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Les semaines qui viennent vont être marquées par deux grands événements : l’un politique, les élections présidentielle et législative ; l’autre religieux, le temps du Carême et de Pâques-Pentecôte. Ces deux événements ne sont pas du même « ordre » mais méritent d’être rapprochés pour leurs significations et leurs conséquences.
Le temps liturgique du Carême met en valeur « l’élection » du peuple de Dieu et son entrée dans l’Alliance. Mystérieuse élection que celle voulue par Dieu entre lui et des personnes humaines (Abraham et les patriarches, Moïse et Aaron…), entre lui et un peuple élu au milieu des nations (alliances successives). Pourtant, sans la perspective de « l’élection », impossible de comprendre la volonté de Dieu sur l’histoire humaine telle que nous la rapporte la Bible. Cette élection s’exprime dans une expérience, celle d’une condition singulière due non à un concours aveugle de circonstances ou à une série de réussites humaines, mais à une initiative délibérée et souveraine de Dieu dans la vie de personnes ou d’un peuple choisi. Cette élection particulière est liée à « l’alliance » que Dieu conclut de son propre choix. Elle dit à la fois le caractère unique (seul parmi tant d’autres) et le secret intime (de la seule volonté de Dieu) qui en font le « mystère » caché en Dieu depuis les origines du monde et qui s’incarne dans le peuple de Dieu. L’origine de cette élection est une initiative gratuite de Dieu ; son but est de constituer un peuple consacré à Dieu ; son résultat est d’engager les autres peuples dans le service de Dieu. A la plénitude des temps -et nous y sommes-, Jésus sera « l’Elu » de Dieu et l’Eglise le « peuple élu » de la Nouvelle et éternelle Alliance. Ce sont ainsi tous ces thèmes de l’alliance entre Dieu et son peuple que nous allons méditer au cours de ce temps de Carême et qui seront accomplis dans la célébration de la Pâque du Seigneur et le don de son Esprit sur toutes les nations.
Tout autre est le temps politique des élections que nous allons vivre dans le peuple de France au cours des prochaines semaines. Ces élections sont le résultat d’une législation nationale pour choisir des représentants du peuple aux niveaux les plus hauts de la décision politique de notre nation. Elles vont engendrer des « alliances » -espérons-le- entre ces élus pour le bien commun de notre pays. Ce temps des élections nationales est très important pour notre vivre-ensemble et pour notre situation dans des alliances plus larges qui font l’Europe et les Nations Unies. A travers le choix d’élus bien singuliers qu’il nous faudra faire, c’est aussi et surtout le choix politique qui guidera ces élus qu’il nous faudra indiquer. A ce point donné, notre rapport avec le « Dieu de l’Alliance » jouera son rôle, non pas pour nous dicter les choix particuliers mais pour déterminer les valeurs que nous voulons voir guider notre existence publique et personnelle. En octobre dernier, à distance de ce temps d’élections politiques, les évêques de France ont voulu donner non pas des directives de vote mais des éléments de discernement pour nos choix concrets. Nous avons publié un document important intitulé ainsi : « Elections : un vote pour quelle société ? ». Vous en trouvez un résumé dans les pages suivantes avec la mise en valeur de 13 critères pour discerner de façon raisonnable, critères inspirés de la foi chrétienne, qui peuvent être débattus en groupes de réflexion. Un livre récent du Cardinal Vingt-Trois le redit à sa façon : « Quelle société voulons-nous ? » (Pocket, pour 6,70 euros).
Nous voici, pour ce temps de choix importants, avec en mains d’une part la Bible et ces documents ecclésiaux et d’autre part les articles de presse et les débats télévisés qui ne vont pas manquer pour alimenter nos informations sur les enjeux fondamentaux de ces élections politiques. L’important va être de former au mieux notre conscience et d’aller voter, en alliant, sans les brouiller, « élection divine » et « élections civiles », l’une éclairant les autres…
+ François-Xavier LOIZEAU, évêque de Digne, Riez et Sisteron
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