|
La Toussaint, que nous venons de célébrer, est la fête de la vie, la fête des vivants, la fête de ces hommes et de ces femmes qui ont mis l’amour au cœur de leur existence et dès lors rien, pas même la mort, ne les a séparés du Dieu vivant. Au premier rang figurent les saints qui ont marqué notre histoire humaine et chrétienne d’un trait de lumière : la Vierge Marie, les Apôtres, les Martyrs c'est-à-dire ceux qui ont rendu témoignage au Christ jusqu’à leur dernière goutte de sang. Saint François, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le Bienheureux Jean XXIII, la Bienheureuse Mère Térésa, le Bienheureux Jean-Paul II. Ici, chez nous, en Haute-Provence, Saint Vincent et Saint Domnin, Saint Mayeul, Saint Jean de Matha, Sainte Tulle et Sainte Concorce, Sainte Elzéard et Bienheureuse Delphine, Sainte Douceline… Mais la liste des saints ne se limite pas à celles et ceux dont les statues ornent les murs de nos églises ou de nos chapelles. Dans la foule innombrable des amis de Dieu, il faut compter aussi celles et ceux qui plus modestement et secrètement mais non moins réellement ont fait de toute leur vie un ‘‘je t’aime’’ pour Dieu et pour leurs frères en humanité. La sainteté est le dessein que Dieu forme pour nous et que l’Apôtre Paul nous donne de contempler dans l’épître aux éphésiens : ‘‘Qu'il soit béni, le Dieu et Père de notre Seigneur, Jésus, le Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l'Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant que le monde fût créé, pour être saints et sans péchés devant sa face grâce à son amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ’’. (Eph. 1, 3-5) Oui, nous sommes prédestinés. Mais non pas au bonheur ou malheur, selon ce que nous ferions de bien ou de mal, Dieu ayant fixé par avance tous les contours de notre vie. Nous sommes appelés, c’est notre vocation, à la sainteté. Nous sommes destinés à accueillir l’amour de Dieu, à le vivre et à le rayonner. Ce qu’ont d’extraordinaire les Saints n’est pas ce qu’ils ont fait mais c’est d’avoir cru à l’amour de Dieu et de l’avoir pris au sérieux. Nous sommes nous aussi appelés à la sainteté dans la situation humaine et sociale qui est la nôtre. La sainteté n’est pas un bastion à conquérir mais une semence à cultiver. Reçue au baptême, elle se déploie dans toute la vie par un accueil incessant de l’amour et de la grâce de Dieu, au prix de chutes et de relèvements. Sur cette route de la sainteté nous avons pour compagnons et guides nos frères et sœurs parvenus au terme de leur route ici bas. Leur vie nous stimule et nous balise l’itinéraire. En les aimant, en les priant, en les prenant pour modèles c’est au Christ qui a été le cœur de leur vie que nous sommes davantage unis et il pourra faire en nous, si comme les saints nous le laissons agir, ce qu’il a fait pour eux. C’est à chacun de nous que revient d’écrire les pages actuelles de la sainteté, avec les élans et les faiblesses de notre foi, avec nos grandeurs et nos limites, avec nos humbles gestes d’humanité et notre capacité à trouver des réponses justes et généreuses aux défis de notre époque et de notre vie. Nous sommes invités à incarner dans le monde présent la sainteté, la beauté, la lumière et l’amour de Dieu. Comme l’écrit Maurice Zundel : « Il est impossible que Dieu soit une Présence réelle dans l’Histoire s’Il ne peut pas s’incarner en nous et si, à travers nous, Il n’apparaît pas aujourd’hui à tous ceux qui nous entourent comme le Visage de Lumière et d’Amour après Lequel tout le monde aspire… Dieu est un amour fragile et désarmé, qui se confie à nous, qui croit en nous, qui compte sur notre générosité et qui nous ennoblit de cette confiance infinie qu'il nous fait... Toutes les cathédrales, tous les autels, tous les calices... tout cela n'est rien auprès d'un visage humain qui reçoit la lumière de Dieu et qui la communique ».
C’est cela la sainteté !
Père Christophe Disdier-Chave
Vicaire Général
|
|