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Le chanoine Eugène Pélissier est né le 26
janvier à Allos, il est issu d'une famille nombreuse parmi
laquelle on compte deux prêtres : un frère, Juvénal,
qui devint curé de Thorame-Haute et un oncle, Esprit, qui
mourut au poste de vicaire général. Après des
études où se manifestèrent sa vive intelligence
et sa personnalité marquante, il est ordonné prêtre
le 1er mars 1889 et nommé tout de suite curé de Baumelle,
petite paroisse proche de son pays natal. Il y reste trois ans puis
est nommé à Barcelonnette en 1893.
Dans un premier temps, il est vicaire du curé Reynaud puis
du curé Chabot. Il participe déjà aux réunions
du comité de reconstruction de l'église présidé
par Eugène Lions et soutient activement le projet qui le
mènera à réaliser la grande œuvre de sa
vie. Dès 1922 il est nommé curé de Barcelonnette.
Est-ce son humilité, l'effroi devant de nouvelles responsabilités,
le regret de devoir quitter la fonction de vicaire qui lui laissait
les coudées plus franches ? Il fallut une lettre du vicaire
général qui le convoquait à Digne et un long
entretien à l'évêché pour lui faire accepter
cette nomination. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette
insistance des autorités de l'époque.
Pendant cinquante ans, le chanoine Pélissier administra
la paroisse en donnant la preuve d'un parfait dévouement
aux âmes. Il développa son intelligence et ses connaissances
par un travail assidu.
Mais là où il a donné la grande mesure de
sa très forte volonté, de son labeur incessant, de
son intelligence, de son dévouement, c'est dans la construction
de l'église de Barcelonnette. Rien n'a échappé
à ses investigations, il a tout étudié et tout
connu, après avoir recueilli des sommes considérables.
Si de nombreuses entreprises ont œuvré avec compétence,
si de nombreuses personnes très qualifiées ont donné
de leur temps, c'est bien le curé Eugène Pélissier
qui fut l'âme de ce chantier. Cet homme savant, cultivé
et rigoureux dans sa foi, ce curéintransigeant dans l'exercice
de ses lourdes responsabilités, ce prêtre qui avait
une si haute idée de l'Église, n'a cessé d'inspirer
la réalisation de ce projet qui lui tenait tant à
cœur. En témoignent des lettres, graphiques et dessins
si nombreux qu'il envoyait au moins une fois par semaine aux divers
responsables du chantier.
Un chanoine de Gap lui a offert un livre avec la dédicace
suivante : Au confrère, à l'historien, à
l'archéologue. C'est en effet à Rome, Ravenne,
Gap, Embrun et dans tant d'autres lieux chargés d'histoire
qu'il s'est plu à trouver l'inspiration pour le plan et la
décoration de l'église.
Mais en 1928, au jour de la dédicace de l'église,
il ne considérait pas sa tâche comme achevée.
Il continua à embellir ce bel édifice et à
veiller à la sauvegarde du patrimoine religieux. Il regretta
beaucoup la désaffection de la chapelle Saint-Maurice et
œuvra avec passion pour la réfection du clocher. Son
presbyrère étant vétuste, il établit
plusieurs projets pour sa reconstruction avec plans et instructions
précises comme à son habitude.
C'était un prêtre très érudit et un
excellent musicien. Son zèle se manifesta en particulier
pour la diffusion de la « bonne presse », nom donné
à la presse catholique de l'époque. Ce grand organisateur
était un homme de piété. Très marqué
par l'enseignement religieux reçu dans sa jeunesse, il avait
une haute opinion des devoirs chrétiens et ne manquait jamais
de rappeler avec vigueur la vocation commune de tous les chrétiens
à la sainteté comme le témoignent les recueils
d'annonces paroissiales de 1927 à 1940, pieusement répertoriés
et conservés aux archives du presbytère.
Jusqu'au bout il exerça son ministère de pasteur
malgré un court passage à l'hôpital de Barcelonnette
le dernier hiver. C'est dans son presbytère qu'il rendit
son âme à Dieu le lundi 22 février 1943. Il
est inhumé dans le caveau.
Il n'est que justice de lui rendre hommage. Il a marqué
toute une génération de barcelonnettes. Il a tellement
œuvré pour les personnes et pour les biens. Il avait
le tempérament rude des hommes de montagne et il n'a pas
toujours été compris et apprécié à
sa juste valeur. Aujourd'hui nous nous souvenons de sa fidélité,
de son ardeur au travail, de son sens du service, de son désir
de grandeur pour tout ce qui concerne la foi et de son amour de
la beauté. N'hésitons pas, en faisant mémoire
de ce grand homme et de ce saint prêtre, à suivre ses
traces et à continuer son œuvre.
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