Cette méditation, manifestement inspirée, attribuée
à sainte Catherine de Sienne jette un trait de lumière
sur la nature profonde de la spiritualité chrétienne.
Merveilleux éclairage sur cette parole décisive
de saint Paul :
« Dieu nous a aimés le premier, alors que nous
étions encore pécheurs. »
« Je connais ta misère, les combats et les tribulations
de ton âme ; la faiblesse et les infirmités de
ton corps ; je sais ta lâcheté, tes péchés,
tes défaillances ; je te dis quand même : «
Donne-moi ton cœur, aime-moi comme tu es. »
Si tu attends d’être un ange pour te livrer à
l’amour, tu n’aimeras jamais. Même si tu
retombes souvent dans ces fautes que tu voudrais ne jamais
connaître, même si tu es lâche dans la pratique
de la vertu, je ne te permets pas de ne pas m’aimer
! Aime-moi comme tu es. À chaque instant et dans quelque
situation que tu te trouves, dans la ferveur ou dans la sècheresse,
dans la fidélité ou dans l’infidélité,
aime-moi, tel que tu es. Je veux l’amour de ton cœur
indigent ; si, pour m’aimer, tu attends d’être
parfait, tu ne m’aimeras jamais.
Mon enfant, laisse-moi t’aimer, je veux ton cœur.
Je compte bien te former, mais en attendant je t’aime
comme tu es. Et je souhaite que tu fasses de même ;
je désire voir, du fond de ta misère, monter
l’amour. J’aime en toi jusqu’à ta
faiblesse. J’aime l’amour des pauvres. Je veux
que, de la pauvreté, s’élève continûment
ce cri : Seigneur, je vous aime ! C’est le chant de
ton cœur qui m’importe. Qu’ai-je besoin de
ta science et de tes talents ? Ce ne sont pas des vertus que
je demande, et si je t’en donnais, tu es si faible que
bientôt l’amour-propre s’y mêlerait
: ne t’inquiète pas de cela.
J’aurais pu te destiner à de grandes choses
; non tu seras le serviteur inutile, je te prendrai même
le peu que tu as car je t’ai créé pour
l’amour. Aime ! L’amour te fera faire tout le
reste sans y penser ; ne cherche qu’à remplir
le moment présent de ton amour.
Aujourd’hui je me tiens à la porte de ton cœur
comme un mendiant, moi le Seigneur des seigneurs. Je frappe
et j’attends. Hâte-toi de m’ouvrir. N’allègue
pas ta misère ; ton indigence, si tu la connaissais
pleinement, tu mourrais de douleur. Cela seul qui pourrait
me blesser le cœur, ce serait de te voir douter et manquer
de confiance. Quand il te faudra souffrir, je te donnerai
la force ; tu m’as donné l’amour je te
donnerai d’aimer au-delà de ce que tu as pu rêver.
Mais souviens-toi : Aime-moi, tel que tu es. N’attends
pas d’être un saint pour te livrer à l’amour,
sinon tu n’aimeras jamais. »
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