Interview de Romain Villani,
séminariste à Aix-en-Provence pour notre diocèse,
par les grands jeunes de l’aumônerie.
Romain Villani aura 24 ans en juillet, issu
d’une famille bien connue de Forcalquier il est le «
cadeù » de trois enfants. Après ses études
à Manosque en Bac pro bureautique, obtenu avec mention,
il intègre le séminaire d’Aix-en-Provence
en année de propédeutique à la rentrée
2004. Après une année de discernement de sa
vocation il décide, avec le plein accord de ses supérieurs
et de l’ évêque de Digne, de persévérer
dans la voie qu’il a choisie. Il est actuellement en
première année de premier cycle. Voici cette
interview organisée par ses amis les grands jeunes
de l’aumônerie au milieu desquels sa vocation
a mûri.
Quel est l’emploi du temps d’une
journée au séminaire ?
Lever à 6 h 30, à 7 h prière silencieuse
à la chapelle, puis c’est la prière des
Laudes dite ensemble. À 8 h le petit déj’
puis on a les cours jusqu’à 11 h 30 et la messe
communautaire dans la foulée. Après le repas
on reprend les cours et l’après-midi s’achève
sur la prière des Vêpres, et après le
dîner a lieu la dernière prière du soir,
les Complies, et à 21 h c’est le grand silence.
Je me couche vers 23 h après un temps de travail personnel.
Nos chambres sont bien spacieuses et confortables donc c’est
bon.
C’est comme ça toute la semaine
sauf le mercredi où c’est temps libre tout l’après-midi
et la soirée. On fait ce qu’on veut : sport,
balade, cinéma, dîner chez des amis ou repos,
on est libre quoi ! On participe aussi aux tâches communautaires.
Répartis en trois équipes de six, sous la houlette
d’un chef d’équipe, on tourne pendant trois
semaines sur les différents services hebdomadaires
: liturgie, service des tables au réfectoire, ménage,
vaisselle. Puis on a une semaine de repos.
Qu’est-ce que vous étudiez en cours
?
On fait de la philosophie, du grec, du latin, l’étude
de la Parole de Dieu, de l’histoire de l’Église,
de la liturgie, de la Patristique, ce sont les premiers prédicateurs
de l’Évangile du jusqu’au septième
siècle environ.
La formation dure six années : d’abord une année
de discernement spirituel, année de Propédeutique,
puis un premier cycle de deux ans axé sur la philosophie,
et le second cycle qui dure trois ans, basé sur la
théologie. Je suis, depuis la rentrée, en 1er
année du 1er cycle.
Comment s’est passée ton année
de Propédeutique ?
Très bien. C’est surtout un temps de discernement
de la vocation avec pas mal de retraites spirituelles. Dès
la rentrée on fait une semaine de retraite à
l’abbaye de Sénanque, en silence total ! Dur
! Là j’ai failli péter un câble
! ( rires) On nous fait découvrir par différentes
retraites les diverses vocations et styles de vie dans l’Église :
session carmélitaine à Notre-Dame de Vie à
Vénasque, bénédictine à Ganagobie
etc. On est partis aussi deux semaines en Bretagne vivre une
initiation à la lectio divina, la lecture amoureuse
de la Parole de Dieu avec l’aide d’un prêtre.
À la fin de l’année on est libre de choisir
notre style de vie. Moi, c’est la vie paroissiale qui
m’attire, le contact avec les gens ; mais l’ un
d’entre nous, à l’issue de cette année,
a choisi de rejoindre une communauté plutôt monastique.
Qui organise tout ça ?
Le père supérieur du séminaire, Michel
Isoard.
C’est pas un peu un père fouettard !
(rires)
Non, il est super ! Chaque lundi il nous fait un topo spirituel
au cours duquel il lui arrive de recadrer un peu si nécessaire,
mais c’est tout. Il n’y a pas de cachot au séminaire
! (rires) On a aussi chacun son accompagnateur spirituel,
le « père spi » : c’est
un des cinq pères du Conseil. Il nous aide spirituellement
dans notre relation avec le Seigneur. On passe un heure avec
lui deux fois par mois où on parle surtout de notre
vie de prière, et aussi de la vie communautaire. Ça
se passe bien.
L’ambiance est-elle bonne entre vous ? Combien
êtes-vous ?
Oui, ça va, c’est très fraternel. Au début
il faut s’adapter à la vie en communauté.
Une fois dans le rythme ça va tout seul. Cette année
il y a neuf propédeutiques et dix-sept séminaristes
originaires des diocèses d’Aix, de Marseille,
de Gap, de Corse, et nous sommes trois de Digne : Franck,
en seconde année du premier cycle, Guillaume et moi
en première année. Le plus jeune a dix-huit
ans et l’aîné trente-quatre.
On « squatte » souvent dans les chambres des confrères,
sauf après le grand silence du soir. Le mercredi on
fait du sport, du volley surtout, on sort en ville, on va
au cinéma ensemble. On se prend aussi de bons délires,
surtout à la vaisselle !
Est-ce vrai qu’il y a plus de rentrées
dans les séminaires ?
Oui, notre supérieur nous a dit qu’en France
il y a eu cette année 10% de séminaristes en
plus ! C’est pas mal.
Et le week-end, qu’est-ce que tu fais ?
Chaque samedi après-midi je monte en paroisse à
Saint-André-Les-Alpes où j’accompagne
le curé dans ses tournées pastorales à
Castellane, Barrême etc. jusqu’au dimanche après-midi.
Puis retour à Aix-en-Provence. Pas mal de route. Le
diocèse met heureusement un véhicule à
notre disposition. Mais c’est important de découvrir
une communauté chrétienne sur le terrain. Le
père Thierry Cazes me fait rencontrer plein de gens
et ça se passe super bien.
Romain, qu’est-ce qui t’a décidé
à t’engager là-dedans ?
Il y a environ cinq ans, quand je suis venu à l’aumônerie,
j’y pensais alors un peu et puis ça s’est
confirmé petit à petit. J’ai servi la
messe et puis tout ça a mûri dans la prière.
Pouvoir porter la Bonne Nouvelle de l’Évangile
aux gens c’est ce qui me motive.
Intervention du père François :
Et pourtant Romain je ne t’ai jamais parlé explicitement
de la vocation, car je ne voulais pas t’influencer,
même si je voyais bien qu’il y avait anguille
sous roche !
- Oui, je crois que c’est mieux de laisser la démarche
personnelle se faire.
Une question posée maintenant à Jean Testanière,
qui passait par là :
Jean, trouvez-vous un changement chez Romain depuis
sa nouvelle vie de séminariste ?
- Oui, je dirais qu’il a pris de l’assurance,
une meilleure élocution aussi, de la prestance, de
la tenue, de l’autonomie. Plus d’avancée,
plus de contact avec les gens. Le sourire est toujours là.
Il faut le garder, c’est une puissance de frappe qui
désarme toute agressivité !
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