Saint-Vincent, premier évêque connu de Digne (en 374),
aurait déjà bâti là,
au quatrième siècle, une petite église dédiée
à la Vierge.
Les nombreux vestiges gallo-romains (tegulae, imbrices etc.) mis
au jour sous l'actuelle cathédrale, confirment que celle-ci
a été édifiée sur un site antique.
Un autel-cippe du cinquième siècle, des fragments
d'un sarcophage des quatrième ou cinquième siècles,
en marbre blanc, des chapiteaux mérovingiens, eux aussi en
marbre blanc, en remploi dans le clocher, indiquent, d'autre part,
avec certitude qu'une église existait là aussi durant
le haut moyen-âge.
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Telle qu'elle se présente de nos jours, Notre-Dame-du-Bourg,
à l'exception du clocher quelque peu antérieur, est
un remarquable monument roman du treizième siècle,
construit à une époque où plus au nord en France
florissait le gothique.
Mis à part la rose de la façade, les intrusions gothiques
n'y sont que de détails.
Son plan général, l'austère pureté de
ses lignes, l'ordonnance de son chevet, révélateurs
d'influence chalaisienne, portent à penser que sa reconstruction
a pu être entreprise, dès la fin du douzième
siècle, à l'initiative d'un évêque chalaisien,
Guigues de Revel, un grand bâtisseur dans son Ordre.
On commenca par construire le chœur, le transept et la quatrième
travée de la nef, puis on bâtit le reste de la nef
et l'on termina par la façade vers 1220-1225.
La rose, gothique, et le portail sont sans doute un peu postérieurs.
Au quatorzième siècle, deux chapelles furent ajoutées
du côté nord, l'une en l'honneur de sainte Anne (devenue
plus tard la chapelle Saint-Raynaud, aujourd'hui disparue), l'autre
dédiée à saint Elzéar par l'évêque
Elzéar de Villeneuve qui consacra la cathédrale en
1330. Une autre encore le fut au seizième siècle.
Mais l'histoire des monuments est étroitement liée
à celle des hommes.
Et Notre-Dame-du-Bourg eut à souffrir de tous les maux qui
affligèrent la Provence et la France au cours des siècles,
que ce soient notamment les dévastations des troupes protestantes
(1562, 1568 et 1574) ou des Ligueurs (1591) et celles de la Révolution.
Sans parler de l'incurie des hommes et des injures du temps.
Néanmoins, malgré la mutilation de son clocher et
la surélévation de ses murs goutterots (probablement
au début du dix-septième siècle) qui altèrent
l'élégance de ses lignes architecturales, la cathédrale
Notre-Dame-du-Bourg demeure « une des réussites majeures
de l'architecture romane des Alpes françaises ».
Elle garde cependant encore bien des mystères.
On rapporte qu'au devant se trouvait un baptistère. Gassendi,
pour sa part, dit qu'il y avait un puits. Des fouilles pleines d'intérêt
seraient à faire. Elles permettraient notamment de vérifier
si la base du clocher s'articule avec les fondations d'une cathédrale
du premier art roman.
Délaissée peu à peu après les guerres
de religion, au profit de l'église épiscopale Saint-Jérôme,
elle conserva toujours, son titre de cathédrale. Elle est
de nouveau aujourd'hui utilisée pour le culte durant l'été.
Elle fut classée monument historique en 1840).
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