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« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu'à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour ». C’est par ces paroles que le Christ s’adressa à Saint Marguerite Marie Alacoque, le 27 décembre 1673 à Paray le Monial. En 1675, lors d’une autre apparition, Jésus demande que dans l’Eglise une fête soit dédiée pour honorer son Cœur. Cette fête, célébrée d’abord dans quelques diocèses, sera étendue à toute l’Eglise par le pape Pie IX en 1856, elle est célébrée le 3ème vendredi après la Pentecôte.
Cette fête nous rappelle que l’amour de Dieu s’est manifesté et a battu dans un cœur humain, le Cœur du Fils de Dieu fait homme.
Comme nous le rappelle Saint Jean dans sa première épître, Dieu, le premier, nous a aimés (1 Jn 4,19). Notre foi naît de cet amour : Dieu nous a aimés le premier et ce, gratuitement, sans aucun mérite de notre part. Cet amour est cadeau, il est gracieux ; c’est une grâce, dit-on en langage chrétien. Avant même que nous soyons capable de le connaître, lui nous connaît et il nous aime. La preuve qu’il nous aime c’est la création : le monde, la nature c’est par amour pour moi, pour ma joie. Le monde est comme un écrin dans lequel Dieu a placé les perles précieuses que nous sommes à ses yeux. La preuve qu’il nous aime c’est aussi que nous existons. Dieu n’avait pas besoin de créer l’humanité ; s’il l’a fait c’est par amour car il avait besoin de cœurs en qui déposer tout son amour. La preuve qu’il nous aime c’est encore qu’il nous a donné Jésus ; Jésus qui nous a tellement aimés qu’il a donné sa vie pour nous. Quand je regarde la croix de Jésus je découvre cet amour qui l’a poussé à tout nous donner en se donnant lui-même. Il nous a tellement aimés qu’il n’a pas voulu que la mort soit la fin de tout, il n’a pas voulu que la mort détruise pour toujours les hommes et les femmes qu’il aime. Il a donné sa vie à Lui plus forte que la mort et si nous croyons en cet amour alors il nous promet que le jour où je fermerai les yeux sur cette terre il m’emportera dans son amour pour toujours, dans son cœur tellement grand que j’y retrouverai tous ceux que j’ai connus et aimés sur cette terre.
Dans sa première encyclique, « Dieu est amour », Benoît XVI en choisissant l’amour comme sujet, nous a invités à aller droit au cœur de la foi. Dès l’introduction, le pape nous rappelle que la vie chrétienne n’est pas d’abord une morale ou l’adhésion à une idée « mais la rencontre avec un évènement, une Personne ». Cet évènement c’est le don par amour d’une Personne qui est l’incarnation, la visibilité et la lisibilité de l’amour de Dieu : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui… obtiendra la vie éternelle » (Jn 3,16). Le Saint Père nous a rappelé que l’amour de Dieu est un amour passionné pour chacun de nous. Il rappelle que les prophètes, notamment Osée et Ezéchiel, ont décrit la passion de Dieu pour son peuple en des images érotiques audacieuses par les métaphores des fiançailles et du mariage. Dans le cœur du Christ, l’amour divin et l’amour humain se sont rejoints et c’est pourquoi Jésus peut nous dire : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34). Mais aimer de cette façon, comme Jésus, est-ce possible ? Par nous-mêmes, non ! Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus l'avouait elle-même : « Seigneur, vous savez que jamais je ne pourrai aimer les autres comme vous les aimez». Mais vite elle ajoute en écho à l'évangile de ce jour : «Je ne le pourrai pas sauf si vous-même, O mon Jésus, ne les aimez en moi» Voilà l'amour chrétien : Dieu aime en moi. Avec notre accord, il dépose en notre amour tout son amour qui va rayonner sur les autres. Il y a alliance entre son amour et notre amour.
Il est aujourd’hui important, surtout pour les jeunes, d’être branché ! Et bien, pour un chrétien aussi c’est important ! Mais pour le chrétien, le plus important c’est d’être branché sur Jésus comme il nous y invite dans l’Evangile : « Demeurez dans mon amour ». C'est-à-dire qu’il nous invite à rester reliés à Lui, à recevoir de Lui la force et le modèle d’aimer comme Lui. Pour être branché sur Lui, nous avons la prière ; dans la prière nos cœurs à son cœur sont branchés et ce qu’il y a dans son cœur à Lui passe peu à peu dans le nôtre ; nous avons la Messe, l’Eucharistie où nous recevons son corps, c'est-à-dire sa vie qui n’a été qu’un don d’amour. Jésus dans l’Eucharistie ne nous donne pas quelque chose, il se donne lui-même, il vient à notre rencontre, il se fait notre compagnon de route, il se fait notre guide sur la route de la liberté, de la vie et de l’amour. Nous avons le sacrement du pardon où le Seigneur élargit notre cœur à la dimension du Sien et nous libère de nos égoïsmes. Comme on aimerait entendre ceux qui regardent l’Eglise de l’extérieur dire ce que l’on disait des premiers chrétiens : voyez comme ils s’aiment. C’est cela qui a converti le monde il y a 2000 ans. Il ne tient qu’à nous qu’il en soit ainsi. Il ne tient qu’à nous, en étant vraiment branchés sur Lui, de le laisser ainsi aimer en nous. L’année de la Foi qui va s’ouvrir veut nous y aider. Elle aura pour objectif de mieux connaître le Dieu qui s’est révélé en Jésus, afin de mieux l’aimer et mieux le suivre. Car vivre à sa suite, par Lui, avec Lui et en Lui, est la source du bonheur et de la vie réussie.
« Seigneur notre Père, en vénérant le cœur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous. Fais que nous recevions de cette source divine une grâce plus abondante » (Prière de la messe du Sacré-Cœur).
Père Christophe Disdier-Chave,
vicaire général
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