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La fin de l’année pastorale coïncide, dans les diocèses, avec des changements de lieux ou de type de mission pour les prêtres. Chez nous, six vont changer de mission ou quitter leurs communautés paroissiales actuelles (il serait plus juste de dire, les communautés que le Christ leur a confiées) pour en rejoindre d’autres. C’est parfois difficile ! C’est un arrachement, pour les ministres ordonnés et les fidèles laïcs concernés car, jour après jour, dans les joies et les peines partagées, des liens humains et spirituels se créent. Mais, en même temps, prêtres, nous devons rester libres et disponibles pour la mission, pour continuer la tâche de l’Eglise qui est d’ « Evangéliser dans l’amour » et, malgré leur attachement légitime pour nous, les communautés doivent nous laisser aller.
Prêtres, nous voulons de plus en plus ressembler au Christ-Pasteur, l’ « imiter » dans sa disponibilité. Le Christ, en venant dans le monde, a fait siennes les paroles du psaume : «Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébr. 10 : 5 ss ; cf. Ps. 40 : 7-9). Comme le disait le cardinal Urs von Balthasar, le Christ est «la parfaite mise de soi-même à la disposition de Dieu qui devient d’elle-même parfaite mise à la disposition des hommes». Notre vie ne nous appartient plus. Elle appartient au Christ-Pasteur qui fait de notre vie un don au service de son amour. Nous ne choisissons pas nos lieux de mission. Nous allons là où Il nous envoie par le ministère de l’évêque. Où que nous allions, le seigneur nous précède ; nous y trouvons des frères et sœurs à aimer et à servir en son nom. Ces paroles ne sont pas des mots pour « faire avaler la pilule », des arguments pour justifier ou faire accepter les changements dans lesquels les ministres ordonnés seraient traités comme des pions sur l’échiquier stratégique et opérationnel de l’évêque, où les communautés ne seraient pas considérées avec respect et devant accepter la volonté autoritariste de l’autorité diocésaine. Nous sommes là, face à une logique qui n’est pas celle du « monde » et que le « monde » a du mal à comprendre et que nous aussi, avouons-le, avons parfois, humainement, du mal à comprendre et à accepter.
Nous avons choisi de ne pas décider par nous-mêmes de nos lieux de mission, de remettre la logique et le plan de notre vie dans les mains d’un Autre, le Christ et « à cause de lui », dans les mains d’un autre, l’évêque auquel, au jour de notre ordination, nous avons promis de vivre avec lui dans le respect et l’obéissance. «Celui qui obéit est assuré d'être vraiment en mission, à la suite du Seigneur et non porté par ses propres désirs ou ses propres aspirations. Il est ainsi possible de se savoir conduit par l'Esprit du Seigneur et soutenu par sa main ferme, même au milieu de grandes difficultés » (cf. Ac 20,22) (Jean-Paul II, Vita consecrata, n°92).
Libres de tout attachement pour aimer et pour servir.
La diminution du nombre des ministres ordonnés rend de plus en plus difficile le fait de pouvoir concilier les aspirations humaines, légitimes, et les besoins de la mission. Mais puissiez-vous croire que l’évêque, en tenant compte de la personnalité des prêtres, de leurs charismes et de leurs compétences et des besoins des communautés essaie de tenir ensemble ces deux données d’égale dignité, de même que l’équilibre entre dialogue et obéissance, autorité et coresponsabilité.
Le chemin de l’amour et de la mission, à la suite de Jésus, fait parfois de nous des émigrants, des déplacés. Les anciennes moniales appelaient cela, « peregrinari pro amore Christi », se faire pèlerin pour l’amour du Christ et pour en témoigner. C’est ce chemin que nous avons choisi !
Que le Seigneur accompagne ceux qui vont avoir à se déplacer, géographiquement, mais aussi intérieurement. Que le « Fiat » sans réserve de la Vierge Marie soit leur lumière et leur courage. Que notre prière fraternelle et notre disponibilité à les laisser partir, malgré la peine légitime, soient leur soutien.
Christophe Disdier- Chave,
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