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Dieu,
nous te louons,
Seigneur
nous t’acclamons,
dans
l’immense cortège de tous les saints
(
voir " La
ballade des chrysanthèmes" de Guy Jampierre )
« Une
foule immense de témoins est invisiblement présente à nos
côtés… La foule immense de témoins
qui s'est laissée saisir par son Amour, c'est la foule
des saints du ciel qui ne cessent d'intercéder pour nous.
Ils étaient pécheurs et le savaient, mais ils ont
accepté de ne pas regarder leurs blessures et de ne plus
regarder que les blessures de leur Seigneur, pour y découvrir
la gloire de la Croix,
pour y découvrir la victoire de la
Vie sur la mort ».
Le
saint, un témoin qui s’est laissé saisir
par l’amour du Seigneur ! Quelle
belle et lumineuse définition de la sainteté donnée
par le Pape Benoît XVI à Lourdes, le 14 septembre
dernier, dans une magnifique méditation à l’issue
de la procession eucharistique.
Ce
qui nous fatigue par avance, et donc nous décourage, dans
la sainteté, ce sont les efforts qu’il nous semble
devoir déployer pour l’obtenir. Or, la sainteté ne
s’obtient pas aux prix d’efforts surhumains, à la
force de nos poignets spirituels, la sainteté s’accueille,
se reçoit par contact avec le seul Saint, comme le vitrail
laisse chatoyer de magnifiques couleurs en recevant la lumière
du soleil, ou le métal qui laisse rayonner la chaleur
par contact avec elle.
Nous
pensons aussi que la sainteté est réservée à des êtres
d’exception dont nous ne ferions pas partie. Or, le Concile
Vatican II nous a rappelé, opportunément, que l’appel à la
sainteté n’est pas réservé à quelques
uns, mais que tous « les disciples du Christ
sont véritablement devenus dans le baptême de la
foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par conséquent, réellement
saints » (Constitution dogmatique sur l’Eglise,
n° 40). Il serait fructueux, pour chacun d’entre nous,
de relire l’ensemble du chapitre V de cette Constitution,
consacré à l’appel universel à la
sainteté dans l’Eglise.
Evêques,
prêtres, diacres, religieuses et religieux, veufs et célibataires,
cadres et ouvriers, personnes riches et pauvres, souffrantes
et en bonne santé, dans la joie ou éprouvées,
consacrées ou mariées (1), tous, « dans
les conditions, les charges et les circonstances qui sont celles
de notre vie et grâce à elles, nous sommes appelés à faire
paraître, la charité avec laquelle Dieu a aimé le
monde » (ibid. n°41).
Oui, le
saint est celui en qui l’amour de Dieu a trouvé une
résonnance. Cet amour nous ne pouvons pas le
garder jalousement et égoïstement pour nous, mais
il nous faut le faire rayonner en faveur de tous nos frères
en humanité. Ce ne sont pas les programmes ou les stratégies
qui « convertissent » mais l’amour
de Dieu qui prend corps et forme en chacun de nous et qui se
répand autour de nous. C’est le sens du saint
chrême reçu au baptême, à la confirmation
et à l’ordination : nous sommes marqués
indélébilement et en profondeur par l’amour
du Christ que nous devons répandre autour de nous en
parfum d’agréable odeur pour que beaucoup puissent
se retourner à la bonne odeur de l’amour du Christ
qui émanera de nos vies ; vies certes marquées
par la faiblesse, mais plus encore par l’amour, la grâce
et la force de Dieu. Ne crains pas, nous rappelle Saint Paul,
ma grâce te suffit, ma puissance se déploie dans
ta faiblesse. Que nous est-il demandé ? De ne pas
avoir honte, de ne pas cacher nos faiblesses mais les offrir à la
grâce transformante de l’amour du Seigneur. Cette
grâce, lentement, mais sûrement, travaille à faire
de nos cœurs de pierre, des cœurs de chair, cœurs à travers
lesquels l’amour de Dieu passe aujourd’hui dans
le monde.
Les
saints ne sont pas d’abord destinés à être
honorés mais à être imités. Il
ne s’agit pas de copier ce qu’ils ont fait. C’est à chacun
de nous, dans la vie qui est la sienne, et
non pas dans une vie idéale rêvée, d’être
un miroir réfléchissant de la beauté,
de la bonté et de la douceur du Seigneur comme ils l’ont été.
Dans
un monde bien désorienté, notre vie ne doit-elle
pas manifester que l’orientation profonde d’une existence
est donnée par Dieu, de qui nous tenons la vie, la croissance
et l’être ? Le suivre ne conduit jamais à des
impasses mais nous en délivre. Notre Dieu veut
que notre vie soit un chef d’œuvre et il nous en
donne les moyens. Beaucoup de nos frères les
saints ont eu à surmonter de nombreux obstacles, venant
de l’extérieur mais aussi d’eux-mêmes.
Ils se sont appuyés sur la force de Dieu et ils ont réussi
leur vie, ce qui ne veut pas dire qu’elle a toujours été un
long fleuve tranquille.
A
chacun et à chacune d'entre nous, les saints, rappelle
Benoît XVI, disent : « Viens, laisse-toi appeler
par le Maître ! Il est là ! Il t'appelle (cf. Jn
11, 28) ! Il veut prendre ta vie et l'unir à la sienne.
Laisse-toi saisir par Lui. Ne regarde plus tes blessures, regarde
les siennes. Ne regarde pas ce qui te sépare encore de
Lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'Il a abolie
en prenant ta chair, en montant sur la
Croix que Lui ont préparée
les hommes et en se laissant mettre à mort pour te montrer
son amour. Dans ses blessures, Il te prend ; dans ses blessures,
II t'y cache (...), ne te refuse pas à son Amour ! ».
L’amour peut tout. Il s’agit d’y croire et
de le prendre au sérieux. La vie des saints en témoigne.
Père
Christophe Disdier-Chave, vicaire général.
(1).
la récente béatification de Zélie et Louis
Martin, les parents de Sainte Thérèse de l’Enfant
Jésus, manifeste que le mariage est un authentique chemin
de sainteté sur lequel les époux s’aident
l’un l’autre, avec l’aide de la grâce
du sacrement de mariage, à grandir ensemble sous le regard
de Dieu, humainement et spirituellement afin de parvenir « de
plus en plus à leur perfection personnelle et à leur
sanctification mutuelle » (Vatican II, Constitution, « l’Eglise
dans le monde de ce temps », n°48).
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