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Passant le seuil, je suis saisi par la pureté de l'arc roman,
la simplicité de la nef, la discrétion de l'éclairage.
Les vitraux abstraits sont en harmonie parfaite. L'autel est une
simple dalle posée sur un socle en béton. La cathèdre,
du même matériau, doit être peu confortable pour
le séant épiscopal.
Le fond de musique sacrée est à peine troublé
par des visiteurs respectueux.
Ma place n'est pas toujours la même. J'aime la voir sous
différents angles. Sombre au fond de la nef, l'église
s'éclaire en avançant vers l'autel. Lente montée
vers la lumière, à l'image d'un parcours spirituel.
À la croisée du transept, pivotant lentement sur moi-même,
j'admire la perfection des lignes.
Le plus souvent, je reste au fond, à droite sous le Jugement
dernier, là où, à chaque péché
correspond un supplice éternel Je m'amuse toujours de voir
que, si les laïcs sont punis, les clercs ne le sont pas et
que sous un évêque pécheur, il n'est pas de
supplice programmé. L'après-midi s'écoule paisible
et sans ennui. Je médite dans le silence. Les visiteurs écrivent
parfois un commentaire sur le livre d'or, juste dans mon dos : froideur,
église ou temple ? prière, simplicité, sont
les mots qui reviennent.
Pour les privilégiés dont je suis, une dame de l'accueil
montre à titre exceptionnel une crèche naïve
et géante qui, d'un Noël à l'autre, somnole dans
la sacristie. Chaque année, je la contemple avec la même
émotion, désolé de ne pas la voir à
Noël.
Je quitte la fraîcheur de l'église. Dernier regard
pour, le cimetière où repose le curé de Seyne.
Je me sens vivifié. D'ici l'été prochain,
j'irai dans d'autres églises, je débattrai de problèmes
spirituels, j'essayerai d'approfondir ma Foi. Mais en août,
je reviendrai à Digne.
Ma source est là.
T.S.24/12/03
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