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L'église Saint-Pierre
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L'installation de
François Marot, curé,
le 24 septembre 2006 |
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 Lisez
la vie du chanoine Eugène Pélissier
On parie de la fondation de Barcelonnette, en 1232, par le comte
de Provence, Raymond Béranger V. Ce n'est peut-être
qu'une reconstruc-tion d'une précédente ville qu'aurait
emportée une crue de l'Ubaye. On peut faire l'hypothèse
que celle-ci était déjà une ville de plan orthogonal,
église en haut du damier (le plus loin des colères
du torrent), que la reconstruction se fit sur un tracé, toujours
orthogonal mais infléchi d'une quinzaine de degrés
pour éloigner le bas de la ville de l'Ubaye, mais que les
fondations de la première église, encore solidement
en place et possédant une valeur symbolique forte, ont été
utilisées pour le nouvel édifice. Celui-ci fut achevé
en 1240. Restaurée puis remaniée au dix septième
siècle, après l'incendie général de
la ville, cette ancienne église de Barcelonnette dédiée
à saint Pierre était dans la lignée des églises
médiévales de la vallée : au départ,
une nef unique, orientée, qu'avaient développée
ensuite latéralement des chapelles particulières,
et même, tardivement, un grand auvent au sud, sur la place,
qui abritait occasionnellement le marché aux grains. Le clocher
carré, lui aussi dans la tradi-tion de la vallée,
vit en 1860 sa flèche remplacée par un campanile (cage
à cloche en fer forgé), entouré de quatre pyramides
et portant haut (35 mètres) une vierge en métal doré.
Mais Barcelonnette du début du vingtième siècle,
en pleine fièvre de l'émigration au Mexique, juge
la vénérable église trop petite et en trop
mauvais état : en 1912, on décide la reconstruc-tion
de l'église. Le chanoine Pellissier, vicaire puis curé
de la paroisse de 1893 à 1943, en est la cheville ouvrière,
aidé par un comité créé à cet
effet.
Le maître de l'ouvrage et l'architecte Bouhant ont été
très exigeants dans le choix des matériaux et la façon.
Ils désiraient que rien ne fut médiocre dans la structure
et l'ornementation. Il fallait un édifice vaste (1000 mètres
carrés), simple, robuste et adapté au climat. Pour
avoir plus de place, la nouvelle église fut tournée
vers le nord, débordant au-delà de l'ancien rempart.
Seul le clocher du précédent édifice fut conservé.
Le dessin de la nouvelle façade trouve son inspiration dans
l'art roman (tympan avec le Christ en gloire et les quatre vivants
de l'Apocalypse identifiés par la tradition chrétienne
aux quatre évangélistes). La toiture à deux
grandes pentes était capable de supporter les plus fortes
neiges.
L'espace intérieur est remarquablement ample et aéré,
en même temps qu'est affirmée la puissance de la pierre
: large nef centrale et deux nefs latérales qui se développent
sur six travées. Les voûtes reposent sur douze colonnes
peu massives et de facture différente (marbre de Maurin,
pierre de Serenne...). Des chapiteaux non figuratifs ornent le sommet
des piliers. Un vaste chœur surélevé occupe une
abside et la première travée de l'église. Enfin,
une tribune occupe la dernière travée de la nef centrale
et porte les orgues qui épousent la forme de la rosace. Au
fond de l'église, côté ouest, ornant le mur
des fonts baptismaux, se trouve une peinture de Moïse faisant
jaillir l'eau du rocher. À droite des fonts baptismaux, est
suspendu un tableau de Notre-Dame de Guadalupe, vénérée
au Mexique.
La première pierre, bénie en 1924 est encastrée
à la base du pilier gauche du chœur; elle porte en latin
l'inscription suivante:
« En l'honneur de Notre Seigneur Jésus Christ, de la
Bienheureuse Vierge Marie, de saint Pierre aux liens, patron de
cette église, extraite du rocher de Serenne, m'a posée
Monseigneur Jorcin, évêque de Digne, l'an du Seigneur
1923, mois d'août, jour troisième.»
L'église fut consacrée quatre ans après, le
5 août 1927.
Plusieurs éléments remarquables du décor sont
à retenir. La grande mosaïque de la demi-coupole de
l'abside, emprunt à la tradition byzantine.
Elle représente le Christ en gloire entouré des apôtres
Pierre et Paul. Le chemin de croix, dont les quatorze stations sont
réparties dans l'ensemble de l'église est également
en mosaïque. La chaire, située sur la droite, à
la césure de la deuxième et troisième travée,
vient du couvent des Dominicains.
Parmi les différents autels présents, l'autel dédié
à saint Joseph provient de l'ancienne église où
il était placé face à la porte des hommes.
Entièrement en bois, il est surmonté d un vaste retable
sculpté et doré.
En face, un retable provient de la chapelle Saint-Maurice qui a
été démolie lors de la reconstruction de l'hôtel
de ville. Sa toile représente la Vierge du Rosaire ; dans
le tond, on aperçoit l'ancien couvent des Dominicains.
Près du chœur deux autels latéraux ont été
construits spécialement pour l'église actuelle L'autel
de gauche, en regardant le chœur, est dédié au
Sacré-Cœur (culte qui a connu un fort développement
à la fin du dix neuvième et au début du vingtième
siècles), celui de droite à Marie. Leurs statues surmontent
les autels.
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En moins de cent cinquante ans (1793-1934), Barcelonnette a perdu
ses quatre anciennes églises, et n'en a renouvelé
qu'une seule : l'église paroissiale Saint-Pierre. Les églises
suivantes étaient présentes sur le plan de Barcelonnette
de 1677 établi à la demande du duc de Savoie:
A. L'église paroissiale du treizième siècle
: son clocher-tour carré ici est couronné d'une toiture
à panneaux bombés, à la manière savoyarde.
B. La chapelle du couvent des Dominicains, fondé au début
du quatorzième siècle.
À l'époque baroque, son mobilier s'était enrichi
de pièces magnifiques, dont on retrouve certaines ici et
là dans des églises paroissiales delavallée.
(LeLauzet, Barcelonnette, Tournoux...)
C. La chapelle du collège, qui est bâtie depuis à
peine trente ans lorsque ce plan est dessiné. Sa destruction
en 1934 a été pour le patrimoine baroque de la vallée
de l'Ubaye une perte inestimable.
D. La petite chapelle des pénitents, avec des fenêtres
haut percées, selon les prescriptions tridentines.
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Église Saint-Pierre : Le tombeau du maître-autel
est sculpté à la manière d'un sarcophage arlésien.
La façade, affirmant fortement la pierre, tour à tour
rugueuse, dégrossie, finement ciselée.
L'espace intérieur, très aéré par la
légèreté des colonnes et le dessin tendu des
arcs. On peut regretter l'église médiévale
perdue, mais la nouvelle église de l'architecte Bouhant et
du chanoine Pellissier a une réelle force,
Le tombeau de l'autel du retable baroque vient de la chapelle Saint-Maurice.
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La chaire, venant de la chapelle des Dominicains, est également
baroque. Le chien tenant dans sa gueule un flambeau et l'étoile
font allusion à un rêve que la mère de Dominique
aurait eu pendant sa grossesse, annonçant ce Domini conis,
« chien du Seigneur » que serait son fils, chien de
garde de l'Église contre les hérétiques. La
devise, FAVCE ET FACE, « par la voix et par la lumière
», est une belle illustration sonore et lumineuse de l'image
du chien en même temps que du but premier des
Dominicains: la prédication.
Ce texte est tiré de :
Patrimoine religieux de la vallée de l'Ubaye,
Association pour la mise en valeur du patrimoine civil et religieux
de la vallée de l'Ubaye,
Association Sabença de la Valeia (amis du musée de
la Vallée) 2002
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