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Dans l’histoire des hommes lorsqu’un tombeau s’ouvre c’est toujours pour y déposer le corps d’un être cher. Or, voilà qu’une fois, une seule fois dans l’histoire des hommes, un tombeau s’est ouvert non pas pour y accueillir un mort mais pour en laisser sortir un vivant. C’était au matin de Pâques, le tombeau ouvert de Jésus ressuscité. Et depuis ce jour là, ce tombeau ouvert tient aussi notre histoire ouverte. Nous ne sommes pas un cortège d’ombres en marche vers le néant mais des hommes et des femmes en marche vers la vie définitive en Dieu. La prochaine béatification de Jean-Paul II nous indique le terme de notre route, « la Jérusalem d’en haut, là où nos frères les saints rassemblés chantent sans fin la louange de Dieu, joyeux dans sa lumière », comme le chante la Préface de la Toussaint.
Au matin de Pâques, Saint Jean, arrive le premier au tombeau ; son amour fou pour le Christ et sa jeunesse sa jeunesse lui ont donné des ailes. Mais il laisse Pierre entrer le premier ; Pierre sur lequel le Christ a fondé son Eglise, l’Eglise dont la mission, jusqu’à la consommation des siècles, est de témoigner de la Résurrection du Seigneur. Quand Jean entre, il vit et il crût. Curieux ; il n’y avait rien à voir mais c’est justement cela qui provoque sa foi. Le corps mort de Jésus n’est plus là. La mort dans le mort a disparu. La vie éclate de cette absence. Rien n’a bougé, preuve qu’il n’a pas été enlevé. Il a été relevé. Nous ne savons pas comment s’est passée la Résurrection mais nous savons pourquoi. Notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants (Lc 20, 27-38). Il ne peut nous abandonner à la mort ni laisser ses amis vois la corruption, comme le chante le psaume (Ps 16,10).
Dieu est celui qui, à l’origine, a fait surgir la vie du néant ; il saura, dans son amour, faire surgir la vie de ma mort. La Résurrection de Jésus s’est faite sans bruit, dans le souffle discret de l’amour qui ne veut ni ne peut s’imposer. Il y a dans le tombeau vide assez de lumière pour croire mais pas trop pour ne pas forcer notre adhésion.
Le Christ est ressuscité. Dans une naissance, lorsque la tête est passée, ce qui est le plus délicat et le plus difficile, le corps tout entier passe. Le Christ est notre tête, nous sommes les membres bien aimés de son corps !
Mais la Résurrection n’est pas que pour après cette vie. Par le baptême nous sommes nés à une vie nouvelle. Saint Paul écrit : « Vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col. 2, 12-13). Notre vie doit être signe de cette vie nouvelle, elle doit être signe de la Résurrection.
Nous avons dès maintenant, avec la grâce du Christ, à sortir du « tombeau » où nous enferme l’égoïsme pour faire de notre vie une louange à Dieu et un don à celles et ceux que la vie a mis sur notre route.
Il nous faut dès maintenant, rouler la pierre, celle du découragement qui nous fait douter de l’avenir, et parfois des autres et de nous-mêmes ?
Trop souvent nous nous couvrons d’un linceul d’indifférence et de passivité face à la souffrance et à la peine d’autrui.
Tant de résurrections quotidiennes nous attendant dans notre vie conjugale, familiale, sociale, communautaire, Elles seront le signe que le Christ est vivant et transfigure celles et ceux qui accueillent et vivent vraiment sa résurrection. Nous n’avons qu’une mission : rendre visible et lisible l’amour de Dieu. Dans le baptême il nous dit : « viens à moi. Puise en moi la capacité d’aimer comme moi », mais il nous dit, aussi, « va » ! Va à la rencontre de tes frères en humanité. Va pour vivre dans la logique de ce que tu as reçu : Fais de ta vie un je t’aime pour Dieu et pour tes frères, car celui qui aime, est déjà passé de la mort à la vie ( 1 Jn 3, 14).. Qui croira que Dieu est amour et Résurrection, qui croira que son amour est source de joie et que ça vaut la peine de le suivre si nous ses disciples ne vivons pas concrètement de cet amour et de cette vie? Avant d’être une vérité de Foi, la Résurrection est une bonne nouvelle à accueillir, une expérience à faire dont nous avons à être les artisans au cœur du monde !
Je le sais, la foi en la Résurrection ne supprime pas notre mort ; elle n’est pas de l’ordre de l’évidence surtout quand les épreuves personnelles, les catastrophes naturelles ou les guerres nous obscurcissent l’horizon. Notre foi est comme la flamme du cierge pascal, fragile, vacillante mais elle brille, malgré tout, et nous tient debout pour éclairer notre chemin. Dieu ne supprime ni n’explique nos épreuves, qu’il ne nous envoie pas, mais il les remplit de sa présence. Dans sa souffrance et sa mort il les a partagées et sait ce que nous éprouvons quand elles nous atteignent. La foi n’est pas la possession tranquille et béate de vérités toutes faites pour nous endormir et qui nous ferait traverser la vie comme un long fleuve tranquille. Notre foi est humaine, elle s’affronte et se mesure à notre cœur, à notre intelligence, à notre sensibilité touchés au vif. La foi, nous rappelle le Saint Père, est l’acte par lequel nous prenons la main de Jésus et à travers lequel il prend notre main et nous guide, sa main nous soutient et nous porte. En cette fête de Pâques, le Seigneur murmure au cœur de chacun de nous, « Tu es sous la protection de mes mains. Tu es sous la protection de mon cœur, tu y trouveras toute l’étendue de mon amour pour toi. Reste dans l’espace de mes mains et donne-moi les tiennes. Je suis ressuscité et maintenant je suis pour toujours avec toi. Ma main te soutient. Où que tu puisses tomber, tu tomberas dans mes mains. Je suis présent avec toi tous les jours de ta vie, je serai présent jusqu’aux portes de la mort. Là où personne ne peut plus t’accompagner et où tu ne peux rien emporter, là je t’attends, aussi, et je changerai pour toi les ténèbres en lumière. Avec moi tu vivras pour toujours. Je te prendrai par la main, je te relèverai afin que tu marches pour toujours avec moi sur la terre des vivants ».
Père Christophe Disdier-Chave, vicaire général.
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