l’augmentation de nos recettes, notamment le Denier de l’Eglise et la quête du 15 août. Tout le monde a accepté de relever les manches et les résultats sont là ! Il ne faut pas baisser la garde mais les résultats de la campagne 2010 sont encourageants. Vous avez également admiré la réaction de la plupart des laïcs en mission ecclésiale, parfois durement touchés par les mesures les concernant, mais dont la plupart ont manifesté un véritable sens ecclésial.

Les turbulences économiques, si importantes, difficiles et douloureuses soient-elles, ne résument pas tout ce qui s’est passé dans la vie de notre Eglise diocésaine au cours des mois écoulés.

Nous ne pouvons pas oublier l’évènement de grâce qu’a été pour notre Eglise diocésaine, l’ordination diaconale de Franck Savornin et l’ordination sacerdotale de Jean Boudoux mais aussi l’ordination diaconale de Raphaël Gonzalez qui bien qu’ordonné pour l’Eglise de Fréjus-Toulon sert chez nous dans le nouveau secteur de Gréoux, Valensole et Vinon. Nous avons eu aussi la joie d’accueillir les pères Adolfo et Franklin de l’Institut de vie apostolique de l’Immaculée Conception, institut née en Colombie. Tous ces nouveaux ouvriers envoyés pour la moisson aident notre Eglise à continuer sa mission, ancienne et toujours nouvelle, d’ « Evangéliser dans l’amour ».

Nous avons également rendu grâce, au cours de l’année, pour les 25 ans de présence parmi nous des frères de Saint Jean.

L’année sacerdotale a été l’occasion, en janvier dernier, d’un beau temps fort vécu en presbyterium à l’occasion d’un pèlerinage à Ars.( voir textes et photos ) Là, à l’écoute et à l’école de notre saint patron, le curé d’Ars,  nous avons voulu grandir dans l’intimité avec le Christ et nous mettre à nouveau à l’école de sa charité pastorale pour nous laisser façonner un cœur semblable au sien.

Dans la joie nous avons fêté le jubilé sacerdotal de plusieurs d’entre nous : Thierry Cazes, Charles Honoré, Callixte Audiffred, André Bernard, Gaston Savornin et André Demeillers. En juillet dernier, c’est avec beaucoup de joie et d’émotion, que vous avez célébré, Père, entouré d’une quarantaine de personnes, la Messe dans la crypte de Notre Dame du Bourg, magnifiquement restaurée et inaugurée officiellement le 24 juin.
( voir textes et photos de la Fête de la dédicace - 15 juillet 2010)
La Messe n’y avait plus été célébrée sur l’autel carolingien depuis près de 8 siècles. Chaque année, vous-même et vos successeurs, pourront y célébrer l’Eucharistie à la date anniversaire de la dédicace, le 15 juillet.

Nous avons également vécu des évènements plus douloureux. Nous avons célébré la Pâques d’Alphonse Isnard, Maurice Hubler, Alfred Rayne et André Bernard ( voir "In Mémoriam" ) qui sont maintenant nos intercesseurs auprès du Père ; c’est une autre façon, pour eux, de continuer à servir notre Eglise diocésaine ! Plusieurs d’entre nous ont également perdu un ou des êtres chers au cours de l’année. Mais la peine de leur départ ne doit pas nous faire oublier la grâce de les avoir connus et tout ce qu’ils ont apporté par leur vie et/ou leur ministère. Les larmes n’empêchent pas l’Alléluia de l’action de grâce pour ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont fait.

Après 15 ans de présence pour les premières et 4 ans pour les secondes, les Petites Sœurs du Père de Foucauld et les sœurs du Bon Pasteur d’Angers, ont dû se résoudre, ce fût difficile pour elles et pour nous, à quitter notre diocèse devant l’impossibilité de renouveler et rajeunir leurs communautés présentes à Annot et à Volx-Villeneuve.

 

Et puis, il y a tout ce qui s’est passé de moins visible, de moins repérable, dans le cœur, la vie et la mission de chacun, tout l’ « ordinaire » des jours et de la mission mais qui est le lieu extraordinaire de déploiement de la grâce et de l’action de Dieu. C’est pour chacun l’occasion de rendre grâce.

Ce regard rétrospectif ne doit pas nous empêcher de regarder en avant.

Dans chaque secteur ont été choisies les orientations diocésaines ( à lire ici ) à mettre en œuvre pour un renouveau de nos personnes et de nos communautés. L’objectif principal des années qui viennent sera d’inscrire concrètement ces orientations dans la vie et la pratique de nos secteurs. Entre octobre 2011 et juin 2014, date probable de la fin de votre épiscopat chez nous, vous effectuerez, Père, des visites pastorales dont le but sera d’évaluer la mise en œuvre de ces orientations et les fruits qui en auront découlé pour l’évangélisation de cette terre et de ses habitants avant que vous ne passiez le témoin à un autre.

Mais vous souhaitez, Monseigneur, faire de ces trois années qui vous restent chez nous, des années utiles, des années actives. Tous ensembles, prêtres, diacres et laïcs, nous vous aideront à faire face aux enjeux de la mission sur cette belle terre de Haute-Provence. De quoi seront faits les 348 jours qui nous restent peut-être à vivre cette année ? Nul ne le sait. Mais ce que nous savons c’est que l’Esprit Saint ne nous fera pas défaut pour discerner les signes et les appels du monde d’aujourd’hui. Les signes d’inquiétudes, les signes d’essoufflement, personnel ou communautaire ne manquent pas. Nous sommes peut-être parfois tentés comme Moïse ou Elie de baisser les bras, de renoncer, de dire au Seigneur : « Cherches en un autre ». Mais la Foi, l’Espérance et la Charité nous pressent car nous percevons aussi les attentes de nos contemporains même si nous ne savons pas toujours comment y répondre hic et nunc, nous n’oublions pas non plus que nous avons répondu à la question du Seigneur : « Qui enverrai-je ? Me voici, Seigneur, envoie-moi ». ! Pour l’Eglise les temps sont rudes pour l’Evangile mais n’en n’a-t-il pas été souvent ainsi ! Dès le départ, Saint Jean nous l’a rappelé dans l’épisode de la pêche miraculeuse, l’Eglise et les Apôtres ont ramé sans succès. Mais nous savons que le Seigneur nous précède en Galilée et sur tous les rivages où nous devons aller. Il est présent, il travaille avec nous et nous invite à un regard positif sur nous-mêmes, nos communautés et l’immensité de celles et ceux qu’il veut rejoindre par notre ministère. Il n’abandonnera jamais son Eglise. L’herbe nous semble toujours plus verte dans le pré d’à côté, c’est pourquoi nous avons parfois du mal à repérer les signes de vitalité de notre Eglise ; ils sont modestes, ils sont fragiles, mais ils sont réels. Je puis vous dire que, notamment à l’extérieur, beaucoup envient ce qu’ils perçoivent de la qualité de ce que nous vivons entre nous, des initiatives qui sont prises et des expériences tentées… La mission n’a jamais été facile elle se heurte aux résistances de toutes sortes dont les premières sont dans mon cœur ; un cœur souvent lent à croire, résistant à se laisser transformer… Alors, plutôt que de nous lamenter, ce qui ne change rien, n’arrange rien et démobilise, revenons aux sources de la mission. Envoyer en mission est, pour Jésus, j’allais dire, une nécessité de nature. N’est-il pas, lui-même un « envoyé » ? «Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie.» La mission, l’envoi, s’originent dans « le coup de cœur éternel de Dieu pour l’humanité ». Nous sommes les instruments dont le Seigneur a voulu avoir besoin pour rejoindre les hommes mais le premier acteur et le moteur principal de la mission c’est son Esprit Saint. Sachons, tout au long de l’année, nous mettre à son écouté, dans le dialogue, vrai et constructif, la collaboration et la charité fraternelle pour, ensemble, vivre les joies et les satisfactions que nous rencontrerons mais aussi surmonter les difficultés et les épreuves que nous saurons partager et porter ensemble. Le plus beau vœu que nous puissions formuler les uns pour les autres c’est d’être dociles à l’Esprit Saint car, « voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23).

 
 

           

Christophe Disdier- Chave,

 

 

         

 

 
 
 
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