L’installation à Faucon
La confrérie de la Sainte Trinité s’établit
en juillet 1644 dans la paroisse de Faucon. En septembre 1661, les
pères de la Sainte Trinité demandent au duc de Savoie
Charles Emmanuel l'autorisation de fonder un couvent de leur ordre.
Ils obtiennent l’accord le 3 octobre 1661. L’accord
du conseil général leur est donné le 15 janvier
1662.
Enfin le vicaire général d'Embrun donne son accord
le 13 mars 1662. Mais les pères de Saint Dominique, établis
à Barcelonnette, s'opposent au projet qui pourrait nuire
à leurs intérêts. Toutefois le grand vicaire
général donnera l'autorisation malgré tout.
Il y aura un retard dans l'exécution à cause de la
peste de 1664.
Le 4 avril 1668, le père Clément prend
possession de la chapelle des Pénitents mise à la
disposition des Trinitaires en attendant la construction du couvent.
Il s'agit de l'ancienne chapelle derrière la tour maintenant
salle des fêtes.
Le 29 juin 1668 une croix est mise en place devant la chapelle,
officialisant ainsi la prise de possession. Le 26 mars 1672 débute
la construction d'un petit couvent et d'une église provisoire.
Le 17 décembre 1672, l'église est bénie par
messire Pascalis, official de Barcelonnette et une première
messe y est célébrée.
Les reliques de Saint Jean de Matha (os du pouce) sont transférées
de l'église de Faucon à l'église des Trinitaires
le 26 août 1674.
La première pierre du couvent actuel est posée
le 9 juin 1675. Les travaux seront achevés le 15 octobre
1684. Les nouveaux locaux sont solennellement bénis le 1er
novembre 1684 et la communauté religieuse s’y installe.
De nombreuses querelles naissent entre le curé de Faucon
et les religieux surtout au sujet des enterrements dans le couvent
qui privent le clergé des messes et des cierges.
Le 5 mai 1690, le couvent est rattaché à la province
italienne sous le titre de Saint-Jean de Matha. Il sera ensuite
rattaché à la réforme Trinitaire espagnole
le 20 novembre 1705.
Après le traité d'Utrech, en 1713, les pères
Mathusiens veulent soumettre le couvent de Faucon à leur
juridiction.
La construction de l'église actuelle débute
en 1735. Le clocher sera ensuite construit vers 1862.
En 1778, Le pape Clément XIV prononce la réunion des
Trinitaires aux Mathusiens, et le 13 février 1790, la révolution
met les biens du clergé à la disposition de l'État,
ainsi, le couvent est supprimé le 7 mai 1790. Il est vendu
le 26 juin 1791 pour 13.000 francs à la famille de Hyacinthe
Manuel de Faucon.
Le père Antoine, ami personnel du prince romain
Alexandre Torlonia, demande à ce dernier, 22 septembre 1851,
de racheter le couvent pour y rétablir une communauté
religieuse. En décembre 1852, le prince Torlonia achète
le couvent à la famille Manuel.
En décembre 1858, une convention est signée entre
le prince Torlonia et le révérend Père Antoine
qui s'engage à entretenir le couvent et à payer impôts
et taxes (contrat d'emphytéose de 99 ans). Le 15 septembre
1859, une cérémonie officielle est célébrée
pour la prise de possession du couvent avec la participation de
l'évêque de Digne et de soixante douze prêtres
de la vallée. Trois religieux italiens s’y installent.
En décembre 1860, après le départ
des trois religieux italiens, le père Calixte prend la direction
et la responsabilité de la maison de Faucon.
Le Père Calixte, qui avait aussi la charge de curé
de la paroisse du pays depuis la fin 1863, quitte le couvent le
28 janvier 1867 pour aller restaurer le couvent de Cerfroid. Il
laisse la charge au frère Bonaventure. Le père Silvestre
arrive au couvent le 15 mai 1870.
En raison de la guerre avec les prussiens, le père Silvestre
est obligé de quitter Faucon fin août 1870 en laissant
le Frère Bonaventure. Le couvent est occupé par les
gardes mobiles le 18 janvier 1871. Le 30 août 1871, le Père
Sivestre rentre à Faucon. Il y restera jusqu'en 1878. Les
pères Michel et Félix arrivent au couvent en mars
1875.
Le 13 novembre 1880, il y eut nouvelle tentative de
suppression du couvent. Après avoir enfoncé les portes,
les commis du gouvernement laissent les religieux en qualité
de gardiens, les biens appartenant au Prince Torlonia, mais apposent
des scellés interdisant l'usage de l'église au culte.
Il s'ensuit des lettres de protestation du prince Torlonia au sous-préfet
de Barcelonnette, à l'ambassadeur de France auprès
du Saint Siège. On ne sait comment le différend a
été réglé, mais l'église fut
réouverte pour les fêtes du septième centenaire
de l’ordre, du 28 au 30 juin 1898.
En 1900, comme il n'y a au couvent que des pères
étrangers, le sous-préfet refusant de les naturaliser,
il leurs signifie le 12 mars un arrêté d'expulsion.
Après ce départ le couvent est laissé par le
prince Torlonia à la disposition du curé de Faucon
pour établir une maison de sœurs, gardes-malades (avec
charge de payer les impôts et réparations) en attendant
de le rendre à sa destination première. Le 30 septembre,
cinq religieuses Trinitaires de Sainte-Marthe de Marseille arrivent
au couvent.
La statue de Saint Jean de Matha est inaugurée sur la place
de Faucon le 9 octobre 1904.
Le vingtième siècle
Le 28 mars 1905, les sœurs sont rappelées à Marseille
par leur ordre. Le couvent et ses dépendances sont de nouveau
confiés au curé de Faucon par le prince Torlonia.
Entre 1940 et 1944, le couvent est réquisitionné par
le gouvernement français, le couvent appartenant à
des citoyens étrangers d'une nation combattant la France.
En février 1952, il est restitué aux princes Torlonia
avec ses dépendances par l'administrateur judiciaire Paul
Berlie.
Le prince Torlonia confie à nouveau le couvent
au curé de Faucon en juillet 1954.
En décembre 1957, le contrat d'emphytéose de 99 ans
expire. De nouveaux pourparlers sont engagés avec la famille
Torlonia pour renouveler la concession. En avril 1960, le prince
Torlonia renouvelle la concession aux pères Trinitaires dans
les mêmes conditions de 1858.
Les 25 et 26 juin 1960, se déroulent les grandes fêtes
du huitième centenaire de la naissance de saint Jean de Matha.
Le 20 novembre 1962 l'usage du couvent est accordée
aux sœurs Trinitaires de Valence. Elles quitteront définitivement
le couvent le 20 novembre 1977. Pendant ces quinze dernières
années le couvent a été restauré d'une
façon remarquable, surtout par les soins de Sœur Jeanne
l'évangéliste.
Le père canadien André Jean Patry arrive le 30 novembre
1977 pour y faire une expérience.
Le Père Caprarola, secrétaire général
de l'Ordre, accompagné par l'économe général,
le père Bernardino Fratini, se rend à Faucon le 20
juin 1978 pour une autre période d'expérience qui
s'achève positivement le 9 septembre 1978, date de son retour
à Rome.
Le 1er septembre 1978, c’est l’arrivée à
Faucon du père canadien Yves Plourde, pour y rester définitivement,
avec l'intention de faire de la Maison de Faucon un centre de spiritualité.
Le 24 juin 1998, le père Yves Plourde retourne
au Québec. Il est conventuel à Saint-Bruno de Montarville,
tout près de Montréal. À cette même date,
le père Jean-Marc Carbonell lui succède. Il est nommé
ministre de la maison le 7 septembre 1998.
En août 1998, le père Roger Paulin, trinitaire de la
province canadienne, arrive à Faucon en vue d'assurer un
ministère de prédication. Il quitte le couvent en
septembre 2000 pour poursuivre son ministère. Le 10 juin
1999, le frère Dany Boily qui venait de passer huit ans comme
missionnaire à Madagascar est appelé par le père
ministre général à renforcer l'effectif de
notre couvent.
Aujourd'hui, les Trinitaires sont environ six cents
dans le monde et quatre maisons en France sont tenues par une quinzaine
de religieux. La maison de Faucon continue d'accueillir tous ceux
qui veulent vivre un temps de repos et de ressourcement. Le site
s'y prête admirablement. On est libre d'assister ou non aux
offices et moyennant un forfait journalier on a le gîte et
le couvert dans une des vingt-deux chambres.
L'ordre aujourd'hui a créé un organisme
international (le S.I.T.: Solidarité Trinitaire Internationale)
dont le but est de récolter des fonds pour le rachat des
esclaves. En 1998 des dizaines d'esclaves africains ont déjà
été rachetés.
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