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Il y a des événements et des rencontres qui marquent profondément et provoquent un véritable bouleversement intérieur. Tel fût, pour moi, la rencontre avec notre Eglise sœur de Bafia au Cameroun. Une seule rencontre ne suffira pas pour mesurer toute l’ampleur et la profondeur de ce que j’ai vécu et commencé à découvrir de cette terre et de ses habitants. Un jumelage est, justement, l’occasion de prendre le temps de se découvrir réciproquement et en profondeur, de s’enrichir mutuellement de nos différences, différences qui sont des richesses à recevoir et à partager. Je souscris à ce qu’écrit Francis Lalanne : « Aujourd’hui, dès qu’on parle de différence, on parle division. Alors qu’on devrait parler de richesse ».
L’accueil reçu du 2 au 13 décembre dernier par la délégation de 4 personnes, que j’ai conduite, fût touchant de disponibilité, de générosité et de fraternité. Nous avons vécu profondément le mystère de l’Eglise. Pour paraphraser l’Apôtre Saint Paul (Ga 3, 28), nous avons vraiment expérimenté qu’il n’y plus ni français, ni camerounais, ni noir, ni blanc, car tous, nous sommes un en Jésus-Christ.
Pour un français, chrétien, le choc est considérable au niveau économique, culturel et ecclésial.
Le Cameroun est loin d’avoir l’aisance matérielle dont nous disposons en Europe. La nourriture, l’eau, l’électricité, les moyens de transport ne sont pas à disposition immédiate et en quantité illimitée. Les maisons ne disposent pas, loin s’en faut, de tout le confort dont nous jouissons en France. Combien de femmes ai-je vu faire la cuisine, dehors, sur des feux de bois ! Dire que nous nous plaignons et que nous usons des biens matériels comme s’ils étaient inépuisables. La grande majorité de nos contemporains et concitoyens ont de quoi manger et vivre plus que convenablement (même si certains vivent très difficilement, je le sais), tandis que d’autres, ailleurs sur la planète, ne mangent pas toujours à leur faim. Il ne s’agit pas de se culpabiliser mais de réfléchir, au niveau personnel et sociétal, micro et macro-économique pour voir comment mieux répartir les biens et les richesses car on sait qu’il y a assez de ressources sur notre terre pour que tout le monde puisse manger. Nous sommes frères et sœurs les uns des autres, nous devons avoir le souci fraternel de chacun : « Qu’as-tu fait de ton frère » (Gn 4,9), demande Dieu à Caïn et… à chacun de nous ! « Suis-je le gardien de mon frère ?», répond Caïn ? A cette question il nous faut entendre le Seigneur nous dire : « Oui, tu l’es ». La vie doit être un compagnonnage et un gardiennage fraternel ! Nous ne pouvons pas accepter passivement et égoïstement ces déséquilibres et ces inégalités ! C’est un devoir pour nous de partager avec nos frères et sœurs de l’Eglise de Bafia ; elle est limitée en moyens matériels, mais riche de mille projets pour la promotion humaine et spirituelle des enfants, des hommes et des femmes qui vivent sur cette terre si belle et attachante (Centre de Documentation, Centre de Soins, projet eau potable, formation des petits et des grands séminaristes…). Notre diocèse par le comité de jumelage et la kermesse des missions participe à ces projets.
Mais un jumelage ne se réduit pas à son aspect financier, même s’il est important. Quelques jours passés dans ce diocèse rappellent que le bonheur, la croissance, le développement ne sont pas qu’économiques. Le développement doit être un développement intégral qui passe aussi par l’attachement aux valeurs familiales, l’entraide, le soutien réciproque, le respect et la défense de la vie, la solidarité entre générations, la prise en compte que l’homme n’est pas qu’un être de besoins matériels … Ces valeurs là sont encore très présentes sur la terre d’Afrique.
Le bonheur n’est pas que de l’ordre du bien être économique et financier, il vient aussi du rappel que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Le Cameroun n’a pas oublié qu’il avait une âme ! La foi fait partie intégrante de la vie. Une foi joyeuse, dynamique, simple et communicative qui aide à porter les joies et les épreuves de la vie. Elle n’est pas ici de l’ordre de « l’opium du peuple » mais elle est la force, qui ouvre à la solidarité et à la joie de vivre. Elle est ce roc qui aide à ne pas baisser les bras et à lutter pour plus de justice, d’égalité, pour le développement de tout homme et de tout l’homme ; cet homme qui est toujours vu dans sa globalité. Le développement prend en compte toutes les dimensions d’une vie humaine. C’est tout cela qui explique que je n’ai pas vu, dans ce pays, un enfant, une femme, un homme qui ne souriait pas, ne chantait ou ne dansait. Quelle leçon sans parole de dignité, d’Espérance et de Foi.
Voilà ce que notre jumelage peut nous aider à garder ou à redécouvrir ici en France.
Merci, chère Eglise de Bafia, pour le beau chemin intérieur que tu m’as permis de vivre : un chemin de dépouillement, un chemin de relativisation de nos difficultés, un chemin d’Espérance en ce Dieu qui n’abandonne jamais ceux qui se confient en Lui. Oui, le Cameroun est un beau, un très beau pays. Le contact avec toi m’a fait faire un exode intérieur vers plus de simplicité et de confiance, me donne de goûter plus pleinement l’instant présent, de savoir prendre le temps et de ne plus céder à l’urgence, de chercher l’unique nécessaire, de me réjouir de ce qui est simple. Merci, Eglise sœur, et terre d’Afrique : tu es riche de mille richesses que tu peux nous apporter et partager avec nous ! Merci de m’avoir ennobli de tant de ces richesses que je ne manquerai pas de venir puiser plus pleinement et plus longuement auprès de toi. Ce n’est qu’un au-revoir, Bafia. Oui, nous nous reverrons bientôt… très bientôt.
P. Christophe Disdier-Chave – Vicaire Général

Monseigneur Bala, évêque de Bafia (Cameroun) et le Père Christophe Disdier-Chave, vicaire général de Digne

En visite à la Paroisse St Athanase de Bafia

La délégation de Digne rencontre la communauté des Sœurs Xavières à Yaoundé.

En visite à la paroisse de Yoko, premier lieu de mission des Sœurs de Digne en 1957.

Mise en scène de la Nativité par les enfants de l’école maternelle catholique de Bafia

Participation de la délégation de Digne à la Kermesse des Vocations de Bafia

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