Message
du pape Jean-Paul II
pour la vingt-cinquième journée mondiale du
tourisme, le 27 septembre 2004.
Sport et tourisme : deux forces vives au service
de la compréhension mutuelle, de la culture et du développement
des sociétés
Pour beaucoup, été rime avec
vacances. Cette année, il sera aussi marqué
par la célébration des vingt-huitièmes
Jeux olympiques, à Athènes, en Grèce,
du 13 au 29 août. Dans son message pour la vingt-cinquième
Journée mondiale du tourisme, qui aura lieu le 27 septembre
prochain, le Saint-Père explique justement que le sport
et le tourisme sont « étroitement liés »
et il ajoute que « le chrétien peut trouver
dans le sport une aide pour développer les vertus fondamentales ».
À l'occasion, cette année, de
la Journée mondiale du tourisme, qui sera célébrée
le 27 septembre prochain, je m'adresse avec plaisir à
tous ceux qui sont engagés dans ce secteur de l'activité
humaine, dans le but de proposer certaines réflexions
qui aident à mettre en relief les aspects positifs
du tourisme. Ce phénomène, comme j'ai déjà
eu l'occasion de le souligner en d'autres circonstances, contribue
à faire grandir les rapports entre les personnes et
les peuples et, lorsqu'il est cordial, respectueux et solidaire,
il représente une porte ouverte sur la paix et sur
la coexistence harmonieuse.
En effet, un grand nombre des situations de
violence dont souffre l'humanité de nos jours ont leurs
racines dans l'incompréhension et le refus des valeurs
et de l'identité des autres cultures. Souvent, ces
situations pourraient être surmontées grâce
à une meilleure connaissance réciproque. Dans
ce contexte, ma pensée va également aux millions
de migrants qui doivent participer à la société
qui les accueille, en se basant avant tout sur le respect
et la reconnaissance de l'identité de chaque personne
ou de chaque groupe. La Journée mondiale du tourisme
n'offre donc pas seulement une nouvelle occasion d'affirmer
la contribution positive du tourisme à l'édification
d'un monde plus juste et pacifique, elle est également
une opportunité de réfléchir sur les
conditions concrètes dans lesquelles celui-ci est organisé
et pratiqué.
À cet égard, l'Église
ne peut manquer de proposer encore une fois l'essentiel de
ce qui est sa vision de l'homme et de l'histoire. En effet,
le principe suprême qui doit gouverner la coexistence
humaine est le respect de la dignité de chacun, en
tant que personne créée à l'image de
Dieu et en tant que frère universel.
Ce principe devrait guider toute l'activité
politique et économique, comme cela a été
souligné par la Doctrine sociale de l'Église,
et inspirer également la coexistence culturel re et
religieuse.
Sport et tourisme sont étroitement
liés.
Cette année, le thème de la Journée est :
« Sport et tourisme: deux forces vives au service
de la compréhension mutuelle, de la culture et du développement
des sociétés ». Sport et tourisme
font référence avant tout au temps libre, dans
lequel doivent être promues les activités qui
favorisent le développement physique et spirituel.
Il existe, par ailleurs, de nombreuses situations dans lesquelles
le tourisme et le sport se mêlent de façon spécifique
et se rencontrent, lorsque le sport se transforme, précisément,
en raison spécifique pour se déplacer, tant
à l'intérieur de son pays qu'à l'extérieur.
Sport et tourisme sont étroitement liés
dans les grands événements sportifs auxquels
participent les pays d'une région ou du monde entier,
comme à l'occasion des Jeux olympiques, qui ne doivent
jamais renoncer à leur noble vocation de raviver les
idéaux de coexistence, de compréhension et d'amitié.
Cela vaut également dans de nombreux autres cas, moins
médiatiques, comme les activités sportives dans
le contexte scolaire ou dans les associations de quartiers
ou de villes. Dans d'autres circonstances, pratiquer un sport
est précisément ce qui motive l'organisation
d'un voyage ou des vacances. Le sport est donc un phénomène
qui concerne tant les sportifs de haut niveau, leurs équipes
et leurs supporters, que des cercles sociaux plus modestes,
comme de nombreuses familles, des jeunes et des enfants, et,
en définitive, tous ceux qui font de l'exercice physique
un des facteurs importants de leurs voyages.
Étant donné qu'il s'agit d'une activité
humaine qui concerne tant de personnes, il ne faut pas être
surpris du fait qu'en dépit de la noblesse des objectifs
déclarés, des abus et des déviations
s'y insinuent dans de nombreux cas. Il ne faut pas non plus
ignorer le mercantilisme exacerbé, l'esprit agressif
de compétition, la violence contre les personnes ou
les choses, jusqu'à en arriver à la dégradation
de l'environnement, ou à l'atteinte à l'identité
culturelle de celui qui accueille.
Promouvoir un sport qui protège les
faibles et n'exclut personne
Pour illustrer la vie chrétienne, l'apôtre
saint Paul proposait aux chrétiens de Corinthe l'image
de l'athlète, comme exemple d'effort et de constance
(cf. 1 Co 9, 24-25). En effet, la pratique correcte du sport
doit être accompagnée par la modération
et l'éducation au renoncement ; elle exige également
souvent un bon esprit d'équipe, une attitude de respect,
la reconnaissance des qualités d'autrui, l'honnêteté
dans le jeu et l'humilité de reconnaître ses
limites. Enfin, le sport, spécialement dans ses formes
les moins compétitives, invite à la fête
et à la coexistence amicale.
Le chrétien peut donc trouver dans le
sport une aide pour développer les vertus fondamentales
- prudence et justice, force et modération -
dans la course pour obtenir une couronne « impérissable »,
comme l'écrit saint Paul.
Certes, le tourisme a donné une puissante impulsion
à la pratique du sport. Les facilités qu'il
offre, y compris les multiples activités qu'il promeut
ou organise de sa propre initiative, ont véritablement
fait croître le nombre de ceux qui apprécient
le sport et le pratiquent au cours de leur temps libre. De
cette façon se sont multipliées les occasions
de rencontre entre les peuples et les cultures diverses, dans
un climat d'entente et d'harmonie.
C'est pourquoi, sans négliger de prêter toute
l'attention nécessaire face aux déviations qui
continuent malheureusement à avoir lieu, je désire
vivement encourager, avec une espérance renouvelée,
à promouvoir un « sport qui protège
les faibles et n'exclut personne, qui libère les jeunes
des dangers de l'apathie et de l'indifférence, et qui
suscite en eux un sain esprit de compétition ;
un sport qui soit un facteur d'émancipation pour les
pays les plus pauvres et qui aide à effacer l'intolérance
et à construire un monde plus fraternel et solidaire ;
un sport qui contribue à faire aimer la vie, qui éduque
au sacrifice, au respect et à la responsabilité,
en conduisant à la pleine valorisation de chaque personne
humaine » (« Jubilé des sportifs »,
29 octobre 2000, n°3 ).
Avec ces réflexions, j'invite tous ceux
qui sont en contact avec le sport dans le domaine du tourisme,
et également les sportifs et tous ceux qui pratiquent
le sport durant leurs voyages, à poursuivre leur engagement
en vue d'atteindre ces nobles objectifs, tandis que j'invoque
sur chacun d'eux d'abondantes bénédictions divines.
Du Vatican, le 30 mai 2004,
solennité de Pentecôte
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