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le message du vicaire général

 
                  

Bioéthiqu’info

Quelle éthique pour la bioéthique ?

Alors que viennent de s’ouvrir dans notre pays les Etats généraux de la bioéthique
qui précèdent la révision de la loi de 2004, je propose aux lecteurs d’ « Eglise de Digne »
l’éclairage de l’Eglise catholique dans ce domaine.
C’est une contribution au dialogue et aux échanges qui pourront avoir lieu entre nous,
avec nos élus, avec toute femme et tout homme soucieux de l’avenir de l’homme et de la société.

Père Christophe Disdier-Chave.

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THEMES:  bioéthique ( en complément des textes parus dans Eglise de Digne avril 09 et mai 09)
émission RCF du  7 janvier:  introduction et définition  / 14 janvier: aspect législatif   / 21 janvier:  questions de fond  / 28 janvier:  la dignité, d'où vient - elle ? 

 mai  2009   .                         
 
 

Le point de vue de l’Eglise catholique en matière bioéthique

 

Son point de vue n’a pas pour point de départ la foi mais la raison c'est-à-dire des principes que tout homme animé d’une conscience droite peut découvrir et partager. J’en listerai 5 (mais je suis conscient qu’il y en a d’autres).

 

. La reconnaissance inconditionnelle, et donc le respect, de la dignité de la personne à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Ce respect implique le refus de toute exploitation et instrumentalisation de l’être humain.

 

. Le caractère spécifique de la procréation humaine, fruit de l’union des cœurs et des corps, qui n’est pas seulement un acte biologique.

 

. La responsabilité de l’humanité envers les plus faibles de ses membres.

 

. L’égalité dans le principe d’humanité. Cette égalité risque d’être remise en cause par certains progrès médicaux qui mettent en place des seuils d’humanité : humanité surnuméraire issue de l’AMP, humanité génétiquement incorrecte objet de dépistage, de tri et de recherche, humanité désirée ou indésirable. Quelle idée de l’homme, de la vie qui « mérite » d’être vécue, quelle solidarité sociale ?....

 

. Le caractère fondateur immémorial, principe civilisateur et facteur de paix social, de l’interdit de tuer. Toute société repose sur des interdits qui sont des interdits fondateurs c'est-à-dire que si on ne les respecte pas, il n’y a pas de vie sociale, il n’y a pas de vie commune possible. La transgression de ces interdits fondateurs introduit anarchie, confusion, violence et rend donc impossible l’existence du groupe. « La loi garantit le respect de la vie depuis le commencement » (art. 1, loi du 17/1/1975). Pour certains, jusqu’à un certain nombre de jours, le fruit de la conception ne serait pas une vie humaine personnelle, l’embryon ne serait pas une personne humaine. Or, tout cela, ne justifie pas de transgresser l’interdit de tuer. Hors de toute option philosophique ou religieuse, la science génétique a montré que dès la fécondation se trouve fixé le programme génétique de ce nouvel être. A partir du moment où se réalise la fusion des noyaux des gamètes (ovocyte et spermatozoïde), juste après la fécondation, est constitué un être nouveau. Son patrimoine génétique est constitué et achevé, il ne variera jamais. Certes il a besoin de recevoir d’un autre, sa mère, ce qui lui est nécessaire pour survivre (oxygène, sang, amour) mais il se développe à partir de lui-même. De la fusion des gamètes à la puberté, son organisme s’enrichira par lui-même, sans connaître des ruptures ou des seuils qualitatifs. Il ne devient pas homme ; il jouit pleinement de la nature humaine. Dès lors conférer le statut d’humanité à l’un ou l’autre des moments de la croissance de l’embryon relève de l’arbitraire. Dès la fécondation est commencée l’aventure d’une nouvelle vie qui n’est celle ni du père ni de la mère et qui si on la laisse se développer, deviendra de plus en plus personnelle. L’Eglise catholique affirme : « L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment ont doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent la vie » (EV, n°60). Quel est le rôle de l’interdit : débusquer nos pulsions irrationnelles, les justifications rationnelles que nous pouvons nous donner pour justifier nos comportements. Il nous est rappelé que l’humanité tout entière est concernée par la reconnaissance d’une altérité qui nous précède. L’autre est là et il s’impose à moi. Face à un être qui est au même niveau ontologique que lui, l’homme doit respecter son égalité foncière. Mais je ne considère autrui comme autrui c'est-à-dire comme autre que moi, que si je le laisse s’imposer à moi. En lui quelque chose me dépasse que je ne peux réduire à mes besoins, à mes attentes, à mon point de vue. Si je ne laisse pas autrui apparaître dans cette transcendance, je l’ai déjà tué comme autre, je l’ai ramené à moi, à ce que je suis, à ce que je veux. Mon attitude éthique devant autrui doit être une attitude d’accueil, d’humilité. Hors même de toute foi, autrui représente un espace de transcendance et de sacré qui appelle la piété. Autrui est là comme une exigence absolue de respect. Le respect de l’embryon porte l’exigence du respect au plus haut niveau car la reconnaissance de l’altérité n’y est reconnaissable que sous sa forme la plus germinale : quelques cellules. Mais dans ces cellules est contenu tout le vivant que nous sommes.          (à suivre)

 

 

 

 
   
   
 
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