C'est l'évêque Antoine de Guiramand qui fit bâtir
cette église entre son château (à l'emplacement
de l'actuelle prison) et la Tour de l'Horloge. Les travaux, confiés
à un maçon de Barcelonnette, Antoine Brollion, furent
entrepris en 1490 et ne furent achevés qu'une dizaine d'années
plus tard. Bien que dans son état actuel l'église
soit plus un monument du dix-neuvième siècle que de
la fin du quinzième siècle, elle porte cependant encore
témoignage d'un implantation de l'art gothique en Haute-Provence.
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Pourquoi Saint-Jérôme ? Parce qu'une relique de ce
saint avait été confiée à l'évêque
Antoine de Guiramand. En ce temps des débuts de l'imprimerie
où l'on éditait la traduction latine de la Bible par
saint Jérôme, celui-ci jouissait d'une grande popularité.
Orientée nord-sud pour répondre à la configuration
du rocher, l'église était, à l'origine, de
petites dimensions.
Des chapelles latérales lui furent ajoutées au dix-septième
siècle, mais c'est surtout au siècle dernier qu'elle
fut remaniée et agrandie. La Révolution ayant fermé
les nombreux couvents de Digne, dont les chapelles servaient d'églises
de quartier, elle était devenue trop petite pour contenir
les fidèles.
Déjà sous la Restauration Mgr de Miollis avait envisagé
son agrandissement et son embellissement. Ce fut son successeur,
Mgr Sibour (plus tard archevêque de Paris) qui prit l'initiative
des travaux. Décidés en 1843 et déclarés
d'utilité publique le 17 janvier 1845, ceux-ci furent réalisés
de 1846 à 1862 sur des plans établis par l'architecte
parisien Antoine Bailly.
Deux architectes de Digne, les frères Raymond, furent successivement
chargés de surveiller ces travaux confiés d'abord
à l'entrepreneur dignois Pascal Arnaud, jusqu'en 1851, puis
à Maurin, le même architecte qui aurait construit la
Major à Marseille.
On utilisa de la pierre de Baudinard (sur la rive gauche du Verdon),
de Forcalquier, de Manosque et, plus près de Digne, des Dourbes
et de Marcoux. Quant au tuf nécessaire à la construction
des voûtes, il fut amené du domaine de Saint-Benoît,
aux portes de Digne. La nef fut alors allongée d'une travée
et l'on édifia une nouvelle façade dans un style néo-gothique
qui se voulait à la manière du treizième siècle.
On construisit un parvis et un escalier monumental et, pour donner
plus d'élan aux voûtes et éviter un encombrement
d'escaliers, on abaissa le sol de 2,50 m à l'intérieur
de l'église. On profita de ces travaux pour ajouter deux
chapelles latérales à l'est de manière à
avoir une église symétrique.
À l'ouest, en effet, une enfilade de chapelles ouvrait sur
le bas-côté et le doublait, alors qu'à l'est
n'avait été construite qu'une seule chapelle, au dix-septième
siècle, contre le mur du clocher, au sud de celui-ci, et
dans son alignement (en raison de la configuration du sol et de
l'existence d'un puits, le puits de Saint-Jérôme).
On fit donc une chapelle à l'emplacement de ce puits, après
l'avoir recouvert, entre le clocher et la sacristie; et une autre
au sud de celle qui existait déjà. L'allongement de
la nef entraîna aussi le prolongement des chapelles de part
et d'autre de l'église.
Église épiscopale durant plusieurs siècles,
Saint-Jérôme a été classée
monument historique le 30 octobre 1906 et érigée en
cocathédrale le 31 juillet 1962.
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