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Cathédrale
Notre Dame du Bourg.
26
janvier 2007.
Le
10 novembre 1997 après 15 mois, 15 longs mois d’attente,
le pape Jean-Paul II donnait enfin un successeur à Mgr
Georges Pontier sur le siège épiscopal de Digne,
Riez et Sisteron. Le 25 janvier 1998 par l’imposition des
mains et le don du Saint Esprit, François-Xavier Loizeau,
vicaire général de Luçon devenait le 73ème successeur
de Saint Vincent, 1er évêque de Digne
au 4ème siècle. Des bords de l’Atlantique
aux portes de la
Méditerranée,
le chemin inverse de celui parcouru par votre prédécesseur,
vous êtes arrivé jusqu’à nous. Par
disponibilité à l’appel du Christ et de son
Eglise, et par amour de vos frères, vous avez quitté une
terre, une famille, des amis, une Eglise diocésaine aimé et
servi avec dévouement pour vous mettre à notre
service. Je salue avec amitié, en notre nom à tous
vos frères et belles sœurs qui ont pu rester avec
nous jusqu’à aujourd’hui. Les autres, venus
vous faire une surprise Samedi dernier, ont du repartir Jeudi
matin mais ils sont unis à nous ce matin par la prière
et l’amitié.
Ce
qui a frappé chacun de nous dès la première
photo et surtout la première rencontre, seulement 3 jours
après votre nomination, c’est votre sourire.
Un sourire qui est l’épiphanie de votre cœur
de père et de pasteur. Un sourire simple, large, accueillant,
chaleureux et généreux, qui d’emblée
met en confiance, les grands comme les petits, les personnalités
comme les gens les plus simples et les plus humbles. La composition
nombreuse et variée de l’assemblée de ce
matin en témoigne. Je salue très respectueusement
Mme Beatrice Aboviler, préfet des Alpes de Haute-Provence,
M. Daniel Spagnou, député-maire de Sisteron, M.
Serge Cloaguen maire de Digne et représentant M. le Président
du conseil régional, M. Henri Savornin représentant
le conseil général, M. Esmiol, maire de Champtercier,
le major représentant le commandant de la
Gendarmerie.
Je
salue les prêtres, les diacres et tous les diocésains
venus des différents archiprêtrés du diocèse.
Votre simplicité rayonnante, Père, a conquis le
cœur de tous les habitants de cette terre, les pratiquants
comme ceux du seuil.
Victor
Hugo raconte qu’il a fallu presque 10 ans à l’un
de vos prédécesseurs, Mgr De Miollis (Mgr Myriel
dans le roman « les misérables »)
pour que cessent à son sujet les « racontages,
lui qui a du subir le sort de tout nouveau venu dans une petite
ville où il y a beaucoup de bouches qui parlent et fort
peu de têtes qui pensent. Il devait le subir, quoiqu'il
fût évêque et parce qu'il était évêque ».
Il lui a fallu ce temps pour être aimé, très
aimé. Tel ne fût pas le cas pour vous. Tout de suite
malgré la différence culturelle, géographique,
ecclésiale, vous nous avez adoptés et nous vous
avons adopté.
Dans
la ligne de Mgr Pontier vous donnez l’image d’une
Eglise humble, fraternelle, joyeuse.
Comme
nous l’avait annoncé Mgr Garnier, votre évêque à Luçon, vous
ne cherchez pas la gloire mondaine et vous aimez les gens. Les
prêtres tout d’abord, qui sont vos premiers
collaborateurs. Nous sommes les uns et les autres sujets de votre
attention paternelle et fraternelle: un coup de fil, un
mot, une visite, à tel ou tel moment de notre vie, fête,
anniversaire, évènement important, souci familial
ou de santé. Je suis témoin au quotidien de cette
sollicitude première pour nous ; vous êtes
père et pasteur. La tension peut parfois exister entre
ces deux qualités attendues chez l’évêque.
Vous n’êtes pas, loin s’en faut, et ce n’est
pas toujours le cas, un évêque autoritaire. Mais
il vous faut parfois prendre des décisions qui doivent
concilier les besoins de la mission et les désirs des
personnes. Ce n’est pas toujours facile. Avec d’autres
je suis témoin que votre souci des personnes et des communautés
priment sur les structures et les urgences et vous êtes
peinés lorsque vous constatez chez vos interlocuteurs
qu’ils ne perçoivent pas toujours cette priorité et
ce souci des personnes qui vous habitent.
Votre
mission épiscopale vous la vivez non comme un pouvoir
mais un service de
ce peuple qui vous a été confié. Vous
avez épousé notre vie et notre histoire, vous
inscrivant notamment « dans les lignes de navigation
tracée par notre synode diocésain ».
Vous
avez le souci de la collaboration à tous
niveaux, avec vos frères évêques de la
Province de
Marseille et au niveau de la conférence des évêques
de France. Vous vivez votre charge avec le souci de la collégialité épiscopale ;
la collaboration vous la vivez avec les prêtres vos premiers
collaborateurs, avec les religieuses et les religieux. Vous
avez une haute et grande estime pour la vie consacrée :
depuis 10 ans, 7 nouvelles congrégations se sont implantées
dans le diocèse. Vous avez le souci de promouvoir la
participation des laïcs à la vie et à la
mission de l’Eglise, non pas comme suppléants
d’un clergé qui diminue en nombre mais au titre
de leur baptême et de leur confirmation. Vous ne travaillez
pas de façon solitaire. Vous ne prenez jamais de décision
sans consulter, parfois même longuement et sur tous les
sujets, vos différents conseils cherchant toujours à convaincre
sans imposer, renonçant parfois à une idée
s’elle est n’est pas assez largement partagée.
Vous êtes
patient,
infiniment patient, même si parfois vous pouvez être
agacé ou contrarié. Mais votre souci de la paix
et de la concorde fraternelle l’emportent sur les motifs
de colère. En deux ans et demi de collaboration nous
ne nous sommes accrochés qu’une seule fois.
10
ans qu’avec nous vous partagez joies et tristesses, espoirs
et angoisses, cherchant à insuffler un nouvel élan
missionnaire pour un renouveau de nos personnes et de nos communautés.
Célébrer
10 ans d’épiscopat ce n’est pas applaudir
un exploit comme on applaudirait un athlète qui épuisé chercherait à maintenir
le rythme. Vous n’avez pas l’air tellement épuisé et
vous montez encore sans peine les deux étages du nouvel évêché.
L’économe peut faire encore quelques économies
avant d’envisager l’installation d’un ascenseur.
Vous avez encore du souffle. Célébrer 10
ans d’épiscopat c’est faire une halte gratuite, non
pas tellement pour mesurer le chemin parcouru ou prospecter la
route qu’il reste à faire, mais simplement rendre
grâce du don que le Christ ne cesse de nous faire. Avec
nous vous êtes chrétien, pour nous vous êtes évêque,
signe du Christ pasteur qui guide et accompagne son peuple, donnant
et se donnant lui-même, pour que nous ayons la vie, la
vie en abondance. Cette vie elle ne vient pas de vous, elle passe
par vous, pour nous rejoindre.
Père,
vous n’êtes pas l’évêque idéal.
Cela ne tient pas à votre personne ou à vos capacités
humaines. Vous n’êtes pas l’évêque
idéal comme il n’y a pas de curé idéal,
de conjoint idéal, de communauté idéale,
de situation idéale. Il n’ya que des personnes et
des situations réelles qu’il ne nous faut pas rêver
ou imaginer autres. Vous êtes notre évêque
par don du Christ avec, comme vous le disiez à l’aube
de votre épiscopat, ce que vous êtes et qui vous
a façonné humainement et spirituellement. Merci
de ce que vous faites avec et pour nous, mais plus encore, merci
pour ce que vous êtes. Continuez à nous aider et à nous
conduire pour qu’ensemble vous avec nous, vous pour nous,
nous puissions, prêtres, diacres, consacrés, laïcs,
donner aujourd’hui par notre vie des signes de l’Espérance
que Dieu met en nos cœurs.
Merci, Père, Ad multos
annos. |
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