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Au Moyen-Âge, Gréoux avait deux églises, il
semblerait que la première ait été Saint-Pierre
aux Liens, située à l'emplacement de l'ancienne agglomération
romaine, près des thermes. En effet. depuis des temps immémoriaux,
cet endroit était un lieu de culte antique, rattaché
aux résurgences des eaux tenues pour sacrées. Le nom
de Gréoux viendrait d'ailleurs du nom de la déesse
Grysélis nymphe des eaux curatives.
L'église Saint-Pierre fut un lieu de culte jusqu'au début
du dix-septième siècle, époque où elle
fut désaffectée et ruinée.
La deuxième, qui est l'église actuelle, était
construite dans le bourg qui, par suite des invasions diverses,
s'était blotti autour du château pour sa protection.
Gréoux faisait partie du diocèse de Riez et l'église
Notre-Dame des Ormeaux (des ormes étaient autrefois plantés
sur la place) fut donnée à l'abbaye de Montmajour
par l'évêque Augier de Riez en 1096. Cette abbaye possédait
déjà des biens sur ce territoire depuis la fin du
dixième siècle : en 960, Berthe, veuve du comte d'Arles,
donne à Montmajour un domaine sis à Gréoux.
En 963, le pape Léon VIII confirme cette donation. L'installation
de l'église actuelle de la cité, confirmée
par les droits de l' évêque de Riez, se situe en 1227.
La construction effective de cet édifice s'étend de
la fin du onzième au milieu du douzième siècle.
L'église subit diverses transformations aux quatorzième,
quinzième et dix-huitième siècles, elle fut
gravement endommagée en 1574 par les calvinistes. Sous la
Révolution, elle fut achetée par un particulier Antoine
Blanc qui la sauva. Elle fut réparée en 1829 et reconsacrée
le 26 juillet 1831 par Monseigneur de Miollis, évêque
de Digne (celui dont parle Victor Hugo dans les Misérables
sous le nom de Myriel). Depuis, une grande restauration eut lieu
de 1973 à 1975, donnant l' aspect actuel.
Église romane, dont l'austérité est renforcée
par son aspect trapu dû à la déclivité
du terrain, cet édifice a connu des transformations aux quinzième,
seizième et dix-huitième siècles dans un esprit
gothique. Le clocher en forme de tour carrée a été
édifié en 1821 avec les pierres des remparts et en
particulier celles du portail Saint-Sébastien qui donnait
accès aux Aires. Il a remplacé un « clocher
mur » qui se trouvait rue de l'église (voir le mur
à gauche de l'église).
Le portail semble être du treizième siècle,
la porte aux très longs claveaux est surmonté d'un
vaste oculus. La porte latérale est certainement le portail
primitif. En entrant, on est surpris de voir la nef aussi vaste,
on est séduit par les proportions harmonieuses de ce vaisseau
en plein cintre, renforcé de doubleaux, que l'extérieur
ne laisse pas soupçonner. Le décapage des murs a révélé
l'hétérogénéité des constructions.
Les trois travées précédant le chœur présentent
un berceau en grès tendre, les deux travées basses
des moellons moins soignés (agrandissement postérieur).
Le chœur moins élevé que la nef porte une croisée
d'ogives de style gothique, la clé est sculptée aux
armes de l'Agneau Pascal. Au Moyen-Âge, des chapelles latérales
furent construites. Elles on été transformées
en bas-côté par le percement des murs latéraux
(voir l'inégalité des arcs). Les deuxième,
troisième, quatrième travées remonteraient
aux quatorzième et quinzième siècles. Leur
voûte est gothique. Dans le parement de la deuxième
on peut observer un fût de colonne antique en remploi et deux
piliers polygonaux dont un est surmonté d'un chapiteau à
crochets. La clé pendante de la quatrième conserve
les armes très effacées d'un prélat.
La chapelle de la Vierge, mieux articulée à la nef,
semble dater du seizième siècle, elle forme l'amorce
d'un faux transept. La voûte est gothique. Le bénitier
en marbre est l'ancienne cuve baptismale, elle date de 1880 environ.
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