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Du 22 janvier après-midi au 24 en soirée, les prêtres du diocèse et leur évêque s’en sont allés en pèlerinage sur les traces de saint François de Sales, dans ce pays qui l’a vu naître et devenir prêtre et évêque, la Savoie.
Ce pèlerinage, comme celui à Ars il y a deux ans, se voulait un moment de fraternité sacerdotale et un ressourcement spirituel dans la mouvance de celui qui fut un apôtre, un pasteur et un directeur d’âmes aux XVI et XVIIème siècles et qui reste un modèle reconnu comme « docteur de l’Eglise ».
Sa spiritualité d’amour de Dieu en toutes choses et conditions de vie a marqué notre diocèse qui, jusqu’à ces dernières années, avait un groupe salésien, à Digne. Des prêtres et des laïcs continuent personnellement à suivre cette spiritualité. Celle-ci peut stimuler la vie pastorale des prêtres d’aujourd’hui. De notre pèlerinage, nous retirerons des fruits pour notre diocèse.
François de Sales fut, à son époque d’après le Concile de Trente et de controverses avec les Protestants, un pasteur très simple et humain avec tous et chacun, introduisant aux secrets de l’amour de Dieu et du prochain, attentif à mettre la vie spirituelle (la « vie dévote » comme on disait alors) à la portée de tous et en toutes circonstances de vie : « La dévotion, disait-il, ne gâte rien quand elle est vraie, mais elle perfectionne tout : le soin de la famille en est rendu paisible, l’amour de l’homme et de la femme plus sincère, et toutes sortes d’occupations plus suaves et aimables ». Pas de mièvrerie en tout cela, mais un humble amour des autres qui trouve en Dieu et dans la docilité à l’Esprit un équilibre de vie qui construit et rayonne la paix. Nous avons beaucoup à puiser à cette spiritualité aujourd’hui dans notre monde anxieux et soupçonneux.
François de Sales fut un grand mystique, dont deux livres « L’introduction à la vie dévote » et surtout le « Traité de l’Amour de Dieu » développent les fondements de vie spirituelle et leurs conséquences concrètes. Mais il fut aussi un grand réaliste. A quoi bon, écrit-il, bâtir des châteaux en Espagne, quand il nous faut habiter en France ? L’important c’est de vivre chaque instant, même ordinaire et banal en apparence, avec un grand amour. C’est l’amour qu’on y met qui donne valeur aux actes et non la quantité ou la difficulté des actions. « Supportez doucement les menues injures, ces petites incommodités, ces pertes de peu d’importance qui vous sont journalières, car ces petites occasions, employées avec amour sont le moyen de gagner l’amour de Dieu ». Parmi ces petites choses, il parle des menus services à rendre, des maux de tête ou de dents, d’un rhume, de l’humeur bizarre du mari ou de la femme, de la perte d’objets, du respect humain que l’on éprouve quand il s’agit de poser publiquement un geste religieux, du changement d’horaire qu’on s’impose pour aller à la messe… «Ces occasions, prises à tout moment et embrassées avec amour, elles contentent extrêmement la Bonté divine, laquelle pour un seul verre d’eau a promis la mer de toute félicité à ses fidèles». Faire ainsi le lien entre ces petites choses et l’acte d’amour suprême du Christ sur la Croix, c’est leur donner toute leur valeur. Il n’y a pas de choses insignifiantes pour ceux qui aiment. «De petites fleurs poussent au pied de la Croix : le service des pauvres, la visite des malades, le soin de la famille».
A Jeanne de Chantal, qui se confiait à lui, François de Sales lui souhaitait ceci : « Tenez votre cœur au large ! Et pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir et sa gloire votre prétention. Vivez toujours joyeuse et courageuse ! ».
C’est aussi le vœu de votre évêque en ce début d’année nouvelle !
+ François-Xavier Loizeau
Evêque de Digne, Riez et Sisteron
voir dossier sur " Anncy 2012 "
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